Prenez un fauteuil, un coussin, une tasse de thé : Neph s'occupe du reste et vous parle sur son blog de livres et de films, au gré de ses découvertes...
C'est avec appréhension que Nicolas a accepté de partir en classe de neige, et cette appréhension le rattrape à toute allure quand son père, qui a tenu à l'accompagner en personne à la montagne pour des questions de sécurité, part sans lui avoir donné la valise contenant toutes ses affaires. Lui à qui il arrive de faire encore pipi au lit a très peur de salir le pyjama prêté par Hodkann, le gros dur de la classe. Pour sympathiser avec lui, Nicolas invente toute une histoire à dormir debout, qui finit par le convaincre lui-même, sur la disparition d'un petit garçon à quelques kilomètres à peine de leur chalet...
Je n'ai jamais trouvé que dire d'un lire qu'il était court et se lisait vite était un beau compliment ; pourtant, je n'ai pu m'empêcher de me trouver soulagée d'avoir vite lu La Classe de neige. Instillant dès les premières pages une atmosphère très lourde, Emmanuel Carrère présente une famille bizarre. La mère, très discrète, semble absente. Le père, à force de vouloir protéger son fils, le pousse à avoir peur : il tient à l'amener lui-même en classe de neige pour éviter un éventuel accident de car scolaire, et Nicolas se rappelle d'une sortie à la fête foraine où, pour le dissuader de faire confiance à un inconnu, son père lui raconte une sombre histoire d'enlèvement d'enfant et de trafic d'organes. Youpi tralala.
Nicolas apparaît au milieu de tout cela comme un petit garçon perturbé : dans un recoin de sa tête, il y a toujours une histoire glauque, ou qui fait peur. Sa tendance à dramatiser, et en même temps à ne pas vouloir ni déranger, ni gêner, le conduit à fuguer un soir et à se mettre en danger de mort. Entre Hodkann, le leader du groupe, et lui, le plus fort des deux n'est peut-être pas celui qu'on croit, car Nicolas semble déjà bien grand mentalement.
Le dénouement du livre, qui coïncide avec la résolution de l'enlèvement d'un petit garçon non loin de l'endroit où se déroule la classe de neige, n'est pas dit clairement, mais sous-entendu, à la manière dont Nicolas perçoit les événements autour de lui. Ce qui, selon moi, fait toute la force du livre, c'est justement d'avoir pris Nicolas comme maître étalon d'une histoire d'adultes qui le dépasse, mais dont il se retrouve bien malgré lui prisonnier. Les quelques pages, phrases ou références à son avenir font d'ailleurs bien mal au coeur.
Je ne peux donc dire avec certitude que j'ai aimé ou pas aimé : ce qui est sûr toutefois, c'est qu'on ressort changé d'une telle lecture, et que j'aurais peut-être aimé ne pas l'avoir faite, pour tout ce côté malsain qui s'en dégage.
Les avis de Calypso et de La Livrophile.