Renvoyé de son dernier poste d'enseignant après avoir violenté un élève, sous le coup de l'alcool, Jack Torrance a désespérément besoin de ce poste de gardien à l'hôtel Overlook, en pleine montagne. Son fils, le petit Danny, a pourtant l'intuition que cet hôtel est un lieu néfaste : même s'il ne sait expliquer clairement ce qu'il ressent et ce qu'il voit, de peur d'inquiéter ses parents, Danny sait que cet hôtel va se révéler nuisible pour la paix familiale. En effet, après quelques semaines d'isolement à l'hôtel en plein hiver, Jack Torrance devient comme fou, possédé par l'esprit des lieux, et se prépare à tuer son fils, pour répondre aux injonctions de l'hôtel et de ses maléfiques habitants.
Quel monument que ce Shining ! A l'idée de lire la suite, Docteur Sleep, dont Stephen King venait faire le week-end dernier la promo à Paris, il fallait absolument que je me replonge dans l'original ! Et Khadi l'a lu aussi, pour l'occasion !
Pour avoir revu aussi le film de Kubrick, dont est extraite la photo en couverture et librement adapté du livre de King, je dois avouer qu'il a terriblement vieilli, et que seul le génialissime Jack Nicholson sauve ce film aux choix discutables (et film qui n'avait d'ailleurs pas convaincu Stephen King) en interprétant un Jack Torrance plus que convaincant et effrayant.
Ce que j'ai apprécié dans le livre, et qu'on ne retrouve justement pas assez à mon goût dans le film, c'est que King installe dans les premiers chapitres la vie de famille des Torrance, aimante et stable, malgré quelques mauvaises passes causées par l'alcoolisme de Jack. La dérive de Jack à l'hôtel Overlook est d'autant plus terrible quand on constate l'attachement qu'il témoignait à son fils en début d'oeuvre. Par ailleurs, le personnage de Wendy est éminement attachant dans le livre, tandis qu'elle est juste extrêmement agaçante dans le film (et qu'on comprend que Jack ait envie de s'en débarrasser).
L'hôtel Overlook est définitivement un endroit dans lequel il ne ferait pas bon aller passer un petit week-end : haut lieu des activités mafieuses dans les années folles, il reste hanté par l'esprit de ses illustres locataires, qui vont apparaître plus ou moins rapidement aux trois membres de la famille Torrance et entraîner Jack à tenter de commettre l'irréparable. King fait oeuvre de génie en nous présentant un personnage pourtant intelligent, d'apparence sain et réfléchi, qui va se laisser prendre au piège par l'hôtel.
Ces passages, dans lesquels on sent l'hôtel se réveiller et plonger Jack Torrance dans un univers parallèle, sont ceux qui m'ont le plus glacé le sang. Le passage des animaux en buis qui s'animent à leur tour vaut aussi son pesant de cacahuètes. Oui, on frissonne toujours en 2013 en (re)lisant Shining !
Le don de Danny m'a à nouveau fascinée, pas tant dans sa faculté à avoir des visions et des flashs faisant renaître le passé, mais dans sa manière de communiquer avec Dick Halloran, le gardien de l'hôtel lui aussi porteur du Don. Quelle attente interminable, quand Danny appelle Halloran au secours !
Cette relecture, que j'appréhendais un peu de peur de briser la magie qui entourait mes souvenirs d'ado, m'a absolument ravie, et j'y ai retrouvé tout ce que j'aime décidément chez Stephen King, notamment dans sa manière de raconter comment la vie d'Américains moyens se retrouve bouleversée irrémédiablement par l'horreur surnaturelle qui débarque dans leur vie. C'est ce que j'aime aussi dans Salem, dans Bazaar, dans le premier Dome...
Quand je pense qu'Emma voudrait qu'on relise Ca, mon préféré parmi tous les autres, j'espère pour le coup ne pas casser mes souvenirs absolument enchantés et terrifiés de cette folle lecture !
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