12 mars 2010
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Je n'ai pas hésité longtemps à mettre ce livre dans ma besace lors de mon dernière tour à la bibliothèque municipale. Etant moi-même jeune professeur de Lettres Classiques, je prends évidemment très à coeur la cause de l'enseignement d'Homère et des auteurs de langues grecque et latine en général... Et je ne renie pas Shakespeare non plus à mes heures perdues !
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"Bon, vas-y, dis-nous plutôt de quoi ça parle !"
Frais émoulu d'un IEP, d'une Ecole supérieure d'art dramatique et titulaire d'une agrégation de Lettres Classiques, Augustin d'Humières a derrière lui, et c'est le moins que l'on puisse dire, un parcours brillant.
A l'heure de sa première rentrée de titulaire, il est désormais temps de se frotter aux élèves pour leur enseigner le français et/ou le latin et/ou le grec. D'Humières, envoyé dans un lycée de banlieue, ne trouve pas foule pour remplir les bancs en langues anciennes. Il explique, dans cet ouvrage, les différentes astuces et techniques qu'il a mis en place pour recruter des élèves. Il raconte également qu'il a mis sur pied une association pour aider les élèves et monter des pièces de théâtre.
En parallèle, on relèvera quelques citations et le témoignage d'enseignants ou d'une principale qui, au risque de se faire mal voir de leur hiérarchie, ont mis les pieds dans le plat en jouant la carte de l'initiative, de la transparence et de l'égalité pour tous.
Je ne connaissais pas Augustin d'Humières avant de lire ce livre ; je n'ai pas non plus encore recherché plus d'informations sur son parcours. Muté dans un établissement dont les résultats ont été en chute libre pendant des années, il montre que c'est en allant chercher les élèves, en les motivant, en leur proposant parfois un marché qu'on arrive à les attirer en classe.
En voilà un qui a compris que, banlieue ou pas banlieue, les élèves disposent tous des mêmes capacités d'apprentissage et qu'il reste "simplement" à jouer la carte de la motivation et de l'envie d'apprendre. Que d'énergie déployée dans la tournée des établissements voisins pour aller faire la promotion des langues anciennes, que d'investissement personnel lorsqu'il va lui-même tirer les élèves de leur léthargie ou les tirer littéralement du lit pour leur faire faire du théâtre ! Là, il y va fort... Et pourtant !
On ne peut pas dire qu'il y a, pour les langues anciennes, un problème d'effectif au collège. Les élèves, curieux ou poussés de force à passer la porte du cours, viennent en nombre. En fin de troisième, libérés de trois ans de latin parfois rébarbatifs, parfois récréatifs à l'excès, beaucoup ne veulent plus en entendre parler. Et puis il reste ceux qui, poussés par un professeur qui a su équilibrer travail et bénéfice, apprentissage et intérêt, s'accrochent jusqu'au lycée. C'est ainsi que, cette année, arrivant dans mon établissement, j'ai hérité de trois minuscules groupes de latinistes qui n'arrivent pas à quinze une fois réunis.
Alors, l'investissement dont fait preuve Augustin d'Humières, voilà un atout que j'essaie de déployer aujourd'hui : les tournées promotionnelles du latin en 3ème débutent, et c'est avec plaisir que je sens déjà la publicité fonctionner. Les élèves savent que l'on va travailler d'arrache-pied, mais la conviction du prof doit leur faire plaisir à voir, j'imagine ! Et quand je vois ma collègue de théâtre faire de même, j'ai envie de l'applaudir : si nous ne donnons pas envie à nos élèves d'apprendre, en leur apportant la culture dans son écrin, personne ne le fera à notre place !
Mais les professeurs de maths, de sciences, d'EPS vont-ils dans les collèges chercher de futurs optionnaires ? D'où vient ce désert soudain pour les langues anciennes pendant l'été qui sépare la troisième de la seconde ? Le ver est sûrement dans le fruit.
Voilà un livre dans lequel je me suis parfois reconnue. Dans la bouche des élèves qui cherchent vainement un intérêt aux langues anciennes, j'ai reconnu le discours de camarades de collège, d'élèves ou de parents. Dans les remarques acerbes de collègues aigris, j'ai retrouvé l'argument de ces classes de latin où l'on n'apprend rien, où l'on passe le temps à discuter sans rien écrire.
Devant le manque de moyens donnés aux enseignements de langues anciennes, j'ai cru revoir mes emplois du temps d'élève latiniste, condamnée à faire du latin en dernière heure, du grec entre midi et une heure, sans avoir le temps de déjeuner... Alors je profite de ce message pour saluer les élèves qui, malgré les bâtons qu'on leur met dans les roues, s'accrochent à leurs options, et ont compris que la culture ne se calculait pas en terme de profit. Et pourtant... "Vous avez le droit d'étudier les langues anciennes. Mais pourquoi le contribuable devrait payer pour ça ?", a dit celui qui nous gouverne.
Merci, M. D'Humières : votre conviction déteint sur nous.
Frais émoulu d'un IEP, d'une Ecole supérieure d'art dramatique et titulaire d'une agrégation de Lettres Classiques, Augustin d'Humières a derrière lui, et c'est le moins que l'on puisse dire, un parcours brillant.
A l'heure de sa première rentrée de titulaire, il est désormais temps de se frotter aux élèves pour leur enseigner le français et/ou le latin et/ou le grec. D'Humières, envoyé dans un lycée de banlieue, ne trouve pas foule pour remplir les bancs en langues anciennes. Il explique, dans cet ouvrage, les différentes astuces et techniques qu'il a mis en place pour recruter des élèves. Il raconte également qu'il a mis sur pied une association pour aider les élèves et monter des pièces de théâtre.
En parallèle, on relèvera quelques citations et le témoignage d'enseignants ou d'une principale qui, au risque de se faire mal voir de leur hiérarchie, ont mis les pieds dans le plat en jouant la carte de l'initiative, de la transparence et de l'égalité pour tous.
Je ne connaissais pas Augustin d'Humières avant de lire ce livre ; je n'ai pas non plus encore recherché plus d'informations sur son parcours. Muté dans un établissement dont les résultats ont été en chute libre pendant des années, il montre que c'est en allant chercher les élèves, en les motivant, en leur proposant parfois un marché qu'on arrive à les attirer en classe.
En voilà un qui a compris que, banlieue ou pas banlieue, les élèves disposent tous des mêmes capacités d'apprentissage et qu'il reste "simplement" à jouer la carte de la motivation et de l'envie d'apprendre. Que d'énergie déployée dans la tournée des établissements voisins pour aller faire la promotion des langues anciennes, que d'investissement personnel lorsqu'il va lui-même tirer les élèves de leur léthargie ou les tirer littéralement du lit pour leur faire faire du théâtre ! Là, il y va fort... Et pourtant !
On ne peut pas dire qu'il y a, pour les langues anciennes, un problème d'effectif au collège. Les élèves, curieux ou poussés de force à passer la porte du cours, viennent en nombre. En fin de troisième, libérés de trois ans de latin parfois rébarbatifs, parfois récréatifs à l'excès, beaucoup ne veulent plus en entendre parler. Et puis il reste ceux qui, poussés par un professeur qui a su équilibrer travail et bénéfice, apprentissage et intérêt, s'accrochent jusqu'au lycée. C'est ainsi que, cette année, arrivant dans mon établissement, j'ai hérité de trois minuscules groupes de latinistes qui n'arrivent pas à quinze une fois réunis.
Alors, l'investissement dont fait preuve Augustin d'Humières, voilà un atout que j'essaie de déployer aujourd'hui : les tournées promotionnelles du latin en 3ème débutent, et c'est avec plaisir que je sens déjà la publicité fonctionner. Les élèves savent que l'on va travailler d'arrache-pied, mais la conviction du prof doit leur faire plaisir à voir, j'imagine ! Et quand je vois ma collègue de théâtre faire de même, j'ai envie de l'applaudir : si nous ne donnons pas envie à nos élèves d'apprendre, en leur apportant la culture dans son écrin, personne ne le fera à notre place !
Mais les professeurs de maths, de sciences, d'EPS vont-ils dans les collèges chercher de futurs optionnaires ? D'où vient ce désert soudain pour les langues anciennes pendant l'été qui sépare la troisième de la seconde ? Le ver est sûrement dans le fruit.
Voilà un livre dans lequel je me suis parfois reconnue. Dans la bouche des élèves qui cherchent vainement un intérêt aux langues anciennes, j'ai reconnu le discours de camarades de collège, d'élèves ou de parents. Dans les remarques acerbes de collègues aigris, j'ai retrouvé l'argument de ces classes de latin où l'on n'apprend rien, où l'on passe le temps à discuter sans rien écrire.
Devant le manque de moyens donnés aux enseignements de langues anciennes, j'ai cru revoir mes emplois du temps d'élève latiniste, condamnée à faire du latin en dernière heure, du grec entre midi et une heure, sans avoir le temps de déjeuner... Alors je profite de ce message pour saluer les élèves qui, malgré les bâtons qu'on leur met dans les roues, s'accrochent à leurs options, et ont compris que la culture ne se calculait pas en terme de profit. Et pourtant... "Vous avez le droit d'étudier les langues anciennes. Mais pourquoi le contribuable devrait payer pour ça ?", a dit celui qui nous gouverne.
Merci, M. D'Humières : votre conviction déteint sur nous.