En 1934, dans l'extrême sud du Chili, Paolo, un petit garçon, vit avec ses parents au milieu de nulle part. Angel, un bandit recherché par la police, débarque un jour chez eux et tue les parents, de crainte qu'ils ne le dénoncent ou refusent de l'héberger. Mais il garde le garçon auprès de lui, et un étrange lien se noue entre eux, qui les amènera à se soutenir et peut-être à s'aimer, même lorsque le passé d'Angel le rattrape.
Je ne connaissais pas le roman d'Anne-Laure Bondoux lorsque cette BD m'est tombée dans les mains, mais ce sont ses mots qui ouvrent le travail de Thierry Murat : elle explique les raisons de leur collaboration et l'admiration qu'elle porte à son travail.
L'histoire contée dans cet ouvrage commence sous un angle absolument terrible : le petit garçon est spectateur de la mort de ses parents, et il ira même jusqu'à devoir tenir la lanterne dont a besoin Angel pour les enterrer !
Angel n'a rien d'un enfant de choeur, et on ne saura jamais vraiment quel lourd fardeau il traîne derrière lui. On ne verra d'ailleurs pas ses yeux, de sorte qu'il reste très extérieur au monde de Paolo.
Ce que j'ai trouvé si touchant, c'est la proximité qui se construit entre l'homme et le petit garçon. Elle se traduit par un très beau travail sur la distance entre les corps et le rapprochement progressif des deux.
Le travail sur les couleurs est à la fois d'une grande sobriété et d'une douceur qui efface les maux des personnages. Les teintes de bleu propres à la nuit ou de jaune crépusculaire baignent tout l'album, et donnent aux images des airs de photographies, renforcés par le grain du dessin.
L'aspect documentaire de l'ouvrage est net lorsqu'une des ces quasi-photographies occupe une pleine page, comme si l'on avait sous les yeux une carte postale d'époque.
Je termine cet article sur la vignette qui m'a le plus touchée, et que je trouve emblématique de la relation très forte entre Paolo et Angel :
Il s'agit là, grâce à Mango, de ma participation aux