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8 décembre 2011 4 08 /12 /décembre /2011 13:41

Lorsque son patron lui propose d'emprunter sa voiture pour se promener pendant ses congés, Mr Stevens, le majordome, commence par ne pas trop y croire. Puis, envisageant la visite qu'il pourrait rendre à Miss Kenton, l'ancienne intendante du domaine, il finit par accepter la proposition de Mr Farraday. Le voyage en automobile et les étapes du voyage dans des auberges de village sont autant d'occasion pour Stevens d'évoquer les grandes heures de sa carrière au service de son patron d'antan, Lord Darlington.

 

Les-vestiges-du-jour.jpg

 

Plus jeune, je confondais allègrement, sans les avoir lus encore, Les Vestiges du jour et Tous Les Matins du monde : jour, matins devaient se mêler dans mon esprit ! Maintenant que j'ai lu les deux oeuvres, je trouve que cette erreur est finalement pardonnable si l'on considère la phrase "Tous les matins du monde sont sans retour", qui donne son nom au roman de Quignard et qui me semble également caractériser l'ambiance du roman d'Ishiguro.

 

Regard(s) d'un homme vieillissant sur les années passées au service d'un patron qu'il admirait et qu'il appelle "sa Seigneurie", Les Vestiges du jour sont empreints de doux regrets d'un temps révolu, souvenirs marqués justement par la figure d'un patron respectable et respectueux que le majordome se plaît à saluer. Ces moments propices au souvenir sont ainsi l'occasion, pour le majordome, d'évoquer ce qui fait d'un majordome un "grand" majordome, notamment le service d'un homme qui agit pour le bien de ses contemporains et la dignité que se doit de garder le serviteur en toutes circonstances.

 

Cette dignité, dont il  est question tout au fil du roman, est selon Stevens la qualité première que se doivent de posséder les hommes. Ainsi, le portrait de son père par Stevens est un passage primordial, car on verra avec douleur que les moments les plus intimes entre les deux hommes ont toujours été marqués par une grande maîtrise, une grande retenue dues à leur professionnalisme exacerbé. Stevens ne semble pas le regretter, mais l'ensemble du livre se construit sur son idée selon laquelle les qualités du majordome doivent influencer la vie de l'homme. Il ne se défait donc jamais d'une pudeur excessive, qu'il voit comme l'apanage idéal du majordome.

 

On attendra alors tout le roman la rencontre qui doit arriver avec Miss Kenton, ancienne collègue de Stevens : leur relation, annonce le majordome, est est toujours restée strictement professionnelle ; il se défend d'ailleurs de la moindre familiarité envers elle. Pourtant, les dialogues qu'il rapporte entre Miss Kenton et lui, vingt ans plus tôt, laissent à penser que Miss Kenton espérait à l'époque se lier davantage à lui. Dans leurs dialogues, on lit souvent des perches tendues, des ouvertures que Stevens ne voit pas... ou ne veut pas voir ; toute la question est là.

 

L'aveuglement de Stevens, dont il semble n'être pas conscient, s'avère être également la cause de la défense, bac et ongles, qu'il prend de Lord Darlington. A plusieurs reprises, Stevens évoque les tractations entreprises par son ancien patron pour faire réviser le traité de Versailles pendant l'entre-deux-guerres. Entre les lignes, on décèle alors l'intérêt croissant que porte Darligton au régime nazi : Stevens le dément absolument, mais les soupçons sont déjà bien là. L'affection profonde de Stevens pour l'Angleterre lui voile-t-elle la face sur la réalité des agissements de son patron ?

 

La lecture se termine donc sur un sentiment d'amertume, dû à la rigueur que s'est imposée Stevens et qui l'aura très sûrement empêché de voir ce qu'il aurait dû voir, tant sur le plan profession que sur un plan personnel et affectif.

 

L'ont également lu les amies Maggie76, Theoma, Karine :), Kalistina et Manu.

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13 mai 2009 3 13 /05 /mai /2009 18:00
C'est après avoir vu que diverses copines virtuelles, mais pas toutes bloggeuses, avaient lu du Indridason et en étaient ravies que j'ai décidé de m'y mettre. Et en toute logique, c'est avec la première enquête d'Erlendur, le flic inventé par Indridason,  que j'ai commencé.


J'aime inconditionnellement la couverture, que je trouve très élégante, sobre, énigmatique. Le nom de l'auteur en lui même me fascinait déjà (ne vous moquez pas, je vous entends déjà), l'image et ses couleurs m'ont séduite, et le titre m'interrogeait : je pensais plutôt à un cimetière antique, ou un truc du genre... C'est seulement une fois le livre acheté que j'ai lu la quatrième de couverture.

"Bon, vas-y, dis-nous plutôt de quoi ça parle !"

Erlendur
est un flic ringard, aux méthodes particulières, et qui vit comme un ours dans un appart cracra. Il n'a pas l'air sympa, comme ça. Ca tombe bien, il ne l'est pas. Il fait parfois preuve de compassion, mais il rue parfois dans les brancards. Aidé par ses collègues Sigurdur Oli et Elinborg, il doit enquêter sur le meurtre d'un dénommé Holberg, dont il découvre bien vite le passé trouble de violeur... Mais le meurtrier a laissé une note sur les lieux, qui laisse supposer des liens avec Holberg, que l'on croyait pourtant seul au monde. Holberg remonte les fils de la vie d'Holberg : son enquête le mène dans des coins reculés d'Islande, lui fait remonter le temps jusqu'à quarante ans en arrière, et finit par lui apprendre l'existence de la Cité des jarres... Vais-je vus dire ce que c'est ? Oui ? Non ? Non ! Vous irez voir vous même en quatrième de couverture :) Ou ailleurs !

Pour tout dire, j'ai été déçue. Oui, vous avez bien lu. Pourtant, je l'ai dévoré. Qu'est-ce qui n'allait pas, alors ?
J'attendais beaucoup de ce livre, peut-être trop. Je n'ai pas assez vu la Cité des jarres, j'aurais aimé qu'elle ait une part plus importante dans le livre. Et je n'aime pas trop les thrillers qui basculent dans le médical, ça ne m'intéresse pas énormément. Malgré tout, l'enquête avance pas à pas, méthodiquement. J'avais d'ailleurs parfois envie de taper du poing comme Sigurdur Oli quand Erlendur se met à couper les cheveux en quatre !

En parlant des collègues d'Erlendur, je ne les ai pas trouvés assez bien exploités. Ils me sont apparus comme les faire-valoir d'Erlendur, sans plus, et c'est plutôt dommage. Quant à Erlendur, si j'ai dans l'ensemble apprécié sa façon de mener l'enquête, je n'ai pu que déplorer les relations qu'il entretient avec sa fille : je comprends tout à fait qu'ils soient différents, mais son attitude envers Eva Lind ne cadre pas avec le reste du personnage. Erlendur est vieux jeu, sauvage : comment comprendre qu'il laisse sa fille végéter sous l'emprise de la drogue, même enceinte ? Son ouverture d'esprit à ce sujet m'a beaucoup surprise ; Erlendur n'a pourtant rien d'un ex-hippie permissif.

J'ai beaucoup aimé découvrir l'Islande et en apprendre plus sur un pays qui m'était totalement inconnu. Et pour finir, je pense quand même continuer avec le deuxième opus, La Femme en vert, qui est censé être meilleur d'après ce que j'ai entendu dire à droite et à gauche... Les travers de ce livre seront sûrement effacés maintenant que l'on connait les personnages.

Pour finir, comme d'habitude, les avis des camarades : Pimprenelle et Stephie ont commenté ce livre récemment sans me dire qu'elles le lisaient, sans quoi je me serais jointe à elles (vilaines !), mais les grands esprits se sont rencontrés quand même ! D'autres avis, de Sentinelle
, d'Ori, de Keisha...
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9 avril 2009 4 09 /04 /avril /2009 08:15
Quand j'ai terminé L'Homme au complet marron, j'avais encore devant moi un trajet d'une heure et demie en train... Et je n'avais pas, ô comble de l'infortune, emporté de livre d'avance puisque je promenais encore Northanger Abbey dans le fond de mon sac... Jvous jure.
Du coup, j'ai arpenté la gare d'un pas triste, m'imaginant déjà obligée de corriger des copies déprimantes, jusqu'à ce que je m'aperçoive que le cafetier du buffet de la gare proposait quelques livres à vendre. Et pas n'importe lesquels : des Brigade Mondaine, des OSS 117, la série des Mazo de La Roche... Heureux de voir quelqu'un s'approcher de son présentoir, le charmant monsieur me proposa d'en avoir deux pour le prix d'un : du coup, pour 1,50€, je repartis avec les deux seuls livres qui me semblaient dignes d'intérêt, qui sentaient le moins le renfermé et qui ne tombaient pas en miettes : Thérèse Raquin (dont je m'aperçus ensuite que je l'avais déjà) et Lady Fantôme de William Irish, que je ne connaissais que de très loin, sans l'avoir jamais lu.

Voici une jolie couverture, qui n'est évidemment pas la mienne...


"Bon, vas-y, dis-nous plutôt de quoi ça parle"

Plutôt que d'être divisée en chapitres, l'histoire est coupée en rubriques intitulées "Xème jour avant l'exécution" : les jours s'égrènent et le compte à rebours s'accélère.

L'histoire est simple : Scott Henderson passe la soirée avec une femme rencontrée dans un bar. Ils vont dîner ensemble et se rendent à l'opéra. Ils décident tous deux de ne pas révéler leur nom, ni de donner d'indications sur leurs vies personnelles puisqu'ils n'ont pas prévu de se revoir. En rentrant chez lui, Henderson a la désagréable surprise de constater que sa femme a été assassinée et que les policiers sont déjà sur place. On apprend que sa femme et lui se sont disputés avant son départ : il est à plus forte raison encore le premier suspect.

Henderson décide donc d'expliquer son alibi et raconte comment s'est passée sa soirée. Mais lorsque les policiers commencent leur enquête, personne ne se souvient de la femme en question ! Le barman, le chauffeur de taxi, le serveur du restaurant, le personnel de l'opéra, personne ne se souvient d'elle ! Pourtant, tous l'ont vue, servie, interpelée... Détail plus surprenant encore : elle portait un chapeau orange pour le moins voyant ! Mais non, elle semble n'avoir jamais existé... Et Henderson est condamné à être exécuté pour le meurtre de sa femme.

En dernier recours, il appelle à l'aide son ami le plus dévoué, Lombard. Aidé de Burgess, un policier convaincu de l'innoncence d'Henderson, Lombard interroge tous ces potentiels témoins un par un pour faire innocenter son ami... Mais les morts se succèdent encore, et les témoins disparaissent un par un.


En faisant quelques recherches sur Irish après ma lecture, j'ai lu quelque part qu'il était considéré comme le premier auteur de romans à suspense... Je confirme ! Le livre se lit rapidement (un bon trajet en train donc, un peu plus de 200 pages) car le style de l'auteur est très fluide. Le compte-à-rebours est stressant, prenant. On se demande qui à fait le coup : cette fois, aucune certitude, et les idées que l'on peut avoir formulées sont toutes balayées par le retournement de situation final. Une lecture prenante donc, et d'autant plus plaisante qu'elle était imprévue !



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