Prenez un fauteuil, un coussin, une tasse de thé : Neph s'occupe du reste et vous parle sur son blog de livres et de films, au gré de ses découvertes...
Persuadé qu'il passe à côté du sens de sa vie et frustré de ne pas se sentir en paix avec lui-même, le narrateur, écrivain, s'engage dans une longue tournée autour du monde, notamment en Russie, à la rencontre de ses lecteurs. Au cours de ce voyage, il fait la connaissance d'Hilal, une jeune femme qui semble croire que leurs deux existences sont liées. Tous deux s'apprivoisent, malgré de nombreuses incompréhensions, et atteignent bientôt un autre degré de connaissance à travers l'Aleph, un point bien particulier du train qui les emmène à travers la Russie.
De Paulo Coelho, je ne gardais en mémoire qu'un souvenir bien atténué de L'Alchimiste, une lecture que j'avais considérée étant ado comme un passage obligé mais finalement pas transcendant. Transcendée, je ne le suis pas non plus après lecture d'Aleph. Déçue, ça oui.
Reprenons. Aleph s'ouvre sur les états d'âme du narrateur, dont on comprend qu'il s'agit du double fictif de Coelho ; dépité d'être arrivé selon lui à une limite de sa vie au-delà de laquelle il ne sera jamais davantage en état de paix intérieure, il exprime son ressentiment à J., celui qu'il appelle son Maître. Que cette discussion ait lieu après une communion autour d'un chêne sacré, soit (mais ça commençait déjà mal pour moi qui ne confère qu'une confiance limitée aux rites de communion à la nature qui reviennent pourtant tant à la mode).
Le pèlerinage qui s'ensuit et qui mène le narrateur aux quatre coins du monde est dû à sa volonté de changer d'air : il rencontrera Yao, un interprète qui l'aidera à accorder la paix du corps à la paix de l'esprit. Mais la rencontre la plus fameuse est celle qui nouera les vies du narrateur et d'Hilal : bientôt, le narrateur acquiert la certitude que tous deux ont déjà été liés lors de l'une de leurs vies antérieures. Alors, d'abord par le fait du hasard, puis parce que tous deux considèrent que ces voyages les aideront à résoudre leurs problèmes actuels, ont lieu des sortes de transe qui unissent le narrateur et Hilal, que l'on voit replonger à l'époque de l'Inquisition.
Si je m'arrête volontairement là pour ne pas dévoiler des passages de l'intrigue, plutôt mince, sachez que l'ensemble du livre est à vivre comme un guide, une démarche, une quête vers la paix intérieure. Alors que je m'attendais à lire un roman, l'auteur nous offre un manuel du savoir vivre et bien vivre en accord avec son moi profond. A grands coups de transe, de discussions pseudo-philosophiques et psychologisantes mais aussi d'errements en tous genres du type Hilal-m'attire-mais-j'aime-ma-femme, l'auteur réserve aux plus courageux trois cents pages d'une romance à l'eau de rose que ne renierait pas la maison Harlequin, additionnée d'un manuel un peu louche à la sauce accomplissons-des-rituels-étranges-pour-remonter-le-temps et dont le Maître J. serait le gourou. Très peu pour moi.
Un premier rendez-vous manqué pour la rentrée littéraire ! Je remercie pourtant bien volontiers la douce Vivi La Chipie qui m'a permis de recevoir cet ouvrage.
S'il vous tente, je vous propose d'en faire un livre voyageur : peut-être serez-vous davantage séduit(e)(s) que je ne l'ai été !