Quand l'organiste de l'église qu'il fréquente régulièrement est retrouvé mort, allongé dans une mare de sang, Lionel Kasdan, flic à la retraite, décide de reprendre du service. L'affaire s'étoffe bientôt lorsque les analyses révèlent que la victime serait morte de douleur et que les empreintes de pas trouvées sur la scène de crime s'avèrent être des empreintes d'enfants... Kasdan se voit rejoint par Cédric Volokine, enquêteur à la Brigade des Mineurs et spécialiste des cas de pédophilie, qui voit dans ces traces de pas la possible marque d'une histoire de vengeance. Mais Kasdan et Volokine se retrouvent entraînés dans les méandres d'une organisation bien plus complexe que ceux qu'ils sont en mesure d'imaginer...
Six ou sept ans s'étaient sûrement écoulés depuis ma dernière lecture d'un Jean-Christophe Grangé, mais il ne m'a pas fallu plus d'une vingtaine de pages pour retrouver l'ambiance si particulière aux romans de l'auteur.
Le tableau commence déjà en la personne de l'enquêteur principal, Lionel Kasdan : présenté comme un Arménien d'une soixantaine d'années, au visage buriné et marqué par les stigmates de ses expériences passées en tant que flic et militaire, il n'est pas sans évoquer au lecteur le choix de Jean Reno, qui incarnait au cinéma le héros des Rivières pourpres, premier succès de Grangé.
Le roman dévoile au fur et mesure de l'avancée de l'enquête des parts sombres de la vie passée de Kasdan : d'abord présenté comme un veuf bien débarrassé de sa femme qu'il n'aimait plus, il apparaît finalement comme traumatisé par les circonstances de la mort de celle qui fut son épouse pendant des années ; si on le voit en parallèle en prise avec les souvenirs de sa carrière militaire, qui consistent en des flashs ou des rêves violents de massacres, on finit par comprendre qu'il n'en fut pas l'instigateur mais une victime indirecte.
De la même manière, Volokine lui aussi révèle un profil particulier : la première scène dans laquelle il apparaît le montre en prise avec ses démons intérieurs puisqu'il lutte contre le manque d'héroïne en cure de désintoxication.
Ainsi, Volokine, flic surdoué, beau mec, junkie en rémission, et Kasdan, vieux flic torturé et hanté par des souvenirs traumatisants, s'associent pour mener une enquête tout sauf officielle et usent de méthodes pas toujours recommandables.
Le meurtre de l'organiste, problème inaugural du roman, est vite suivi d'éléments problématiques qui confèrent à l'enquête un tour effrayant : la cohorte d'enfants tueurs qui officieraient en costumes en vogue à l'époque de la Seconde Guerre Mondiale m'a plus d'une fois donné des frissons... Plus l'enquête avance, plus l'ensemble se corse, sans jamais toutefois tourner au ridicule. On avance et on s'enfonce dans la complexité, dont l'acmé se révèle être l'implication possible d'anciens nazis responsables de tortures en Amérique du Sud et qui seraient venus perpétuer leurs horreurs en France.
Les 635 pages de l'édition de poche de Miserere m'ont tenue en haleine plusieurs jours ; j'étais heureuse, attachée à Volokine et aux affres d'une enquête terrible, que le livre ne soit pas plus court (même si la fin ne m'a pas autant convaincue que le reste)...
Par ici, les avis de Stephie et Miss Alfie.