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4 novembre 2012 7 04 /11 /novembre /2012 16:25

Parce qu'il s'englue dans une vie qui ne lui correspond plus depuis son veuvage, Andrew décide un beau jour de plaquer sa vie d'Anglais chef d'entreprise pour s'envoler vers d'autres horizons. Cette envie de changement le mène en France, où il est embauché en tant que majordome au château de Beauvillier. Question dépaysement, Andrew est servi : pas de réseau de téléphone portable, une patronne renfermée qui ne veut entendre aucune initiative pour moderniser le fonctionnement de son domaine, une cuisinière qui règne sur son petit monde et tyrannise Andrew... Mais après quelques hésitations quant à la conduite à adopter, Andrew sent qu'il eut apporter un vent de renouveau au château !

 


francais-0001-copie-1.JPG

 

C'est un hasard bienheureux qui m'a mis entre les mains le dernier livre de Gilles Legardinier : je vous avoue que, s'il fallait juger un livre uniquement à sa couverture, je n'aurais jamais laissé sa chance à celui-là ! Si je reconnais la beauté du chat, je déplore en revanche le montage et la pose effrayante de la bêêêête ! Même pour un livre qui se veut "hilarant", selon la quatrième de couverture, un peu de modération aurait été la bienvenue ! Par ailleurs, on a connu des titres plus soignés... Celui-là a un côté accrocheur qui me rebuterait d'emblée. Arrêtons-là le jugement sur la couverture ; vous allez croire que je n'ai pas aimé alors que c'est tout le contraire !

 

"Complètement cramé !", c'est le cri du coeur typiquement français que ne comprendra pas Andrew (qui dit ça, d'ailleurs ? Complètement zinzin, complètement frappé, d'accord, mais cramé ?!). Il faut dire que, quittant une vie rangée et dénuée de toute fantaisie, Andrew atterrit en France chez des particuliers hauts en couleurs ! D'ailleurs, lui-même se révèle très farceur et va bien vite rendre chèvre Odile, la cuisinière qui n'a pas l'habitude d'être contrariée. L'humour anglais, voilà ce qui manquait au château de Beauvillier !

 

Les personnages sont tous fort bien développés par l'auteur, et leurs interactions évoluent au fil de l'oeuvre grâce à Andrew, qui sert de liant à tous. J'ai moins apprécié les passages concernant Yanis, que j'ai trouvés moins crédibles au vu de l'âge supposé de l'enfant et la manière trouvée pour le motiver à s'améliorer à l'école. Mais l'épisode d'Halloween était proprement jubilatoire !

Par ailleurs, les sujets abordés par l'auteur, souvent sensibles, sont traités avec humour et sans dramatiser : la grossesse de Manon, les arnaques dont est victime Madame, les rapports parents/enfants...

 

Gilles Legardinier signe là un livre réjouissant, qui plaira à mon avis à tous les âges (j'ai bien prévu d'en faire profiter ma maman et ma grand-mère !) : peut-être une première idée pour Noël ?

 

Et déjà un 350ème article ! Le temps passe, mes aïeux...


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24 octobre 2012 3 24 /10 /octobre /2012 17:14

Être détective privé est bien la seule activité professionnelle qu'envisage Isabel Spellman : il faut dire qu'elle baigne dans cet univers depuis son plus jeune âge. Ses parents et son oncle gèrent l'agence Spellman, qui se fait fort de résoudre aussi bien des affaires financières que des affaires de couple. Pourtant, Isabel se rend compte, à vingt-huit ans, que le comportement intrusif de ses proches ruine toutes ses histoires d'amour : elle envisage alors de démissionner. Mais, alors qu'elle planche activement sur sa dernière affaire, sa petite soeur Rae disparaît : Isabel mobilise alors toutes les ressources en sa possession pour la retrouver.

 

spellman-associes-liza-lutz-L-1.jpeg

 

 

Si je ne partage pas l'avis de Lauren Weisberger, qui clame en couverture qu'elle n'a jamais rien lu de si drôle depuis lurette, je dois bien avouer que Spellman & associés m'a réconciliée avec la lecture, que j'ai délaissée depuis un bon mois (depuis, en fait, que j'ai découvert que mes deux mains gauches me permettaient quand même, après entraînement, de me mettre aux travaux manuels. Bref.).

 

Le livre se construit sur une alternance de courts chapitres, tous racontés par Isabel, la narratrice, qui revient sur son expérience de détective et celle de sa soeur Rae, tombée dans la marmite à six ans ! Ces flash-backs, réclamés par l'inspecteur Stone, forment l'interrogatoire auquel est soumise Isabel après la disparition de Rae : parfois, lorsqu'Isabel raconte des événements trop farfelus pour y croire, l'inspecteur Stone intervient et témoigne de son étonnement.

Il faut dire que la vie à la Spellman a de quoi surprendre : les cinq membres de la famille s'aiment à coup sûr, mais d'un amour vache... Tous se surveillent, font du chantage aux uns et aux autres, brisent les feux des voitures familiales pour éviter d'être suivis par l'un d'eux, et s'interrogent en permanence ; autant dire que la notion de liberté individuelle n'a pas cours à la maison !

 

Le lecteur de Spellman & associés n'a donc pas affaire qu'à un simple roman policier, mais l'intrigue policière se double d'une chronique familiale pas piquée des vers : si l'on se réjouit de ne pas faire partie de cette famille de vrais tarés, on se réjouit aussi d'être le témoin embarqué du récit d'Isabel, si bien organisé, à la manière de ses comptes-rendus professionnels, mais en même temps si loufoque ! Entre la liste de ses ex et de leurs dernières paroles, le récit des week-ends trop arrosés de l'oncle Ray et les frayeurs de Daniel, le dentiste amoureux d'Isabel complètement dépassé par les élucubrations familiales, le livre est un régal. D'ailleurs, quelques présomptions se font jour à la fin quant à la probabilité d'une nouvelle histoire d'amour dans les romans suivants, et je vais me faire une joie de continuer à suivre les aventures spellmaniennes !

 

Merci à Armelle de m'avoir prêté ce roman, dévoré en quelques jours et particulièrement apprécié !

Filez donc chez Emma, elle vous dira elle aussi à quel point elle a adoré !


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3 avril 2012 2 03 /04 /avril /2012 12:48

Lorsque Lola Gallagher, détective new-yorkaise, est appelée pour une fusillade dans un parc, elle ne s'attend pas à ce que la victime... ne soit pas tout à fait morte. La jeune femme, pourtant touchée par balle, vit toujours ; malheureusement, le choc l'a rendu amnésique. En retraçant son parcours pour tenter de comprendre qui elle est et pourquoi on a pu attenter à sa vie, Lola se heurte donc à des difficultés multiples : comment aider la jeune femme et mettre la main sur ses agresseurs si celle-ci ne peut l'aider ? Lola décide alors de faire appel à Arthur Draken, un psychanalyste renommé aux méthodes controversées, pour faire émerger des souvenirs inconscients.

 

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Me voilà très ennuyée pour parler de ce livre qui mêle allègrement très bonnes idées et méthodes originales avec des répliques et des personnages allant, selon moi, du détestable au ridicule.Je m'explique :

 

L'intrigue, dévoilée en quatrième de couverture, permet de retracer ce qui correspond probablement à l'ensemble des tomes à paraître dans la première saison de cette série. De la même manière que pour des séries télévisées, le concept est décliné en saisons et en épisodes : là, les auteurs ont su adopter un rythme convaincant qui conviendra au plus grand nombre ! D'autres codes dignes des séries policières américaines sont eux aussi employés : une équipe soudée autour d'une inspectrice de choc, un expert médical travaillant en lien avec l'inspectrice, un chef qui rouspète mais qui ne croit pas vraiment à sa propre autorité... On entre dans un domaine qui, s'il n'est pas inédit en télé, annonce un vrai changement dans les policiers publiés en feuilletons.

 

Là où je suis encore séduite, c'est dans les quelques révélations, attendues ou non, au fil des pages : par exemple, ce que l'on apprend au sujet des consultations médicales effectuées par Lola est tout bonnement malin ! Il ne s'agit pas d'un véritable coup de théâtre, mais bien d'une surprise complètement inattendue : d'ailleurs, on devrait apprendre d'autres choses encore par l'indiscrétion d'un collègue de Lola.

De la même manière, les quelques pages qui suivent la fin de ce volume présentent de manière très fine des éléments du deuxième épisode, à paraître le 25 avril : on nous en dit suffisamment peu pour ne rien dévoiler de crucial, mais juste assez pour susciter l'envie ! Il n'est pas question de donner les premières pages du tome 2, ni le premier chapitre, mais bien de courts extraits pris dans ce qui semble être au moins la première moitié de l'oeuvre ; là encore, on se croirait à la fin d'un épisode de série qui nous appâte avec quelques images de l'épisode à venir ! Voilà qui est particulièrement bien pensé.

 

En revanche, et c'est là que le bât blesse, il m'a semblé que les personnages peinaient à se défaire de clichés un peu tenaces : les coucheries évoquées entre Lola et l'un de ses collègues me semblaient déjà superflues, mais qu'ils y reviennent à coup d'allusions ni discrètes, ni très fines et ça devient lourd...

Dans leurs répliques "professionnelles", les policiers ne sont pas non plus très fins. Alors que Lola et son collègue Phillip décryptent une vidéo prise de la jeune femme juste avant le drame et qu'ils comprennent qu'elle révèle des indices, ils regrettent qu'elle ne résolve pas carrément l'enquête à leur place : "Peut-être disait-elle que l'enlèvement y aurait lieu...

- Ou qu'il y serait préparé, proposa Detroit.

- C'est dommage qu'elle ne nous donne pas la date de l'enlèvement, ni le nom de la victime potentielle...

- Et encore moins celui des gens qui la poursuivent !

- Oui. Ca laisse encore pas mal d'inconnues." (page 151)

Certes. Mais c'est votre boulot, les gars !

 

Je crois que le pire est incarné par Arthur Draken, le fameux psychiatre qui file un coup de main à Lola et qui nous est donné à voir lors d'une consultation avec une richissime cliente qui l'ennuie ferme. Il l'écoute, mais son esprit vagabonde et il imagine ce qu'il pourrait répondre à sa vieille cliente : "Après le décès de votre mari, vous n'avez jamais désiré un autre homme ?

- J'ai soixante-et-onze ans, docteur Draken !

- Vous en aviez soixante-trois quand il est mort... Et, de toute façon, une femme n'a-t-elle plus le droit d'éprouver du désir à soixante-et-onze ans ?

- Vous parlez de désir... charnel ?

Oui, bien sûr, je parie que la nuit tu rêves de te taper un gang de laveurs de carreaux, petite cochonne ! (page 103)

[...]

"A l'époque, les enfants n'avaient pas tous ces moyens de distraction qu'ils ont aujourd'hui, vous savez !

Ah bon ? Oh, la Seconde Guerre mondiale, c'était quand même super fun, non ?" (page 106).

L'ensemble se passe, à mon avis, de commentaire : ces remarques ont beau n'être pas formulées ou être pleines d'ironie, elles tombent à plat et n'ont même pas l'intérêt de faire un bon mot. On oublie. Et j'ai bien peur que ces répliques et les clichés qui entravent les personnages, s'ils ne m'ont pas empêchée d'apprécier le reste du tome 1, ne me rebutent suffisamment pour que je ne continue pas plus avant.

 

Je remercie pourtant bien sûr les éditions J'ai Lu !

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3 juin 2011 5 03 /06 /juin /2011 21:07

Mariée trop peu de temps à Enée, venu dans le Latium bâtir une nouvelle Troie, Lavinia entreprend de raconter l'histoire de celui qui fut son époux après avoir aimé Créüse et Didon, mais surtout la sienne. Depuis sa plus tendre enfance, en compagnie de ses deux petits frères morts bien avant l'heure jusqu'à l'âge qui la vit être la proie de l'ambition des beaux partis locaux, Lavinia retrace la route qui fut la sienne et qui mena à une guerre qu'elle ne voulait pas, mais contre laquelle elle ne put rien.

 

lavinia le guin

 

"Je n'avais pas appris que la paix irrite les hommes, qu'elle leur inspire, si elle dure, une rage impatiente, et que, même lorsqu'ils implorent les dieux de leur accorder la paix, ils travaillent contre elle et s'assurent qu'elle sera rompue, remplacée par la bataille, le massacre, le viol, l'immense gâchis."

 

D'Ursula K. Le Guin, je ne connaissais jusqu'alors que le nom. Grâce à Lavinia, j'apprécie désormais un style particulier, que je cherche tant bien que mal à définir sans trouver le mot qui convient à mon sens tant il ne répond qu'à un seul : virgilien.

 

Lavinia est la dernière épouse d'Enée, celle qui devient sa femme lorsqu'il trouve enfin le lieu annoncé par les oracles comme le lieu idéal pour bâtir sa cité. Virgile, l'auteur latin contemporain d'Auguste, qui rédige L'Enéide en l'honneur de celui-ci, ne fait que l'évoquer plus que rapidement. Celle dont on retient le nom, c'est Didon, l'infortunée Didon qui se suicide de colère et de dépit lorsqu'Enée la quitte pour reprendre sa quête. Lavinia n'a pas voix au chapître...

C'est pour pallier ce manque d'épaisseur du personnage de Lavinia que l'auteur lui donne ici la parole, et Lavinia devient le centre d'intérêt de tout le roman, narratrice et personnage.

 

L'histoire, qui découle de la prophétie rendue à Latinus et sa fille Lavinia, selon laquelle cette dernière ne devait pas épouser un roi du Latium, mais un roi étranger, est prise en charge par Lavinia dans une temporalité un peu floue : elle évoque son poète, mourant, venu en songe lui raconter sa vie à venir, tout en indiquant que lui-même n'était pas encore né... Lavinia, qui a vécu bien avant son poète, peut raconter sa vie avant que Virgile ne le fasse, mais n'existe pas tant que Virgile ne l'a pas sortie de l'oubli. Voilà une idée troublante qui ne pouvait que me séduire...

 

L'ensemble de l'histoire m'a plu, enchantée, passionnée : l'auteur raconte les guerres, l'amour filial, l'amour tendre, l'amitié sans mettre de côté les rites religieux et les coutumes de la vie quotidienne. J'ai aimé retrouvé l'évocation de l'Âge d'or, les honneurs rendus à Vesta, aux Mânes, aux Lares et aux Pénates expliqués à mes élèves cette année, justement. La description du bouclier d'Enée, au livre VIII de L'Enéide, est évoquée à de nombreuses reprises ici par Lavinia et Sylvius, le fils qu'elle a eu avec Enée.

 

On découvre dans Lavinia des personnages intéressants (le sage Latinus, la dangereuse Amata, le couard Turnus...) et des facettes mal connues d'Enée ; mais Lavinia reste définitivement le personnage le plus complet, sans être le plus complexe. Suivant la ligne de conduite qu'elle s'était fixée, obéissant à son père et aux coutumes de sa famille, constante, elle se dessine en jeune femme sage et droite. Ayant conscience de sa place de femme et des rôles qu'elle devait endosser, Lavinia est plus qu'un témoin de sa propre vie : elle devient un modèle, et une grande femme de l'ombre, à qui Ursula K. Le Guin offre enfin la reconnaissance éternelle.

 

Je remercie plus que chaudement Calypso pour le prêt de ce livre magique, et que j'ai maintenant envie de m'offrir et de conseiller à mes élèves latinistes ! Ce livre voyageur prend désormais la route pour, je l'espère, charmer Bambi_Slaughter !

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29 mai 2011 7 29 /05 /mai /2011 14:27

A la fin du XIXème siècle, Chicago vit une période mouvementée : après des heures de négociations acharnées, la ville s'est vu attribuer l'énorme chantier de l'Exposition universelle destinée à célébrer les quatre cents ans de la découverte de l'Amérique par Colomb. A la tête de ce projet, Daniel Burnham et John Root, architectes associés, mettent en forme des plans sensationnels inspirés de l'architecture antique classique et embauchent des dizaines de milliers d'ouvriers pour réaliser ce chantier titanesque en un tout petit peu plus de deux ans. Alors que la mission semble impossible, un certain H. H. Holmes vient poser ses valises à Chicago : profitant de l'afflux de visiteurs et de travailleurs sur le site de la future exposition, il construit un hôtel dans le but inavoué d'étancher sa soif de sang : sous nos yeux, pendant que se contruit pas à pas l'Exposition, Holmes assassine victime aprs victime, devenant le premier serial killer de l'histoire des Etats-Unis.

 

Erik-Larson-Le-diable-dans-la-ville-blanche.jpg

 

La Ville Blanche, c'est le site de l'Exposition universelle. Au cours des quelques 640 pages qui composent le livre, nous assistons à toutes les étapes constitutives de l'événement, depuis le dessin des plans, le choix du site, le début des constructions, les nombreux aléas qui freinent ou stoppent le chantier (tempêtes, incendies, accidents, intempéries...) jusqu'à l'ouverture et l'apothéose de l'Exposition. Quelques clichés officiels émaillent les chapitres, comme pour mieux illustrer la magnificience de cette Exposition, dont les bâtisseurs rêvaient qu'elle dépassât le prestige de l'Expo parisienne dont Eiffel fut le héros. Mais l'esprit, émerveillé par les nombreuses descriptions très documentées de l'auteur, se suffit à lui-même sans besoin des photographies, et on se plaît à imaginer l'incroyable sensation qu'ont dû ressentir les visiteurs de l'Exposition, frappés par la beauté et les moyens démentiels mis en oeuvre.

 

On croisera d'ailleurs la route de grands noms de l'architecture et de l'industrie, tels que Ferris, l'inventeur de la première grande roue qui fut l'attraction principale de l'Exposition et qui pouvait transporter jusqu'à 36000 passagers à la fois ! La démesure nous gagne... Mais ce sont bel et bien les architectes qui se partagent la vedette, entre Burnham et Olmsted, architecte-paysagiste responsable de l'harmonie de l'ensemble.

 

Dans les notes qui accompagnent l'ouvrage, l'auteur explique s'être inspiré de De Sang froid, de Truman Capote, pour essayer d'épouser son style ; c'est mission réussie. A la fois thriller et document, témoignage et enquête, le livre composite de Larsson est une vraie pépite sur le Chicago des années 1890.

 

L'histoire de Holmes se contruit en parallèle de l'évolution du site de Jackson Park : on le voit déployer sous nos yeux tous ces monstrueux stratagèmes qu'il destinait à ses futures victimes. La plupart d'entre elles, jeunes femmes venues trouver leur indépendance et du travail à Chicago, tombaient sous le charme d'un Holmes séducteur, beau parleur, bien élevé...et disparaissaient sans laisser de traces. Etrangement, Holmes réussit à tromper son monde pendant quelques années, et ses victimes se comptent par dizaines. L'auteur, dès le titre, met l'accent sur l'idée terrible que des meurtres par dizaines ont accompagné ce qui devait être la période la plus glorieuse de Chicago : la fin de siècle n'a pas été aussi idyllique que prévue.

 

Jamais violent, jamais choquant, le livre de Larsson n'en reste pas moins un livre passionnant, difficilement qualifiable mais qui sera définitivement mon coup de coeur du printemps !

 

Je dois ce coup de coeur à la très attentionnée Solène Perronno des éditions du Cherche-Midi, qui a une nouvelle fois su tomber juste avec un livre par-fait !

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10 novembre 2009 2 10 /11 /novembre /2009 12:33
Je vous parle aujourd'hui d'un OVNI dans ma PAL : après avoir découvert des auteurs de policiers et thillers venus du froid, comme Läckberg et Indridason (ou Larsson avant ce blog), voici le Norvégien Erlend Loe et son univers complètement décalé. La couverture parle d'elle-même :



"Bon, vas-y, dis-nous plutôt de quoi ça parle !"

Andreas Doppler
est un quadra typique qui vit à Oslo. Il est marié, a deux enfants, travaille, fait ses courses, consomme comme tout le monde et va se promener le week-end. Mais à la mort de son père, il prend conscience que tout cela est vain et décide de ne plus vivre au sein de cette société. Doppler va donc planter sa tente en marge du monde, dans la forêt proche de son domicile. C'est là qu'il rencontre un élan, qui lui tient compagnie, et qu'il commence à agir à rebours de ce que la société lui a toujours appris : il vole, se bat et fait l'éloge du retour à la nature et à l'essentiel.

J'étais bizarrement peu emballée à l'idée de lire ce bouquin qui figurait pourtant dans ma PAL. La couverture m'amusait peu, la tête du bonhomme encore moins. Mais après lecture, je n'imagine plus du tout Doppler ainsi et le vois plutôt comme un homme plutôt soigné, propre sur lui et bien habillé : c'est tout l'intérêt du livre, de nous montrer comment un homme qui a plutôt bien réussi sa vie plaque un jour tout ça pour aller vivre dans la forêt.
D'ailleurs, il s'amuse beaucoup, Doppler. Un élan, qu'il a prénommé Bongo, devient son ami après qu'il a tué sa mère pour pouvoir manger : il décide de lui apprendre à parler, à lire, à jouer au memory... On bascule dans l'absurde et les passages concernés sont très plaisants.

A côté de cette redécouverte enfantine du monde, des passages plus tristes m'ont paru poétiques et proposent une réflexion plus profonde sur le fait de savoir si cette vie en société nous rend réellement heureux : Doppler, pour manger, va se servir chez les gens. En manque de sucre, il décide de voler la barre géante de Toblerone qu'il voit sur la table d'un certain Düsseldorf. Ayant d'abord pensé à la voler, Doppler se rend compte que cet homme veuf ne vit que pour reconstituer grâce au modélisme la bataille de guerre pendant laquelle son père, qu'il n'a pas connu, a trouvé la mort. Une fois son travail achevé, Düsseldorf a prévu de se donner la mort. Cette vacuité de l'existence et le drame de cet homme m'ont beaucoup touchée. Et finalement, au moment où Düsseldorf s'en sort grâce à une émission de télé et rencontre un jeune garçon qui a lui aussi une passion étrange, le père de ce garçon menace Düsseldorf en le prenant pour un pédophile. Le jugement hâtif de cet homme qui voit le mal partout est encore un reflet malsain de la société dans laquelle nous vivons : Düsseldorf rejoint la cause de Doppler et vient lui aussi vivre dans la forêt. D'ailleurs, là où Doppler a commencé seul, il se retrouve bientôt accompagné d'autres hommes qui, après l'avoir critiqué, reconnaissent qu'il a raison. Et Doppler se retrouve confronté au problème qu'il a fui et ne peut plus profiter de la solitude.

Si je n'accroche pas entièrement au personnage de Doppler, qui a d'ailleurs tout quitté en laissant sa femme enceinte se débrouiller seule, je dois reconnaître que j'avais jugé l'ensemble trop vite et que ma lecture m'a plu, même si Doppler n'a pas réussi à me convaincre d'aller moi aussi installer mon campement en forêt et sympathiser avec Bambi !

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8 novembre 2009 7 08 /11 /novembre /2009 12:42
Quand je vous ai parlé du film à venir, vous avez été plusieurs à me vanter le livre ou à me dire que vous aviez prévu de le lire avant la sortie du film... Ni une ni deux, j'ai emprunté le livre trouvé miraculeusement dans ma petite bibliothèque chérie. Encore une fois, j'ai bien fait de suivre vos conseils avisés !


"Bon, vas-y, dis-nous plutôt de quoi ça parle !"


Alors qu'une tempête violente se prépare, le marshal Teddy Daniels débarque sur Shutter Island pour enquêter sur une mystérieuse disparition. Cette île abrite l'hôpital psychiatrique Ashcliffe, dans lequel sont enfermés de dangereux patients souvent coupables de meurtres. Aidé de son coéquipier Chuck Aule, il a pour mission de découvrir comment Rachel Solando, une patiente coupable d'avoir assassiné ses trois enfants, a pu s'évader d'une cellule fermée, échapper à la surveillance de nombreux gardes et rester introuvable sur toute l'île. Daniels s'interroge mais se retrouve bientôt confronté à l'étrange mauvaise volonté du corps médical qui refuse de coopérer. La tempête qui ravage l'île, coupant toute transmission possible avec le continent, semble ne pas être la seule à vouloir le garder en ces lieux...

J'avoue franchement avoir lu le début du livre sans avoir été vraiment convaincue par le style qui me semblait peu percutant et l'histoire que je trouvais somme toute classique. C'est lorsque la situation commence à déraper sur l'île que j'ai repris goût au récit, pour mon plus grand plaisir. Daniels met la main sur de mystérieux codes disséminés par Rachel Solando, qu'il décrypte et qui le font avancer dans ses démarches, mais surtout l'équipe de médecins d'Ashcliffe adoptent une attitude véritablement étrange envers le marshal, comme s'ils ne voulaient pas vraiment qu'ils découvrent ce qui était arrivé à Rachel.
J'ai beaucoup apprécié le personnage de Daniels, meurtri par la disparition tragique de son épouse et qui s'en veut encore beaucoup, plusieurs années après : encore dévoué à sa mémoire, il rêve souvent d'elle et paierait cher pour la tenir encore dans ses bras. J'ai trouvé cette histoire d'amour inachevée véritablement puissante et belle.
Si le personnage de Daniels est celui autour duquel le récit s'articule, grâce à l'enquête, c'est la fin du récit qui le sublime et nous fait nous tourner rétrospectivement sur toute l'enquête pour la regarder d'un oeil complètement différent. Cela faisait bien longtemps que je n'avais pas été aussi convaincue par le dénouement d'un thriller : Dennis Lehane m'a littéralement bluffée avec ce basculement final que je n'attendais pas et qu'on ne comprend réellement que dans les toutes dernières pages. C'est une réussite totale.

Parmi nos camarades bloggeurs, Swoop avait deviné l'affaire mais reste conquis ; Yohan en reste pantois ; Jumy elle aussi en est tout étonnée ; Kitty était captivée ; Sylire l'a trouvé magistral, tout comme Calypso, Emeraude et Ys ! Lehane fait décidément l'unanimité...

Je vous renvoie pour finir à la bande-annonce du film que j'avais postée ici, et que je revois d'un autre oeil maintenant que j'ai lu le bouquin... J'irai sans hésiter au ciné dès le 24 février 2010 !


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30 octobre 2009 5 30 /10 /octobre /2009 21:57
En cette veille d'Halloween, vous avez vu fleurir sur la blogosphère des articles abomiffreux à propos de gens particulièrement sympathiques tels que Dracula, la créature de Frankenstein et leurs comparses. Moi-même, je vous parlais il y a quelques jours de Gilles de Rais, un monstre bien réel.

Continuons dans la joie et la bonne humeur avec Paris fais-nous peur, sous-titré 100 lieux du crime, de l'étrange et de l'irrationnel.


"Bon, vas-y, dis-nous plutôt de quoi ça parle !"

Il s'agit ici non pas d'un roman mais d'un guide touristique se proposant de vous (nous) faire visiter la capitale suivant des thèmes particulièrement excitants : le crime et l'étrange. Les auteurs, en nous faisant remonter dans le temps, nous emmènent sur les traces de Landru, del'empoisonneuse la Voisin, de l'alchimiste Nicolas Flamel... On déambule dans les catacombes, on côtoie les pendus du gibet de Montfaucon, on ouvre l'oeil à Pigalle, repaire de brigands...

Je m'imagine mal arpenter les rues de Paris avec ce joli guide en main pour voir ce qu'il reste de ces hauts lieux du crime ou de ces maisons qui un jour ont connu un drame. Et d'ailleurs, les auteurs nous précisent bien ce qu'il reste à voir : souvent, ce n'est plus grand-chose. Si le guide est assez bien construit (par arrondissements ou quartiers), les illustrations m'ont déplu : je ne m'attendais pas à voir des photos de victimes pour les affaires du début du XXème, photos sordides s'il en est (corps dans des valises, cadavres d'enfants...).

Par ailleurs, je n'ai rien retenu de ma lecture : on s'éparpille dans des dizaines d'affaires. J'ai été amusée de reconnaîtres des noms déjà croisés dans des livres d'histoire ou ailleurs, mais le reste m'a peu intéressée, alors que je reconnais volontiers que le style de l'auteur est souvent agréable malgré le sujet. Pourtant, j'avoue que ne pas le lire d'une traite mais plutôt au rythme de quelques histoires par jour avait d'abord retenu mon intérêt. Tant pis !
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19 octobre 2009 1 19 /10 /octobre /2009 06:00
C'était une lecture hautement imprévue, que j'ai pris quand même après avoir dépassé mon quota de livres à la bibliothèque (mais je vous l'ai dit, je les ai à la bonne, et eux aussi !). Cela fait déjà quelques mois que je croise cette jolie couverture sur vos blogs et j'avais envie de m'y mettre aussi, après avoir fait comme vous connaissance avec cette nouvelle édition grâce à la série Millenium.


"Bon, vas-y, dis-nous plutôt de quoi ça parle !"

Patrick Hedström
est inspecteur de police en Suède. C'est l'été et il fait une chaleur torride. Sous un soleil de plomb sont retrouvés le corps d'une jeune femme dénudée et deux squelettes. On identifie très vite ces trois victimes et Hedström doit faire face à une vague de panique : un serial killer aurait repris son activité plus de vingt ans après ses premiers meurtres. Les soupçons se tournent très vite vers la famille Hult, descendants d'un célèbre prédicateur et surtout charlatan nommé Ephraïm. L'un de ses fils, Johannes, avait été dénoncé par son frère Gabriel lors des disparitions des premières jeunes femmes et s'était suicidé. Les fils de Johannes, deux voyous à la manque, sont à leur tour soupçonnés, tout comme le fils de Gabriel, Jacob, qui semble avoir hérité de son grand-père de grandes qualités en matière de rhétorique. L'enquête avance petit à petit mais la pression augmente lorsqu'une jeune fille, Jenny, disparaît à son tour... Hedström met tout en oeuvre pour essayer de la retrouver à temps...

Je n'ai pas commencé la lecture avec le bon tome : j'ai découvert après coup qu'il existe un premier tome (La Reine des Glaces) qui met en scène Patrick Hedström et sa compagne Erica Falk. Pourtant, ne pas les avoir rencontrés avant ne m'a pas du tout dérangée dans ma lecture. Je suis curieuse de le lire quand même un jour, car ce couple m'a bien plu. Je lirai aussi la suite, Le Tailleur de pierre, qui vient de sortir.

En attendant ces prochaines lectures, ce volume m'a séduite par son rythme : l'auteur ne se contente pas d'alterner les passages vus selon l'inspecteur ou vus selon le suspect principal/le meurtrier. Ici, on a constamment l'alternance entre chaque personnage : Erica, Hedström, les collègues d'Hedström, la famille Hult au complet... et même les jeunes femmes enlevées à la fin des années 70 sont le centre de la narration chacun leur tour. On remarque d'ailleurs que certains détails de la vie des uns ou des autres ne sont pas exploités dans la suite du livre, on imagine donc qu'on les retrouvera dans le volume suivant.
J'ai trouvé que les personnages étaient très étoffés et l'intrigue m'a intéressée. Pas tenue en haleine, pas passionnée, mais j'avais l'impression de chercher, comme Hedström. De piétiner, comme lui, de faire des découvertes importantes, etc : j'étais partie prenante de l'histoire. Et ça, j'aime ça. C'est assez rare pour être signalé. C'est différent d'être tenue en haleine et d'avaler les pages le plus vite possible pour vite savoir : là, on réfléchit. Et quand, grâce au système de narration dont je vous ai parlé, on découvre un élément avant Hedström, on a quasiment envie de le lui souffler.

Vous trouverez ici, sur l'article dédié à ce livre sur Blog-O-Book, tous les autres bloggeurs qui en parlent également !
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26 avril 2009 7 26 /04 /avril /2009 13:58
De retour ! Entre les balades sur toute la Côte d'Emeraude, les galettes et crêpes de toutes les saveurs, les pieds dans l'eau parfois (oui oui !), les visites plus ou moins culturelles et la dégustation à but tout à fait culturel cette fois de palets pur beurre, vous admettrez que je n'ai pas eu énormément le temps de lire... 

Je me suis contentée d'un seul livre, que voici :


Ce choix s'explique de manière très prosaïque : j'ai trouvé ce livre dans un présentoir "servez-vous" de ma librairie préférée :) J'aime quand ce genre de petit bonheur arrive !

"Bon, vas-y, dis-nous plutôt de quoi ça parle !"

Je suis très ennuyée pour vous faire le résumé de ce livre... Jean d'Aillon nous présente un récit écrit par Aurore La Forêt qui présente la vie de son beau-père, Louis Fronsac.
Elle évoque sa scolarité au collège de Clermont au milieu de jeunes garçons fortunés et promis à un brillant avenir avant d'en venir à la vie professionnelle de Fronsac, qui, grâce à un esprit curieux, devint un enquêteur renommé sous le règne de Louis XIV. L'essentiel de ce livre est en fait consacré au récit de nombreuses anecdotes et enquêtes qu'il a menées pour de riches personnes qui le chargeaient de missions diverses : on y croisera Mazarin, la Brinvilliers, l'empoisonneuse, Mme de Sévigné, l'homme au masque de fer... et tant d'autres !

Toutes ces petites histoires et leur arrière plan historique m'ont beaucoup plu et m'ont intéressée. Quel plaisir que de reconnaîtres des noms, des intrigues qui m'étaient sorties de l'esprit depuis le bac français, épreuve pour laquelle ma prof de français bien aimée nous avait fait lire les milliers de pages du Malet-Isaac pour pallier à notre inculture en la matière...



En revanche, je regrette d'avoir lu ce livre directement puisqu'il fait partie d'une collection chronologique, j'ai donc raté des épisodes et les allusions qu'y fait l'auteur sont trop succintes à mon goût.
Par ailleurs, même si le style est plaisant, on se perd vite dans la multitude de personnages évoqués, leurs titres et leurs relations qui évoluent sans cesse. C'est le côté un peu fouillis qui peut rebuter. C'est donc une lecture que je ne conseille qu'à des amateurs avisés...

Demain, mon avis sur un livre autrement plus passionnant lu d'une traite sur le chemin du retour... Suspense !

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