Comme sa mère avant elle, comme sa grand-mère avant elle, Corrag a été arrêtée pour sorcellerie et devrait bientôt être brûlée vive. En attendant que la neige fonde et que son bûcher soit installé en place publique, elle est détenue prisonnière dans une sombre prison écossaise, dans laquelle on la laisse croupir sans soin et sans considération aucune.
Seul le pasteur Charles Leslie lui rend visite, mais seulement pour servir son propre intérêt : loin de vouloir l'absoudre, il ne la questionne que sur Glencoe, une ville des alentours où des massacres, auxquels Corrag auraient assisté, ont eu lieu récemment. Le clan des Mc Donald, fervents partisans du roi Jacques, y aurait été massacré ; Charles lui-même, soutien du roi Jacques et militant dans l'ombre pour son retour sur le trône, cherche, en questionnant Corrag, à trouver des pistes qui lui permettraient d'accuser Guillaume et de le faire destituer.
Or, bien heureuse de trouver une oreille pour l'écouter, Corrag décide de raconter sa vie tout entière à Charles, et pas seulement les massacres. Elle lui conte son enfance, sa fuite vers les Highlands, sa cabane dans la montagne, les soins qu'elle prodigue aux malades et sa rencontre avec Alasdair, l'homme qu'elle a tant aimé.
D'abord rétif au récit de la supposée sorcière, Charles se laisse bientôt gagner par le charme de son récit...
Voilà un livre dont le sujet m'intéressait beaucoup : bien avant d'avoir ri aux éclats avec les mésaventures des sorcières qui flottent ou ne flottent pas dans le film des Monty Python, Sacré Graal !, je me régalais déjà d'histoires de sorcellerie, de possession, de magie.
Dans ce roman, la jeune Corrag est dès sa naissance marquée par le sceau de la sorcellerie, car son prénom mélange à la fois le prénom de sa mère, Cora, et hag, qui veut dire gueuse. De nombreux qualificatifs insultants sont jetés aux oreilles de Corrag, petite fille, à cause des choix de vie de sa mère mais surtout de l'incompréhension de leurs voisins ou des gens qu'elles croisent. Certains sont même capables de mentir et de maltraiter des animaux pour les accuser toutes deux. La mort de sa mère et de sa grand-mère, racontée par Corrag, est saisissante : l'une a été noyée, l'autre pendue, et on réserve le bûcher à Corrag.
Mais selon quelles preuves ? Aucune. En racontant son histoire, on comprendra que Corrag n'est coupable que de vivre différemment, en accord avec les saisons, en osmose avec la nature, les animaux, et en se tenant prudemment à l'écart des hommes et de leurs vices. La seule pratique "magique" qu'elle évoque consiste en soins qu'elle prodigue grâce à la connaissance des plantes et de leurs bienfaits. Les passages de description de ses escapades pour trouver des plantes, pour gagner les Highlands, pour observer les animaux... sont légion et sont emplis d'une vraie poésie.
Pourtant, j'ai été ennuyée par la fin du roman, qui ne m'a guère convaincue : l'histoire d'Alasdair et Corrag reste sous-développée, alors qu'on s'attend à une folle intrigue amoureuse. Les massacres de Glencoe, dont le récit est attendu pendant la grande majorité du roman, sont expédiés bien rapidement, et l'on ne saura pas vraiment si le révérend Charles Leslie aura tiré profit de ses entrevues avec Corrag. Les 450 pages du roman manquent cruellement d'actions(s), mine de rien. Pour moi, c'est un peu dommage...
Merci à Silvana, des éditions J'ai Lu, pour la découverte de la belle écriture de Susan Fletcher malgré tout !
Petite Fleur et Theoma ont toutes deux lu ce roman.