Colombe Schnek a donné en 2003 le beau prénom de Salomé à sa fille, en se souvenant ensuite qu'un jour sa mère lui avait demandé de le faire. Décédée depuis deux ans au moment de la naissance de Salomé, la mère de Colombe Schneck avait évoqué quelques années auparavant et très brièvement le souvenir de Salomé Bernstein, fille de l'une de ses tantes, gazée à Auschwitz alors qu'elle n'était qu'une toute petite fille.
C'est en regardant sa fille grandir que Colombe Schneck décide de s'intéresser à la courte vie de Salomé Bernstein, pour essayer de comprendre comment la mère de celle-ci a pu survivre après la mort de son enfant et revenir à la vie une fois revenue de déportation.
Le livre permet à l'auteur de retracer son histoire familiale. Augmenté de rares photos qui donnent un vrai poids aux mots de Colombe Schneck, le souvenir de Salomé, de sa mère, de ses tantes revit grâce aux témoignages collectés au fil de ce qui s'apparente à une véritable enquête.
La réflexion qu'enclenche Colombe Schneck est troublante : devant les soldats nazis, Salomé a été prise dans les bras de sa mère par sa grand-mère Ginda, qui s'est portée volontaire en sachant pertinement qu'elle serait menée à la mort avec elle. Comment la mère de Salomé, Raya, a-t-elle pu laisser partir sa mère et sa fille et oser choisir le chemin de la (sur)vie ?
Toutefois, ce livre ne m'a pas aussi émue que ce à quoi j'aurais pu m'attendre a priori. Je crois que cela tient à la place occupée par l'auteur elle-même dans son livre. Ainsi, je me suis étouffée à la lecture de "Je veux tout savoir mais j'ai préféré passer l'après-midi au bord de la piscine du Hilton de Tel-Aviv que de faire les deux heures de route pour aller le voir", lorsqu'elle évoque sa rencontre avec son cousin Yoav. L'indécence d'une telle remarque m'a choquée, car elle ne s'accompagne d'aucune remise en question : c'est un simple constat de sa part. Privilégier son petit confort pendant un voyage entamé pour découvrir le sort de ses courageuses aïeules est un détail mais je n'ai pu passer outre.
Je regrette donc les réflexions de ce genre qui signalent parfois le manque d'empathie de l'auteur, que l'on sent concernée... mais de loin. Dommage pour un sujet aussi sensible que celui-là.
Je remercie toutefois l'équipe J'ai Lu pour leur confiance une nouvelle fois renouvelée !