C'est pour acheter un lit à clous que le fakir Ajatashatru Lavash Patel débarque un jour à Paris et prend un taxi direction le magasin Ikea le plus proche. N'ayant en poche qu'un faux billet de cent euros imprimé sur une seule face, il piège le chauffeur de taxi qui, dès lors qu'il se rend compte de la mauvaise plaisanterie, n'a de cesse de vouloir le retrouver et de le faire payer, au sens propre comme au figuré ! Mais, pendant ce temps, Ajatashatru se retrouve enfermé dans une armoire pour avoir voulu dormir dans le magasin puis échapper aux vendeurs. Il prend la route de l'Angleterre bien involontairement, enfermé dans un container, avant de mettre le cap sur l'Espagne, l'Italie... Mais il voudrait regagner la France pour y retrouver Marie, croisée à la cafétéria Ikea, et lui déclarer sa flamme.
Parfois, ce n'est pas moi qui fournis des lectures à ma génialissime maman, c'est elle qui se charge de me faire découvrir ce que j'ai manqué ! C'est donc à elle que je dois ma récente rencontre avec Ajatashatru.
Voilà un livre très clairement placé sous le signe de l'humour. Avec ce titre à rallonge, l'auteur nous emmène avec son fakir dans un voyage initiatique tout ce qu'il y a de plus loufoque. Pour ses nombreux lecteurs qui ne seraient pas spécialistes en prénoms indiens, la prononciation du prénom du fakir est illustrée à maintes reprises : "prononcez J'attache ta charrue, la vache", "prononcez Achète un chat roux", '"prononcez J'ai un tas de shorts à trous".
Notre fakir se trouve en plus être une arnaque sur pattes, entre tours de magie, prestidigitation et simples pièges à c*** ! Il réussit à flouer tout son petit monde et à se débrouiller de toutes les situations complexes dans lesquelles il est le roi pour se fourrer.
Toutefois, même si les aventures du fakir à travers toute l'Europe avec quiproquo sur quiproquo nous font sourire à chaque page, le livre est également l'occasion de signaler les rocambolesques situations que vivent les réfugiés et autres clandestins qui sillonnent les routes d'une Europe élargie en espérant gagner un jour les côtes anglaises. Notre fakir les croise lors de son périple et l'on compatit à leur sort, car les autorités les traitent comme des moins que rien et les renvoient dans des pays qu'ils ne connaissent pas.
Romain Puertolas signe là un premier roman à la fois drôle et concerné. Les records de vente de son livre couronnent le succès de cet auteur prometteur, dont la biographie à l'intérieur de la couverture nous apprend qu'il a été successivement "DJ turntabliste, compositeur-interprète, professeur de langues, traducteur-interprète, steward, magicien, avant de tenter sa chance comme découpeur de femmes dans un cirque autrichien." Souhaitons-lui de persévérer encore dans la voie de l'écriture !