Prenez un fauteuil, un coussin, une tasse de thé : Neph s'occupe du reste et vous parle sur son blog de livres et de films, au gré de ses découvertes...
Au printemps 1969, Eddie de Wire, une jeune Américaine en visite en Finlande chez sa tante, trouve la mort en se noyant dans un lac. Quelques années plus tard, Sandra et Doris, deux petites filles qui grandissent un peu comme des laissées pour compte, se fascinent pour le mystère de la fille américaine et se lancent dans un jeu aux conséquences funestes qui les dépassent bien vite.
Voilà une lecture à laquelle je n'étais pas préparée : si le synopsis me plaisait et que je me faisais une joie de retrouver en mots la Finlande visitée l'hiver dernier, je ne m'attendais pas à ce que Monika Fagerholm nous a réservé avec La Fille imaginaire.
Toile de fond du roman, la Finlande qui nous est décrite n'a rien à voir avec la Finlande touristique. La région, très marécageuse, est désignée par des appellations fort peu attirantes : "le Coin" et "la partie boueuse" sont les deux secteurs privilégiés de l'action et recèlent de bois, d'étangs et de lacs à n'en plus finir. C'est dans cette nature, peu clémente bien que l'histoire se déroule principalement en été, que les personnages vagabondent, déambulent sans fin, à un point qui semble effrayant pour le lecteur.
Pas un des personnages ne semble à ce propos être très sain : les parents des uns et des autres, étouffants ou irresponsables, perdent tous pied au cours du roman et ne réussissent pas à garder saufs leurs enfants.
Ce sont bien les enfants, depuis le début de leur adolescence jusqu'à leur (presque) entrée dans le monde pas enviable du tout des adultes, qui se lient et se fâchent tout au long du roman et en sont l'intérêt principal. Les jeux d'enfants, qui n'ont d'enfantin que le nom, sont les moteurs d'une histoire dont on sait dès le prélude qu'elle finira mal, par la mort ou la folie de chacun.
Au fur et à mesure de la première partie se dessinent les personnages et l'impression d'un drame pré-déterminé, d'un drame qui devait arriver se renforce. On lit La Fille américaine avec la sensation troublante que tous ces personnages flottent dans le monde sans y appartenir et n'avaient pas leur place dans ce monde trop concret pour eux... La lecture se révèle dérangeante et le poids de ces vies difficiles d'enfants trop sombres est, lui, un peu lourd à porter. Pfiou.