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21 juillet 2010 3 21 /07 /juillet /2010 22:39

Attention à ne pas confondre Arthur Miller et Henri Miller (qui n'a pas épousé Marilyn !)

 

Nous sommes dans le Nevada, à Reno, au cours des années cinquante. Alors qu'elle est sur le point de se rendre au tribunal pour divorcer d'un homme qui ne la rend pas heureuse, Roslyn rencontre Guido, un mécanicien : celui-ci s'éprend immédiatement de la belle. Il la retrouve un peu plus tard, accompagné de son ami Gay. Malheureusement pour Guido, Roslyn devient amoureuse de Gay... Mais son amour, qui supporte la dureté du mode de vie des hommes, ne s'accommode pas de leur violence envers les chevaux sauvages qui vivent dans les montagnes et qu'ils attrapent pour les vendre.

 

misfits

 

(Pourquoi Les Misfits ? La traduction admise en VF étant Les Désaxés, pourquoi ne pas l'avoir gardé ? Ou, quitte à garder la VO, ne pas avoir choisi The Misfits ? Voilà un parti pris qui m'intrigue...)

 

C'est un livre étrange que ce Misfits... Ecrit par Arthur Miller à l'époque où il était sur le point de devenir l'époux de Marilyn Monroe, il a pour prétexte l'envie de Miller d'offrir à Marilyn un rôle dramatique à sa mesure et n'est destiné qu'à être adapté en film. Cette particularité se retrouve dans la forme : les dialogues sont introduits par le nom du locuteur à chaque réplique, ce qui, selon moi, fait manquer l'ensemble des paroles de fluidité. Mais le livre est empreint d'une grande poésie et d'un style qui correspond exactement au titre : le narrateur omniscient semble tout aussi décalé, désaxé que ses personnages et observe le monde comme un témoin. Son étrangeté, sa beauté, sa force, son impassibilité, sa permanence glissent sur les personnages et laissent sur eux une empreinte terrible.
 

Les personnages, Roslyn en tête, ont souffert et souffrent encore du temps qui s'écoule et contre lequel ils ne peuvent lutter : Roslyn est désabusée de n'avoir jamais connu l'amour profond qu'elle attend mais tombe encore dans les bras de Gay ; s'efforçant d'aimer celui-ci du mieux qu'elle peut, elle souffre d'une candeur et d'un trop-plein d'émotions qui la poussent à prendre la vie et ses souffrances bien trop à coeur. Guido, veuf, se berce d'illusions ; Perce, le cow-boy, est irrémédiablement seul et vieillissant, sans vouloir en prendre conscience ; quant à Gay, lui aussi vieillit : il veut croire que ses enfants pensent à lui, que son amour pour Roslyn peut l'aider à rester jeune, mais garde trop bien ancrées en lui ses habitudes et ses moeurs de cow-boy solitaire et habitué à le rester.
 
Tous ces personnages semblent ne pas pouvoir lutter contre leur milieu, leur destin, et nous laissent l'impression persistante d'une tristesse profonde, poignante et inévitable. Pour moi, c'est une réussite magistrale qui me donne évidemment l'envie de voir le film, bien que je sois plus réticente à ce genre de films qui vous font sortir les mouchoirs et ne vous donnent envie que de pleurer le jour durant au fond de votre lit...
 
Ce serait aussi l'occasion de lire ça, qui dort dans ma PAL depuis trop longtemps :

 

http://www.deslivres.com/images/products/image/Blonde.jpg

 

Ce livre faisait l'objet d'un partenariat avec Blog-O-Book et les éditions Robert Laffont. Merci à eux !

 


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22 février 2010 1 22 /02 /février /2010 13:59
Cela faisait bien longtemps que j'avais dans l'idée de lire un Somerset Maugham ; ainsi, lorsque l'équipe de BOB a proposé un partenariat avec les éditions Robert Laffont, j'ai sauté sur l'occasion !

http://multimedia.fnac.com/multimedia/images_produits/ZoomPE/0/8/7/9782221114780.jpg
Un titre accrocheur, une couverture superbe (mais peut-être trop années 60) : j'étais conquise d'avance. La collection Pavillons Poche propose des livres avec une qualité de papier très appréciable et une mise en page très soignée pour un poche. Mais avec mon côté vieille France, je regrette toutefois que le titre ne comporte pas les majuscules requises !

"Bon, vas-y, dis-nous plutôt de quoi ça parle !"

Les Trois Grosses Dames d'Antibes nous conte l'histoire de trois amies fort riches et fort bien portantes qui sont perpétuellement au régime, jusqu'au jour où la rencontre avec une femme mince mais dotée d'un solide appétit les frustre au point de se remettre à dévorer...
Ce pendant 690 pages, me direz-vous ? Eh bien non (vous avez eu peur ?), puisqu'il s'agit d'un recueil de trente nouvelles, dont on apprend en quatrième de couverture qu'il représente le premier volume d'une quadrilogie ! Et c'est bien parti pour que je devienne propriétaire des trois suivants...

Le volume s'ouvre sur une introduction qui retrace la vie de Maugham, notamment à travers la France : pour qui, comme moi, découvrait l'auteur, c'est une vraie source d'informations.

Viennent ensuite les nouvelles qui, malgré un titre parfois simple voire simpliste, révèlent à chaque fois des trésors d'ironie !
J'ai adoré lire Le Déjeuner, dans lequel on découvre une femme qui, au restaurant, a beau répéter qu'elle a l'habitude de manger très léger ; elle se gave comme une oie et l'addition coûte toutes ses économies au pauvre narrateur qui est bien vengé en la croisant quelques années plus tard et en s'apercevant qu'elle pèse plus de cent trente kilos !
Dans La Cigale et la fourmi, nous écoutons le récit d'un homme honnête et travailleur, qui a du à de multiples reprises prêter de l'argent à son frère extrêmement dépensier et qui vit aux crochets de ses amis : à l'aube d'une retraite durement gagnée et méritée, ce monsieur apprend que son frère a épousé une très riche vieille dame qui meurt en lui laissant une fortune considérable...
Ironie du sort toujours, donc, chez Maugham, tant dans ses nouvelles les plus courtes que dans celles, plus longues, qui prennent le temps de dépeindre un univers haut en couleurs, généralement situé dans les îles de l'hémisphère sud. C'est un véritable dépaysement enchanteur que de suivre les récits de marins ou les aventures d'hommes partis faire fortune sous le soleil.
Tout le monde en prend pour son grade, et c'est un plaisir que de voir comment Maugham se rit des médiocres et de leurs défauts innombrables (je pense, entre autres, à La Déchéance d'Edward Barnard : un couple plaint l'un de leurs amis qui a choisi de quitter Chicago et de vivre d'amour et d'eau fraîche à Tahiti... "Ce pauvre Edward !" soupira-t-elle" !).

Je remercie les éditions Robert Laffont, ainsi que l'équipe de Blog-O-Book !
Cette lecture prend place dans le cadre du challenge J'aime les Classiques, organisé par Marie L., et dans celui des English Classics, de Karine :)

defi_classique.jpg
EnglishClassicsMaxi-copie-1.jpg

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5 septembre 2009 6 05 /09 /septembre /2009 21:50
C'était il y a quelques mois maintenant... Le premier billet de mon blog était consacré à la (re)lecture des Chroniques de San Francisco, série qui avait marqué mes années lycée. Il était temps de (re)lire le tome suivant, très sobrement intitulé Nouvelles Chroniques de San Francisco.




La couverture est très semblable à la première, à l'image de toutes celles de la série d'ailleurs : elle ne laisse rien présager de l'éxubérance des personnages mais donne envie de se lancer à la découverte des rues de San Francisco, en compagnie de Michael, Mona et les autres...

"Bon, vas-y, dis-nous plutôt de quoi ça parle !"

Mary Ann
embarque son copain Michael pour une croisière entre amis, ayant pour but avoué de se trouver chacun un homme à son goût... Mary Ann craque pour Burke, un bel homme blond et pas compliqué pour deux sous, qui semble avoir toutes les qualités. Seule ombre au tableau : il a la phobie des roses, et ne se souvient pas pourquoi. En effet, Burke lui avoue bientôt qu'il est amnésique. Mary Ann convainc Burke de chercher avec elle ce qui a bien pu lui arriver et remonte avec lui sur les traces de son passé.
De son côté, Michael retrouve un ex, Jon Fielding, et tous deux se remettent ensemble. Mais Michael se retrouve soudain malade et subit une paralysie progressive...

Quant à Mona, fatiguée de la vie trépidante de San Francisco, elle prend sur un coup de tête un billet pour le désert et la petite ville de Winnemucca, dans le Nevada. Là-bas, après une rencontre totalement hasardeuse, elle se retrouve standardiste dans un bordel... dont la tenancière n'est autre que sa grand-mère ! Et Mona va de surprise en surprise : c'est au tour de Mme Madrigal, sa logeuse,  de lui révéler un secret de taille...

Il s'en passe, des choses, dans la vie de nos personnages de la côte ouest ! Comme dans le premier opus, toutes les vies se croisent et chacun entretient des relations avec l'un ou l'autre. C'est un bonheur que de plonger dans une ambiance seventies qui m'est totalement inconnue, mais que ces Chroniques m'ont aidée à me représenter : on est loin du That's 70's Show et de ses ados simplets (mais tellement drôles !) ; ici, on côtoie de jeunes adultes qui travaillent et cherchent l'amour. Tous cherchent d'ailleurs désespérément : Mona est terriblement seule, Michael voudrait une relation sérieuse avec un homme qui partagerait cette anvie, Mary Ann est fatiguée des relations perverties par la liberté sexuelle des années 70. Même Brian, le séducteur, connaît une première expérience de stabilité... un peu particulière !

Le troisième tome étant déjà sur ma PAL, c'est pour bientôt !

Pour le plaisir, San Francisco :




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24 mai 2009 7 24 /05 /mai /2009 22:23
Quand l'équipe de Chez les Filles m'a proposé de recevoir ce livre, c'est avec plaisir que j'ai accepté : je ne refuse jamais un bon policier, j'adore ça... J'ai donc reçu ce livre, dont le format est très agréable et se prête fort bien à la lecture :


D'ailleurs, on se serait allègrement passé de la silhouette dessinée en bas à gauche, qui n'ajoute rien à la couverture. Le lampadaire dans la nuit donne l'idée d'une atmosphère un peu glauque, qui me plaisait avant de me lancer.

"Bon, vas-y, dis-nous plutôt de quoi ça parle !"

Coralie Le Gall
est commissaire de police à Paris. Elle est chargée d'enquêter sur la mort d'Hubert de Vaslin, dont le corps a été retrouvé abandonné sur le parking d'une grande surface de banlieue. Il s'avère que ce Vaslin n'est pas n'importe qui : c'est un haut fonctionnaire au service du Premier Ministre. Suicide ? Assassinat maquillé ? Quels membres du gouvernement pouvaient considérer Vaslin comme une menace ?

Résumé comme cela, ça a l'air pas mal. Sauf que... j'ai souffert pour terminer le livre.
L'action a lieu dans les années 90 : le Minitel, les francs, tout cela est terriblement daté.
Ce qui m'a le plus déplu, c'est le langage employé au fil du livre : l'argot flic, j'ai du mal à supporter. Et quand tout ce vocabulaire est additionné à des néologismes et des mots anglais orthographiés en français (ticheurte, champouiné, j'en passe et des meilleurs), là, je sature.
Et d'ailleurs, le personnage de Coralie se vante de préserver la langue française et n'apprécie pas qu'on l'appelle madame "la" commissaire : c'est la meilleure...
Enfin, j'ai beaucoup de mal avec la narration à la 1ère personne dans un roman policier, que je trouve peu judicieuse. Avec un point de vue externe, on englobe mieux toutes les subtilités du roman, selon moi.

Heureusement, la résolution de l'affaire est exposée clairement : je n'ai pas regretté de connaître le fin mot de l'histoire. Et les personnages sont intéressants et complexes, notamment Coralie Le Gall, dont on apprend petit à petit qu'elle cache un douloureux secret.

Toutefois, les points positifs ne rattrapent pas les autres, et je vais de ce pas passer à autre chose qu'un policier français : ce n'est pas un genre qui me convient, décidément !
Mais je remercie encore une fois
et les Editions Carnet Nord pour cette découverte qui aurait pu être belle.


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27 avril 2009 1 27 /04 /avril /2009 20:15
Voici un livre dont la lecture se sera fait attendre...

Sur un forum que certaines d'entre vous connaissent et que je fréquente assidûment, quelqu'un a évoqué un jour ce roman, en précisant juste qu'il était en train de le lire. En voyant ce titre, j'ai eu la réaction suivante "rhooo-intéressant-ce-titre-ça-m'intrigue-lé-où-mon-ptit-carnet-que-je-le-marque-sur-ma-LAL-rhaaa-mais-iléoùscarnééé..." Je m'arrête là :)
Arrive le jour bienheureux où je vais faire un tour en librairie AVEC ce fameux carnet, que j'oublie d'habitude, ce qui fait que ma LAL n'a aucune chance de diminuer. Bref.
Je cherche les titres un par un pour savoir sur lequel d'entre eux me porterait mon coix immédiat, et voici la couverture que j'ai trouvée pour ce roman...


Et là ma réaction à l'instant T : "rhaaa-bouh-non-pas-un-livre-avec-des-nazis-et-la-guerre-toussa-spas-gai-chu-pas-dans-l'ambiance". J'avoue, je n'ai pas toujours des réactions très évoluées. Pour l'anecdote, ce jour-là, mon choix s'est porté sur Le Pendule de Foucault, d'Umberto Eco, qui moisit toujours dans ma PAL (le livre, pas Umberto).

Avant les vacances, je l'ai pourtant emprunté au CDI de mon établissement, et j'ai repoussé la lecture jusqu'à la fin de la première semaine : aucune envie de le lire pendant mon séjour malouin. Et puis finalement, je l'ai ouvert quand même sur le chemin du retour, puisque nous avions quelques heures de train devant nous. Et monsieur lisait du Chattam, il n'avait donc aucune envie de me faire la causette plus que de raison :)

J'ai été hapée par ce roman. Je l'ai lu d'une traite en 5h, sans pouvoir lever les yeux du livre...
(Eh beeeeen, ma présentation a été longue...)

"Bon, vas-y, dis-nous plutôt de quoi ça parle !" : ATTENTION, JE RACONTE LE LIVRE EN TOTALITE.

Rudolf Hang a une dizaine d'années quand commence ce roman dont il est le narrateur. Son père, extrêmement croyant, mène la famille d'une main de fer. Tous les matins, il oblige Rudolf à l'accompagner à la messe avant d'aller à l'école. A la maison, les enfants ont l'interdiction de regarder dans la rue et doivent demander la permission de parler. Le seul moment de détente de Rudolf, c'est quand il est seul dans sa chambre et qu'il cire ses chaussures pendant de longues minutes. Il explique d'ailleurs que la routine et les contraintes le détendent, le soulagent : il sait où il va ainsi.

Après un incident avec un camarade de classe, Rudolf va se confesser en demandant au prêtre de ne rien répéter à son père. Toutefois, celui-ci va être mis au courant, et Rudolf, pensant logiquement que le prêtre est en faute, perd la foi. Cela va être un tournant dans sa petite vie : il décide de s'engager dans l'armée et y parvient, alors que son père le destinait à une carrière religieuse.

Très discipliné et rigoureusement obéissant, quitte à causer la mort de ses frères d'arme, Rudolf trouve dans la condition de soldat un milieu qui lui convient. Malgré son jeune âge (environ 16 ans), il est repéré par sa hiérarchie et commence à gravir les échelons parmi les Corps Francs de l'armée allemande.

Une fois les combats terminés, Rudolf s'engage dans le parti national-socialiste. Après quelques temps en usine, il est engagé par un ancien militaire qui lui propose de retaper une ferme et de s'y installer. Rudolf accepte, et il accepte même d'épouser la femme qu'on lui propose... En effet, en bon Allemand, Rudolf a pour ambition de fonder une famille respecteuse des valeurs de sa patrie, tout comme lui, et de redonner la valeur qu'elle mérite à l'Allemagne humiliée par les termes du traité de Versailles signé à l'issue de la Première Guerre mondiale (merci le Malet-Isaac, pour ceux qui suivent !).

Les efforts déployés par Rudolf le font repérer, et il est désigné par Himmler lui-même pour créer une milice destinée à intégrer les forces armées hitlériennes. Ayant mené sa mission à bien, Rudolf est chargé de devenir l'administrateur d'un futur camp de concentration à Auschwitz. Rudolf en supervise la construction et, sur les ordres de sa hiérarchie, le transforme ensuite en camp d'extermination. Et puisqu'il réussit si bien, Rudolf est poussé à faire du "rendement" : il faut tuer toujours et toujours plus. Il met en oeuvre tous les moyens à sa disposition pour faire toujours mieux, selon les critères...

Mais la victoire alliée inattendue surprend, et après quelques mois de cache-cache, Rudolf est arrêté, et condamné à mort.

J'EN AI FINI AVEC LES SPOILERS, VOUS POUVEZ REPRENDRE VOTRE LECTURE (C'est vous qui voyez !)

Comme je l'ai dit plus haut, j'ai été happée par ma lecture. Difficile de dire qu'elle m'a plu, disons que le regard sur la Guerre et l'idéologie nazie vu du côté nazi et non pas victime (juif, puisque je n'ai pas encore lu de récit de victimes autres que juives) est forcément différent et perturbant.

La période de l'enfance est romancée par l'auteur, comme il l'annonce dans la préface. L'état d'esprit du jeune Rudolf est compréhensible : c'est un garçon qui vit dans la crainte permanente d'un père verbalement violent, qui se pose en martyr pour sa famille. Tous ses actes sont scrupuleusement réglés sur les volontés du père. Pourtant, si cela permet de mieux comprendre l'enfant et son malaise, cela n'excuse en aucune matière les actes de l'adulte, et l'auteur ne l'a pas écrit dans ce sens.

Ce qui m'a le plus dérangée, au point d'éprouver un malaise certain pendant ma lecture, c'est de m'apercevoir la minutie apportée par Rudolf Lang dans la façon d'organiser la mise au point de la Solution Finale à Auschwitz. Il songe à tout, tous les petits détails qui pourraient permettre de gazer plus de monde à la façon, et à la manière d'optimiser les infrastructures.
Impossible de penser qu'il n'ait pas à un moment ou à un autre ressenti de compassion, d'empathie au moins, pour les milliers et les millions d'êtres humains qu'il a vu passer devant ses yeux.
Pourtant, tout cela se comprend mieux à la fin du livre, où, une fois arrêté, Lang confie au procès de Nuremberg qu'il n'a jamais envisagé ces gens comme des êtres, mais comme des unités à supprimer. Cela fait froid dans le dos. Là où l'horreur devient presque palpable, c'est lorsque Rudolf confie qu'il se considère non pas comme responsable, mais comme exécuteur. Il ne faisait qu'obéir aux ordres. D'ailleurs, il comprend qu'il risque gros en apprenant le suicide d'Himmler, qui lui a donné ces ordres : pour lui, Himmler a choisi une solution de facilité et l'a abandonné.

Robert Merle prévient dans sa préface que Rudolf Lang a existé : il s'appelait en réalité Rudolf Hoess. S'il a romancé l'enfance de ce Rudolf, Merle a en revanche exécuté pour la deuxième partie de son oeuvre un véritable travail d'historien. Que dire de cette phrase, prononcée par Hoess au précès de Nuremberg : "Je n'ai tué personne, j'étais juste le directeur du programme d'extermination d'Auschwitz" ? La question de la responsabilité doit-elle être entravée par une obéissance aveugle aux ordres donnés, quelles que soient les conséquences de ceux-là ?

Cette lecture m'a fait froid dans le dos, et entraîne de nombreuses interrogations... Je ne sais pas s'il existe d'autres romans écrits sous le même point de vue, mais je reste songeuse. Pour moi, cette lecture restera fortement marquante, difficile, et suscite une réflexion sans fin. 

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26 février 2009 4 26 /02 /février /2009 17:25

Voici un livre que j'ai aimé au point de le faire découvrir à plusieurs amies, virtuelles ou réelles...
Il est assez court, se lit très vite et est très intrigant dans la façon dont il est écrit.

"Bon, vas-y, dis-nous plutôt de quoi ça parle !"

En effet, on sait dès le départ que Santiago Nasar, le personnage principal, va mourir. Il est accusé d'avoir déshonoré une jeune fille, après que l'époux de celle-ci a découvert lors de leur nuit de noces qu'elle n'était pas vierge. Les frères jumeaux de cette femme décident de venger l'honneur de la famille en assassinant Nasar, et dans le petit village reculé où se passe l'histoire, tout le village est vite mis au courant de leur future vengeance.

Gabriel Garcia Marquez nous annonce dès le début que son héros va mourir et retrace son dernier jour : dès son lever, il est observé par ses proches, ses voisins qui savent que les frères Vicario lui en veulent. La journée s'écoule tranquillement, et personne ne s'inquiète plus que de coutume pour Santiago Nasar, se disant que, s'il est toujours vivant, c'est que les frères Vicario ont oublié leur sombre projet...

Pourtant, cet enchaînement de circonstances malheureuses, de réactions malencontreuses ou plutôt de non-réactions de la part des villageois va conduire à la mort atroce de Santiago, poignardé à la porte de ses parents.

Voilà une lecture que je vous conseille chaleureusement, et j'espère que vous en serez aussi enchantés que moi, même si ce n'est pas un livre qu'on pourrait qualifier de réjouissant...

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21 février 2009 6 21 /02 /février /2009 11:06

Voici le premier livre faisant l'objet d'un article en ces lieux. Il se peut très bien que ce ne soit pas une découverte pour vous ; il s'agit d'un livre que j'ai lu, ado, avec les autres tomes de la série... Et bien que je ne relise que très peu les livres que j'ai déjà lus, j'avais très envie d'acheter celui-là et de reconstituer la série dans ma bibliothèque. Je me revois, farfouillant dans les rayonnages de la bibliothèque municipale... Un vrai bonheur ! A l'époque, j'y passais des après-midis entiers...

"Bon, vas-y, dis-nous plutôt de quoi ça parle !"

Nous sommes dans le San Francisco des années 70 : la libération sexuelle est de mise, quelle que soit la couche de la société à laquelle on appartient. Adultères en pagaille donc, et la communauté homosexuelle se montre au grand jour, sous ses aspects les plus exubérants.

On commence avec l'arrivée d'une jeune femme de Cleveland qui vient se libérer de la tutelle de ses parents et débuter une nouvelle vie à San Francisco. Elle loge d'abord chez une ancienne amie avant de trouver un travail d'employée de bureau et d'emménager dans un appartement du 28, Barbary Lane. C'est à ce numéro que l'on rencontre les autres personnages principaux de la série :
  • Mme Madrigal, la logeuse : une vraie mère pour tous les résidents, qu'elle accueille de manière surprenante : elle leur scotche un joint sur la porte, avec de l'herbe qu'elle cultive dans le jardin...
  • Brian Hawkins : un jeune hétéro, séducteur malchanceux qui aimerait collectionner plus de nanas...
  • Mona : elle aussi est une ancienne provinciale, ancienne lesbienne, ancienne-plein-de-choses, qui n'est pas du tout épanouie dans sa vie actuelle.
  • Michael Tolliver : homo qui rêve du grand amour, il est mon chouchou parmi tous les autres... Il vient chez Mona quelques semaines mais finit par habiter là également.
D'autres personnages font leur apparition au fil des pages et deviennent des personnages récurrents. Ce qui est très bien fait, c'est que tous les personnages vont se croiser et avoir des relations (de toute nature) : l'ami de l'un devient l'amant d'un autre, qui est le docteur de l'une, qui est la fille de l'autre... Non non, ça n'a rien d'un feuilleton à l'eau de rose, c'est au contraire un style très attachant et très touchant, léger mais parfois en demi-teinte, puisque l'auteur aborde également des sujets plus graves (avortement, maladie, pédophilie).

Ce livre se dévore rapidement : il est divisé en sortes de séquences (il y a un titre toutes les 2 pages, environ, mais il n'y a pas de numérotation comme pour des chapitres).

Après ce premier tome, donc, il est fort probable que je vous parle rapidement de la suite
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