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24 août 2013 6 24 /08 /août /2013 01:00

L'holmésologie, c'est la discipline quasi scientifique selon laquelle Sherlock Holmes ne serait pas un simple personnage de fiction mais bien un personnage historique, ayant réellement existé. Alors que la première chaire d'holmésologie est créée à la Sorbonne, les candidats en lice à l'obtention de cette place se livrent une lutte enragée à l'hotêl Baker Street : c'est à celui qui livrera le plus gros scoop sur Sherlock Holmes ! Mais bientôt, les participants sont décimés un à un... Qui veut la mort des spécialistes ? Un concurrent ? Un fantôme ? C'est ce sur quoi enquête le commissaire Lestrade !

 

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J.M.Erre, c'est bien simple, est selon moi l'un des auteurs français les plus drôles du moment. Que dis-je, LE plus drôle. Après les désopilants Série Z, Prenez Soin du chien et  Made in China, il était logique que je lise Le Mystère Sherlock maintenant sorti en poche.

 

Le roman se révèle être un roman policier tout à fait convaincant, sur le modèle des  Dix Petits Nègres qui sert de référence au cours de l'enquête. Le commissaire Lestrade enquête sur la mort des participants au colloque à partir des notes prises par l'une des victimes, Audrey, une journaliste sous couverture qui assiste à l'événement et note ce qu'elle voit pour les besoins de son ouvrage, Sherlock Holmes pour les Nuls. Il faut dire qu'elle a de quoi faire : les membres sont tous plus allumés les uns que les autres ! Jean-Patrick entend la voix de Sherlock lui parler depuis les cieux, Eva joue de ses attributs siliconés, Dolorès se réfugie dans la prière, Durieux écrit ses Mémoires, Mc Gonaghan joue la carte de l'humour mais est le plus prétentieux de tous, Manolete a un physique à faire peur... Et tous rivalisent d'ingéniosité pour décrocher la place, avant de tous mourir un par un ! Mais on fera confiance à la police pour résoudre l'enquête ; admirez le talent de ses membres : "Puisque tout se passait derrière lui et que sa parano commençait à se réveiller, le lieutenant Poséïdon fit ce que des années d'entraînement au sein des troupes d'élite des soldats du feu lui avaient appris en termes de prise d'initiative et de réactivité : il se retourna." Et la résolution de l'enquête n'a rien à envier aux "véritables" policiers, avec des retournements de situation jusque dans les dernières pages !

 

Le style de J.M. Erre fait la part belle aux jeux de mots et au comique de situation : chaque page est un prétexte à de nouvelles blagues qui font mouche. Il a un vrai talent pour les comparaisons, qui fleurissent dans cet ouvrage ; par exemple : "Depuis des mois, rongée par une haine sauvage, Dolorès penche du côté obscur. En elle bout une envie de meurtre à l'état brut dont on ne trouve guère d'équivalent que chez la hyène hypoglycémique ou le supporter de football à qui un arbitre coprophage enfanté par une péripatéticienne a volé un penalty".

 

Vite, vite, un autre titre !

 

Les avis de Clara, Mrs Pepys, Argali, Alex, Pierre, Lady K, La Livrophile, Petite Fleur.

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10 février 2011 4 10 /02 /février /2011 11:25

Amoureux transis, Janet et Angus rêvent de pouvoir se marier et de vivre à deux. Mais Angus n'est qu'un mécanicien sans le sou, et le père de Janet envisage un parti plus fortuné et ambitieux pour sa fille : il s'oppose catégoriquement à leur union. Angus décide donc d'enlever la belle demoiselle pour qu'ils puissent vivre selon leur gré... Mais alors que Janet est prête à s'enfuir, son père la démasque, la retient et envoie son beau-frère Hugh parlementer avec Angus. Quelques minutes plus tard, Hugh est retrouvé mort, et Angus jure à qui veut l'entendre qu'il n'y est pour rien. L'enquête piétine, et le village se divise entre partisans et opposants d'Angus. L'inspecteur Mac Huntly est dépêché pour débusquer le coupable, mais devra composer avec Imogène Mac Carthery, une autochtone bien décidée à mettre son grain de sel dans une affaire sur laquelle son opinion est faite de longue date.

 

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Pour ma première lecture d'un Exbrayat, j'ai eu le plaisir de trouver d'occasion un épisode des aventures de la fameuse Imogène, incarnée récemment au cinéma par Catherine Frot, dans la collection délicieusement datée que j'affectionne déjà pour les Agatha Christie.

 

L'histoire commence sur la découverte du jeune couple de tourtereaux, victimes incomprises de la méchanceté de leur entourage : "Ils marchaient la main dans la main, sans mot dire, parce qu'ils avaient de la peine et qu'ils ne comprenaient pas pourquoi le monde - en la personne des parents de Janet - s'opposait à leur amour." Très vite, on comprend qu'on a affaire à un couple gentil et un peu simplet sur les bords, qui se fera facilement manipuler par les adultes qui les entourent.

Voyant que son père est un adversaire coriace qu'il va falloir décider, Janet décide d'aller demander de l'aide à la seule personne qu'elle imagine capable de faire fléchir son père : Imogène.

Celle-ci n'est d'ailleurs pas étonnée que l'on fasse appel à ses talents : "Sans plus attendre, Janet se jeta aux pieds de Miss McCarthery, en la suppliant :

- Sauvez-moi ! Sauvez-nous ! Il n'y a que vous qui puissiez nous aider !

Imogène fut un peu surprise devant ce romantique désespoir, mais elle avait si souvent conscience d'être la réincarnation de Marie Stuart que, sans y prêter attention, elle témoigna d'une grandeur qui [...] réconforta la pleureuse. Prenant place dans un fauteuil, l'Ecossaise aux cheveux roux, solennelle, déclara : "Je vous écoute, mon enfant.""

Imogène est d'emblée présentée comme un personnage haut en couleurs !

 

Le pauvre inspecteur venu de la ville aura du fil à retordre : les villageois n'ont pas confiance en lui et se tournent bien plus facilement vers Imogène que vers lui. De plus, les policiers locaux ont pris de bien mauvaises habitudes ! Et la coutume locale veut que chacun se fasse lui-même justice : ainsi, les scènes de bagarres sont nombreuses et jubilatoires !

"Hors d'elle, Flora Leadburn bondit et avant que Fiona n'ait pu lever le bras pour se protéger, elle lui flanqua une paire de gifles qui assomma sa rivale.

- Encaissez toujours ça, ce sera votre pourboire !

Imogène avait beaucoup de sympathie pour Fiona et détestait cette Flora guindée, à la cervelle de pintade. Elle ne put réfréner l'élan où l'emportait l'amitié et d'un coup de poing bien appliqué sous le menton, elle envoya Mrs. Leadburn au pays des songes. Leadburn avait l'instinct de la propriété et, ne pouvant tolérer qu'on touchât à celle qui faisait partie de ses bien, attrapa Imogène aux cheveux, décidé à savourer à fond une engence dont il rêvait depuis des années. McClostaugh jugea inadmissible qu'on se battît sous les yeux d'un représentant de la loi. Il sauta sur le boucher. A cet instant, Fiona reprenant ses esprits, attrapa la première chose qui passait à sa portée et ce fut la barbe du sergent. Archibald hurla. McHuntly jugea de son devoir de se porter à son secours. Keith, aveuglé par la rage, frappait rageusement de tous côtés, le plus souvent dans le vide."  

J'adore ! On ne sait pas où donner de la tête et on s'amuse de ce village aussi animé et divisé, où les bagarres se règlent aussi vite qu'elles se sont déclenchées. Le dénouement a en plus cette faculté de récompenser aussi bien les efforts de la police, tant bien que mal, que ceux d'Imogène, qui a toujours raison ! Voilà une aventure qui ne fait que commencer entre Exbrayat et moi !

 

Aux lecteurs aguerris d'Exbrayat, les ouvrages qui n'ont pas Imogène pour héroïne sont-ils aussi savoureux ?


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26 décembre 2010 7 26 /12 /décembre /2010 13:53

Toussaint Legoupil est chinois. Voilà qui ne lui poserait pas problème s'il n'avait pas été adopté et que ses parents adoptifs, Léon et Mado, répondaient à ses questions sur ses origines... Il faut dire que, pour compléter le tableau, Toussaint est noir. Et un "chinoir", comme il se qualifie lui-même, ça ne court pas les rues. Encouragé par son psy, Toussaint se rend en Chine, bien décidé à retrouver sa mère. Mais le voyage ne sera pas de tout repos...

 

Made In China

 

Quelle histoire, mes amis, quelle histoire ! Entouré par des parents hauts en couleurs et une petite amie gothique pour le moins envahissante, Toussaint n'a qu'une envie : prendre ses distances du village de Croquefigue, en Provence, où il vit depuis son adoption en Chine une petite trentaine d'années plus tôt. Mais il apparaît rapidement que ses parents s'inquiètent de le voir découvrir la vérité sur sa naissance... Y aurait-il un rapport avec la secte installée à Croquefigue sous l'influence de Jean-Marius Djemba ? Avec le parrain de Toussaint, Gaston Xiaoping ? Le tableau est louche... 

 

De J.M. Erre, j'ai également lu cette année, sans vous en parler, son nouvel opus, Série Z... D'étranges meurtres sont commis dans une maison de retraite destinées aux anciennes gloires du cinéma de série B !

 

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J.M. Erre est-il loufoque, ou simplement ses livres ? Nul doute que je lirai bientôt Prenez Soin du chien, le premier de ses romans ! Parce que le style vous en apprendra plus qu'un étalage de compliments à son égard, quelques extraits de Made In China !

 

"L'Aurore aux doigts de rose hésitait encore à se sortir du pieu. Les rues de Croquefigue-en-Provence restaient livrées aux assauts de la brume matinale et, au moment précis où Toussaint Legoupil sortait à pas de loup de la maison familiale sise 8, avenue Alphonse-Daudet, l'auteur de ces lignes songeait qu'il avait bien du mal avec la prose poétique."

 

"La pièce était plongée dans le noir. Toussaint s'avança d'un pas inquiet. Puis il se souvint qu'il était entré les yeux fermés, alors il les ouvrit.

On la refait : la pièce était baignée d'une douce lumière colorée par de riants vitraux."

 

Un livre que j'ai également offert à Lili, qui l'a lu et apprécié !

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8 novembre 2010 1 08 /11 /novembre /2010 23:15

Washington, un 11 novembre. L'inspecteur Miller se rend sur les lieux d'un crime, un petit pavillon de banlieue dans lequel un livreur de pizza a découvert le corps d'une femme, abandonné sur le bord du lit. L'affaire semble correspondre au mode opératoire d'un tueur qui opère dans le voisinage depuis quelque temps, surnommé le Tueur au ruban. Mais Miller s'aperçoit rapidement que la victime n'est pas la femme modèle que l'on pourrait imaginer : discrète, elle vivait en réalité sous une fausse identité. Pourquoi ? En se penchant d'un peu plus près sur le passé trouble mais bien caché, Miller met le doigt dans un engrenage qu'il est loin de soupçonner et qui va le mener jusque dans les hautes sphères du pouvoir nord-américain.

 

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M'étant régalée en début d'année avec le très beau, très sensible et poétique  Seul Le Silence, je n'ai pas hésité à recevoir Les Anonymes, m'attendant à un nouvel ouvrage du même acabit. Je ne pouvais pas plus me tromper !

Les Anonymes ne ressemble en rien à l'ouvrage précédent. La première scène, au cours de laquelle Catherine Sheridan, puisque c'est ainsi que se nomme la victime, détecte chez elle la présence de son agresseur et se prépare sereinement à la mort qui lui est réservée, est terrible : on oscille entre admiration pour Catherine et frayeur monumentale à l'idée qu'elle résiste à la terreur que devrait inspirer une situation de ce type.

 

Ensuite, la rencontre avec l'inspecteur Miller nous rend dès le prime abord l'homme sympathique : parfois bourru, toujours pudique, traînant derrière lui une sombre histoire qui ne nous sera révélée que par bribes, il n'est pas sans rappeler Adamsberg, le héros de Vargas (rencontré dans  L'Homme aux cercles bleus). Il est chouchouté par un vieux couple touchant et sage, qui l'aide à ne pas sombrer dans une misanthropie irréversible.

 

Malgré ces deux points qui pouvaient laisser présager que le livre allait me plaire, mon intérêt a commencé à flancher dès l'instant où un second narrateur prend la parole pour raconter des pans entiers des rapports économiques entre Amériques du Nord et du Sud et dont on comprendra qu'ils ont un rôle fondamental dans la résolution de l'affaire. On est embarqué dans un récit complexe, touffu, peu clair pour la lectrice que je suis, peu versée dans ce genre d'intrigue politico-financière. C'est bien dommage, car c'est une majeure partie du livre qui m'a rebutée et qui, un instant, m'aurait bien poussée à abandonner ma lecture.

 

Mon naturel curieux étant quand même déterminé à connaître l'identité du fameux tueur, j'ai concentré mon attention sur la résolution de l'enquête : là encore, j'ai été très déçue. Les morts qui émaillent le chemin de Miller sont autant de rebondissements palpitants, mais j'ai eu l'étrange impression que le coupable s'était lui-même jeté en travers du chemin de Miller pour l'aider à le trouver, ce qui n'est généralement pas la conduite des assassins ! Ainsi, le dévoilement final ne m'a-t-il pas davantage convaincue.

 

Il s'agit ainsi pour moi d'une déconvenue inattendue : je reste toutefois sur l'excellente impression que j'avais eue de Seul Le Silence, dont j'aurais tant voulu retrouver l'atmosphère ici.

 

Cet article a été rédigé (tardivement, ce dont j'ai honte !) dans le cadre des Chroniques de la rentrée littéraire en partenariat avec Ulike ! Merci à eux !

D'autres bloggeuses ont aussi lu ce nouvel Ellory : Karine, Madame Charlotte, Miss Alfie, Virginie, Petite Fleur ...


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1 novembre 2010 1 01 /11 /novembre /2010 20:17

Dans le Dakota du Nord, pendant les années soixante, Evelina Harp prend la parole pour raconter son enfance : l'école, son attirance pour l'institutrice, ses premiers émois amoureux, les jeux avec son frère Joseph sont autant de sujets qu'elle explore sans volonté d'exhausivité mais avec beaucoup de poésie. Les récits de son grand-père indien Seraph Milk, surnommé Mooshum, qu'elle rapporte également, la transportent dans un temps où la ville était à peine créée et où les rapports humains, tant dans l'amour que dans la haine, étaient plus entiers.

Le juge Coutts, Marn Wolde, Cordelia Lochren prendront aussi la parole pour évoquer leurs souvenirs sur cette même époque et sur leur propre vie. Vivant dans une petite communauté, entre nouvelle ville et réserve indienne, chacun croisera, aimera, connaîtra les mêmes personnes : l'histoire polyphonique qui nous est contée est d'autant plus riche que les témoignages se diversifient.

 

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J'avais déjà eu le plaisir de lire du Louise Erdrich avec La Chorale des maîtres bouchers : je crois que ce nouvel ouvrage m'a encore davantage plu, ce qui n'est pas peu dire. Ayant pour fil conducteur le lynchage injustifié d'Indiens qu'on avait pris pour les assassins d'une famille entière de paysans, le livre s'attache à rétablir doucement la vérité sur ce crime à travers les récits des différents locuteurs. Ces témoignages se complètent et mettent en lumière, rétrospectivement, le pourquoi du comment de l'agissement de certains personnages : c'est un récit complexe mais limpide, porté par un style décidément splendide de la part de Louise Erdrich, tout autant capable de nous parler d'amour que d'évoquer des actions graves et lourdes de conséquences.

 

Le passage où les villageois vont effrayer les milliers de colombes est très beau, tout autant que le titre que l'on comprend mieux en apprenant que les colombes trouvent toujours refuge dans l'arbre dans lequel ont succombé les Indiens punis par la vindicte des hommes du village. La musique du violon du vieux Shamengwa, frère de Mooshum, nous accompagne à travers le temps, nous plonge dans une atmosphère emplie de non-dits pour mieux s'envoler aussi vers des souvenirs plus légers pour les conteurs de cette histoire, comme le déguisement de Mooshum pour Halloween ou l'erreur du père Cassidy lors de l'enterrement de Shamengwa. 

 

Evelina, qui sera la principale actrice et conteuse de l'histoire, grandit au fil du livre : seules ses hésitations personnelles m'ont moins intéressée, alors que c'est le personnage le plus fouillé de l'ensemble de l'ouvrage. Mais on s'attache aussi à Mooshum, Clemence, Corwin... On quitte ce livre à regret une fois qu'il est terminé, en ayant l'impression d'avoir été témoin d'une longue tranche de vie locale, à la fois belle et tragique, sombre et éclatante.

 

Merci à l'équipe du Blog-O-Book et aux éditions Albin Michel pour ce partenariat ! La Malédiction des colombes a aussi enthousiasmé Kathel, Keisha, Aifelle, Choco, Fashion et d'autres !

 

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14 février 2010 7 14 /02 /février /2010 22:34
En cette fin de week-end, entre deux grandes villes françaises dont je vous parlerai bientôt et qui m'ont ouvert les bras pendant mes vacances, je trouve enfin le temps de vous parler d'un livre repéré sur la blogosphère et lu en compagnie d'autres blogolecteurs...

http://www.librairiepantoute.com/img/couvertures_300/seul-le-silence-poche-09.jpg
Sans vouloir réduire à néant tout suspense, je crois que la phrase de Connelly résume exactement mon ressenti vis-à-vis de ce livre... Il me semble que je tiens là mon premier vrai coup de coeur 2010 !

"Bon, vas-y, dis-nous plutôt de quoi ça parle !"

Joseph Vaughan a perdu son père très jeune. Resté seul avec sa maman, une femme vertueuse qu'il respecte et admire beaucoup, il suit la classe de Mlle Webber et y découvre ses talents pour l'écriture, talents qu'il développe en grandissant pour devenir un écrivain reconnu. Mais ses jeunes années sont perturbées par les découvertes successives, près de chez lui, de plusieurs cadavres de petites filles abusées sexuellement et atrocement mutilées... Avec ses amis, réunis en comité, Jospeh essaie sans succès de protéger les petites filles de l'école. Les années passent, et la mort frappe encore, allant même jusqu'à toucher les proches de Joseph...

En y réflechissant, difficile de classer ce livre dans une catégorie précise : à la fois thriller, enquête policière, drame familial et roman d'initiation, Seul Le Silence m'a subjuguée. On trouve dans ces quelques centaines de pages tant d'émotions, de chocs, de réflexion qu'il est impossible de ne pas être porté et emporté par le récit. Ellory nous offre un style pudique, tout en retenue devant des drames terribles, et le petit Joseph est souvent touchant.

Difficile d'ailleurs de ne pas être en empathie avec Joseph : sa mère, modèle de vertu, le déçoit profondément ; l'absence de père, cet homme qu'il n'imagine que de façon très lointaine, le désarçonne ; la mort des petites filles qu'il connaissait ou qu'il aimait le traumatise, tout comme celles des femmes auxquelles il avait lié sa vie. En pensant à Joseph, on pense au fatum, ce destin qui pèse sur des personnages et dont ils ne peuvent se dépétrer...

Sans trop vous en dire, j'ai quand même été légèrement déçue à la fin : j'ai trouvé l'explication peut-être trop facile, et j'aurais préféré un autre coupable (je pourrais révéler son identité à ceux que ça intéresse !)...


Pour finir, je vous invite à aller faire un tour sur les blogs de Gio, Theoma, Mystix, Petite Fleur, Pimprenelle et Stephie qui ont, eux aussi, suivi la vie de Joseph...


[Je voudrais à ce propos préciser que j'ai en grande partie lu la vie de Joseph et suivi ses aventures au cours d'un trajet en train qui a duré 4h au lieu de l'heure et demie initialement prévue : pour la peine, même si j'ai connu plus agréable, je me permets d'introduire pour la première fois un logo du C.L.A.P. ! Merci Cachou !]

http://img.over-blog.com/500x302/2/21/59/58/essai-02/CLAP-Amelie.jpg
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23 novembre 2009 1 23 /11 /novembre /2009 14:06
C'est au tour de Suzanne, de Chez les filles, de me faire lire avec cet ouvrage dont je n'avais encore jamais entendu parler, mais sur lequel j'ai bien fait de parier :



"Bon, vas-y, dis-nous plutôt de quoi ça parle !"

Fidelis Waldvogel
est maître-boucher. Il a appris le métier auprès de son père et, après avoir combattu du côté allemand lors de la Première Guerre mondiale, c'est à son tour d'exercer ce noble métier. Il épouse la veuve enceinte de son camarade Johannes, tombé à la guerre après lui avoir sauvé la vie, et part travailler aux Etats-Unis, pays prometteur et riche. Là-bas, une fois installé, il travaille sans relâche pour faire venir sa femme Eva et le petit Franz. Leur entreprise devient prospère et ils deviennent bientôt parents de trois autres petits garçons. A la boutique, ils embauchent Delphine, qui assure des spectacles d'acrobate avec son compagnon Cyprian. Mais Eva tombe bientôt gravement malade et Delphine doit s'occuper de faire tourner la boutique et s'occuper de la famille...

Grands lecteurs que vous êtes (j'aurais pu dire grandes lectrices puisque mon lectorat est essentiellement féminin, mais je ne veux pas effrayer les quelques messieurs qui s'aventurent par là de temps à autre), ce ne sont pas les titres bizarres q
ui vous effraient. Les quelques personnes à m'avoir vue lire ce roman ont trouvé son titre peu accrocheur : je dois dire au contraire qu'il m'a plu dès le début... Et dans tout le livre, cette opposition entre douceur et force sera toujours en balance chez un personnage ou à une époque. En effet, la maladie d'Eva survient à un moment où la famille a tout pour être heureuse ; Franz décide un jour de s'engager dans l'armée de l'air (du côté américain) lors de la Seconde Guerre mondiale alors que son père veut l'en dissuader, ayant lui-même connu l'horreur des champs de bataille...

Chaque personnage évolue, pendant les années qui forment le livre, pour s'accomplir : l'exemple le plus flagrant en est Delphine qui, de comédienne itinérante malheureuse en amour, deviendra une femme responsable et aimante. La fin, qui met en lumière l'enfance de Delphine et nous fait regarder d'un autre oeil l'entretien de celle-ci avec la petite Mazarine Shimek, amoureuse d'enfance de Franz, est touchante et très plausible. C'est sur elle que se concentre la majorité du livre. Mais ceux qui m'ont le plus touchée reste le couple formé par Fidelis et Eva : ils ne se sont rencontrés que par la mort de Johannes mais se sont aimés passionnément et tendrement. Lui, si puissant et fort de par son métier, qui nécessite une grande force physique, est pourtant si doux avec son épouse et possède une voix forte et mélodieuse. Elle, alors qu'elle vend toute la journée les produits confectionnés par son époux et vit dans l'odeur de la viande toute la journée, a pourtant fait de sa maison un véritable cocon de bien-être et se montre extrêmement gentille envers Delphine. Son amour maternel débordant rejaillit aussi sur Delphine, mais ses garçons en sont évidemment les premiers destinataires : j'ai été très émue par le passage dans lequel Franz, qui sait sa mère malade et se passionne déjà po
ur l'aviation, réussit à la faire monter dans un petit avion pour lui montrer le ciel de plus près et la rassurer sur sa mort prochaine...

Malgré son titre, qui peut rebuter, ce livre est un véritable chant d'amour, qui va au-delà des incompréhensions entre voisins, entre époux, en famille. Louise Erdrich m'a convaincue, elle que l'éditeur compare déjà à "ses illustres aînés, Faulk
ner ou Toni Morrison". Merci à l'équipe de Chez les Filles et au Livre de Poche pour cette si belle découverte.

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10 septembre 2009 4 10 /09 /septembre /2009 22:24
Avant de vous parler du livre que je viens de terminer, il faut quand même que je vous dise que cet article est le 100ème de ce modeste blog commencé il y a un peu plus de quatre mois... Ca ne fait pas une grosse moyenne de publication, mais je suis contente de constater que ce blog n'a pas été un vain caprice abandonné après quelques articles ! Et merci de passer par là jeter un oeil à ces mêmes articles, ***moment d'émotion*** "je n'aurais pas de raison de continuer à écrire si vous n'étiez pas là".

Et sinon, je viens de lire Lunar Park.



"Bon, vas-y, dis-nous plutôt de quoi ça parle !"

Bret Easton Ellis
se met lui-même en scène dans ce livre, à propos duquel il prévient le lecteur qu'il lui laisse le soin de déterminer les événements qui ont réellement eu lieu. Il évoque successivement la fin de ses études, le succès connu dès son premier roman, la drogue et l'alcool, sa relation puis son mariage avec l'actrice Jayne Dennis. Tous deux se sont fréquentés, Jayne a eu un enfant qu'Ellis n'a pas voulu reconnaître, puis elle a eu un autre enfant avec un autre homme, avant qu'elle et Ellis ne se remettent ensemble. Un vrai feuilleton. Ellis s'installe donc avec son épouse, leur fils et la petite Sarah. Ne parvenant pas à passer sereinement de la vie de célibataire à un statut d'époux et de père modèle, Ellis continue à se droguer, à boire, et fréquente même une étudiante qu'il a très envie de connaître au sens biblique du terme.
Puis cette vie, déjà pas si rangée, dérape. Le tueur d'American Psycho, créé par Ellis, s'introduit chez lui. L'oiseau en peluche de sa fille se révèle être un monstre féroce, et le labrador a une facheuse tendance à se transformer en monstre effrayant... Des effets de la drogue ? Non. Ellis fait face aux créatures qu'il a imaginées dans ses romans.

Je ne m'attendais pas à cela en ouvrant le livre. Je pensais avoir affaire à une comédie, comme la quatrième de couverture le laissait envisager. A la place de cela, après un début raconté tout en légèreté sur les années insouciantes qu'a connues Ellis au début de sa carrière, le romancier prend un ton plus grave : sa vie avec Jayne et les enfants n'est pas évidente, d'autant que Sarah n'est pas de lui et qu'il n'a jamais vraiment désiré d'enfant(s). La drogue, la drague, l'alcool le sortent de cette situation, dans laquelle il a l'impression de s'enliser, mais il doit pourtant écrire son prochain livre. Il est rattrapé par ses démons.

Et alors là, grosse, grosse, grosse montée d'angoisse. Vraiment. L'apparition de ces créatures, dont on n'apprend la nature qu'à la fin, est surprenante et effrayante à la fois. J'ai eu à plusieurs reprises des frissons, moi qui ai la phobie des jouets dont on peut penser qu'ils pourraient parler (les clowns, les pantins, certaines poupées...) : là, j'ai été servie. L'action est détaillée en un rythme rapide, saccadé, qui me font penser qu'Ellis excellerait dans le genre du thriller.

Et puis il y a aussi la question du rapport d'Ellis aux femmes et à son père. Celui-ci est mort, mais Ellis croit le voir ou voir des éléments qui lui rappellent son père. Rien n'est donné facilement, dans ce livre...
Que d'interrogations ! Mais quel oeuvre impressionnante, pour ne pas dire magistrale... D'aucuns le considèrent comme son meilleur ouvrage. Je n'en ai pas (encore) assez lus pour trancher.


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