Prenez un fauteuil, un coussin, une tasse de thé : Neph s'occupe du reste et vous parle sur son blog de livres et de films, au gré de ses découvertes...
L'hiver, rude, s'est abattu sur Ropraz et le massif du Haut-Jorat, dans le canton suisse de Vaud. En 1903, aucun progrès du confort moderne ne vient adoucir l'isolement et la claustration forcée des habitants de Ropraz, qui vivent dans une réclusion quasi-totale et marquée par la peur et la méfiance. Alors, lorsque le corps mort de la jeune Rosa Gillieron est exhumé la nuit suivant son enterrement et meurtri à de multiples endroits, la psychose collective débute. Dans les campagnes, on aimerait pouvoir lyncher l'horrible coupable, qui reste pourtant introuvable tandis que deux autres profanations de corps et de sépultures ont lieu coup sur coup. On arrête pourtant un jour Charles Favez pour maltraitance envers des animaux, avant de l'enfermer. Une douzaine d'années plus tard, Favez réussit à se faire oublier... mais jusqu'à quel point ?
Il est des livres qui vous suivent : ce Vampire-là, je l'avais repéré chez Pimprenelle il y a presque trois ans maintenant ! Il n'a pourtant croisé ma route que le week-end dernier... Ma déception post-lecture est peut-être d'autant plus grande que l'attente avait été longue !
De manière plutôt claire, le Haut-Jorat vaudois de Chessex, c'est la montagne enneigée qui coupe du reste du monde ses habitants chez Giono dans Un Roi sans divertissement. Chez Chessex toutefois, le sordide n'est jamais loin, et jamais le décor n'est poétisé ou personnifié. D'ailleurs, il est même évacué au profit de l'horreur, comme une circonstance atténuante aux crimes les plus abjects : "Dans ces déserts, le symptôme du vampire durera tant que cette société sera victime de la crasse primitive : saleté des corps, promiscuité, isolement, alcool, inceste et superstition qui infestent ces campagnes et créeront d'autres foyers d'exactions sexuelles et d'horreur sans merci."
Pourtant, même si j'apprécie le glauque en terme de thrillers, ce livre-là n'était pas loin de me mener à la nausée. Nécrophilie, pédophilie, zoophilie, tout y passe et mon coeur, que j'ai pourtant bien accroché, n'a pas apprécié les détails donnés par Chessex qui, loin d'écrire un roman, raconte ce fait d'hiver* comme une chronique.
Seule la fin, qui établit une possibilité fort dérangeante quant à la postérité de Favez, m'a réconciliée avec le livre, que je n'étais pas loin d'abandonner et que je n'ai terminé qu'à cause de sa brieveté. Comme d'habitude, avant de voir si je décide d'aimer ou non Chessex, il me faudra lire un deuxième ouvrage du sieur en question. Ca tombe bien, son Goncourt attend dans ma PAL !
*Oh, ça va, j'ai survécu à ma lecture, j'ai bien le droit à un jeu de mot tout pourri...