Fredo pousse les chariots : c'est son boulot. Dans un hôpital, au service de rééducation destiné à améliorer le confort de vie des personnes âgées, Fredo va chercher les patients et les amène à bon port, à la radio ou auprès du kiné. Il y va fort, Fredo : il aime bien les bousculer un peu, les vieux, et faire du rodéo dans les couloirs. Personne n'y croit, de toute façon : le kiné, les radios, les expériences, tout ça ne sert plus à rien aux grabataires qui dorment là, et tout le monde passe le temps tranquillement...
Mais débarque un jour Alphonse Lepointre, un vieux truand qui n'a pas du tout envie de se laisser faire comme tous les autres. Fredo et lui sympathisent et rêvent d'une combine qui leur assurera des jours heureux au soleil. Lorsqu'une vieille rombière pleine aux as vient se faire soigner à l'hôpital, Fredo et Lepointre y voient une occasion en or...
Pour ma première lecture d'un Jonquet, je ne m'attendais pas du tout à ça : alors que j'imaginais un policier pur et dur, Jonquet nous entraîne à sa suite dans ce qui ressemble à du San-Antonio pur jus !
Alors que le tableau qui nous est donné à voir n'est pas d'emblée réjouissant, l'auteur rajoute à l'ensemble une bonne couche de cynisme quant à la cruauté des médecins et la vacuité de la vie des personnes âgées à l'hôpital. Au point de nous mettre mal à l'aise ? Non, mais Jonquet sait appuyer là où ça fait mal, quand on réalise qu'on savait déjà tout ça sans vouloir se l'avouer. Tout le petit monde du milieu hospitalier et des familles des malades passe à la moulinette de l'auteur qui se livre à une vraie critique sociale dont personne ne sort gagnant.
Au milieu de tout cela, Fredo se taille une drôle de place. Entre une compagne envahissante, qui voudrait le traîner malgré lui dans un combat syndical dont il ne veut pas, et un boulot qu'il estime bien en-deça de ses capacités réelles, il est prêt à laisser tomber des scrupules qu'il n'a d'ailleurs peut-être pas du tout pour se lancer dans une escroquerie qui le dépasse parfois. Lepointre et lui forment une sorte de duo qui n'aurait pas manqué de succès dans le cinéma de papa il y a quelques dizaines d'années, mais qui manque peut-être d'un soupçon de modernité. A moins que ce ne soit finalement là que réside tout l'intérêt de l'ouvrage ?
D'autres avis chez des lectrices de Jonquet plus averties que moi (pour l'instant !) : Lili, Stephie, Pimprenelle, Calypso et Val.