Deux hommes se réveillent dans une salle de bains sordide, sale et aux éléments tachés de rouille, tous deux enchaînés par un pied chacun d'un côté de la pièce. Entre eux, un homme mort est allongé, victime d'une balle en pleine tête : il tient dans ses mains un revolver et un magnétophone. En écoutant les cassettes qu'ils découvrent dans la pièce, les deux hommes comprennent qu'ils doivent, pour rester en vie, obéir à un certain nombre de consignes dictées par un maître du jeu machiavélique.
(J'en connais un qui aurait besoin d'une bonne pédicure...)
Toutes les excuses étant bonnes pour regarder des films-qui-font-peur, le challenge d'Halloween organisé par Lou et Hilde était l'occasion rêvée. D'ailleurs, mon abnégation n'ayant aucune limite, j'ai volontairement opté pour une série de films qui me donnerait moult frissons.
Dans ce premier volume parmi les sept films Saw, nous faisons la connaissance de Lawrence et d'Adam, enfermés sans raison apparente. Au fur et à mesure que le film se déroule, tous deux se souviennent des circonstances de leur enlèvement.
Seul objet neuf dans un décor particulièrement sale, une horloge neuve dépare : c'est le fondement de la mise en scène macabre dont les deux hommes sont les proies. En effet, la voix enregistrée sur les cassettes que vont écouter Lawrence et Adam leur révèle qu'ils disposent d'un temps limité pour s'échapper de l'endroit. Plus retors encore, il leur est demandé de venir à bout de la résistance de l'autre pour survivre : si le tueur dit vouloir jouer à un jeu, la mort d'un ou des participants reste un prix atroce à payer.
Très vite, Lawrence pense savoir qui est le responsable de tout cela : il évoque une affaire dans laquelle il avait été soupçonné puis innocenté, celle du Tueur au puzzle, the Jigsaw killer. Dans un flash-back, on entend alors le témoignage de la seule survivante des mises en scène machiavéliques de Jigsaw : enfermée dans une machine qui lui fera exploser la mâchoire, Amanda doit s'en libérer en un temps limité en allant chercher la clé dissimulée dans le corps d'un homme mort...

C'est après la "victoire" d'Amanda qu'apparaît pour la première fois l'automate représentant Jigsaw qui ne se dévoile pas auprès de ses proies.
Le sort de Lawrence et Adam semble donc défini d'avance par les règles du jeu éditées par Jigsaw. Comment les deux partenaires forcés s'en tireront-ils ?
Aaaah, Saw... J'avais dix-huit ans à la sortie de ce film, et encore bien trop froussarde pour oser aller le voir au cinéma : je l'ai vu un peu plus tard, sans y faire trop attention et dans des conditions idéales pour faire tomber à l'eau toute l'atmosphère (en plein jour, en rigolant, en grignotant...). Pour le challenge, sérieux oblige, c'est dans des conditions cette fois propices à la concentration que j'ai revu le film et je dois avouer que, si Saw ne vous fait pas hurler de terreur, il a de quoi vous scotcher au canapé.
Toute la réussite du film tient en plusieurs points particulièrement soignés :
- un décor tout cracra qui filerait des cauchemars à toute personne normalement constituée.
- une espèce de marionnette très laide, mixte entre un pantin et un clown, apparemment douée d'une vie propre lorsqu'on la voit s'avancer vers Amanda dans la fameuse scène citée plus haut.
- un tueur invisible qui a prévu à l'avance toutes les réactions possibles de ses victimes et qui, surtout, défend l'idée que, loin justement d'être un tueur, il offre une possible rédemption à des personnes ayant gaspillé ce que la vie leur a offert en leur prouvant le prix de leur existence (par exemple Lawrence, qui a tout pour être heureux mais trompe sa femme). Ainsi, il considère que tout ceux-ci devraient plutôt se montrer reconnaissants. Le tueur qui se prend pour un dieu omnipotent, c'est LE principe sur lequel repose l'ensemble des Saw.
De plus, seule une scène peut s'vérer difficile à regarder pour un spectateur adulte et le gore que l'on pourra reprocher à d'autres films de la série ne déborde pas de ce premier volume.
Côté casting, on se félicitera de la présence de Danny Glover, pourtant bien sous-exploité et en-deçà de son jeu d'acteur habituel.
A noter aussi, le rôle de Monica Potter, épouse de Lawrence Gordon. Elle incarnait la mère dans le très bon remake de La Dernière Maison sur la gauche sorti en 2009 (que je vous conseille pour le challenge si vous ne l'avez pas encore vu !).
Quant aux deux acteurs principaux, si j'ai apprécié le choix de Leigh Whannell pour incarner le photographe Adam,

j'ai en revanche regretté Cary Ewles qui joue Lawrence Gordon : je l'ai trouvé plat, transparent et peu crédible lorsqu'il tente d'exprimer la moindre émotion (et Saw est pourtant le film pour lequel savoir mimer la souffrance semble être essentiel).
Enfin, et c'est là que Saw est à ranger selon moi dans les bons grands films-qui-font-peur, le dénouement du film est un véritable choc insoupçonné (je n'irai pas jusqu'à insoupçonnable, mais je ne connais personne qui ait vu le truc venir avant la fin) et de qualité, pas tiré par les cheveux ni ridicule. D'ailleurs, rien que le fait de voir la fin justifie le fait de regarder le film !
Merci à Lou et Hilde d'avoir remis ce challenge au goût du jour !
A venir, le volume 2 de la série !
