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2 mars 2014 7 02 /03 /mars /2014 14:15

Serre-moi fort

et dis-moi à quoi ressemble le monde

Je ne veux pas regarder dehors

Je veux m'en remettre à tes yeux

et à tes lèvres

 

cohen.jpg

 

J'ai acheté ce livre le 14 février, histoire d'accompagner ma Saint-Valentin de mots doux. Aimant tout particulièrement Leonard Cohen, j'ai été plus qu'heureuse de trouver au rayon Poésie de ma librairie ce recueil de textes, intitulé Book Of Longing en anglais.


Entre poèmes en prose, poèmes tout court et dessins, Le Livre du désir est une oeuvre foisonnante qui, malgré son titre, rassemble des textes tourmentés par la mort, la solitude et l'abandon.  Ma préférence, sûrement causée par le 14 février, donc, va aux textes desquels émerge la figure de la Femme, multiple, unique, aimante, fuyante, mais Tout.

 

Quelques extraits, en pagaille, de ce que j'ai aimé :

 

 

Perturbé ce matin

Ah ! C'est ça.

C'est ça qui m'a perturbé

tant ce matin :

le désir m'est revenu

et j'ai de nouveau envie de toi.

Je m'en sortais si bien,

j'étais au-dessous de tout ça.

Garçons et filles étaient beaux

et j'étais un vieil homme, qui aime tout le monde.

Et voilà que j'ai de nouveau envie de toi,

j'ai envie de ton attention absolue,

de tes dessous roulés en hâte

encore accrochés à tes pieds

et d'avoir rien à l'esprit

que d'être au-dedans

du seul endroit qui n'a

ni dedans,

ni dehors.

 

Cadavre de solitude

Elle est entrée dans mon pied avec son pied

et dans ma taille avec sa neige.

Elle est entrée dans mon coeur en disant :

"Oui, c'est bien."

Ainsi, le Cadavre de Solitude

fut recouvert du dehors

et du dedans

le Cadavre de Solitude fut étreint.

Désormais à chaque fois que je tente de respirer

face à mon manque de souffle elle murmure :

"Oui, mon amour, c'est bien, c'est bien."

 

 

Mieux encore, certains poèmes du recueil ont été mis en musique dans les albums Ten New Songs (2001) et Dear Heather (2004). Pour le plaisir des yeux, et avant tout pour entendre la voix de Cohen nous chanter la beauté de ses mots en anglais (car la traduction, aussi belle soit-elle, rend difficilement la musique initiale), deux extraits de Ten New Songs, avec les poèmes "Love Itself" ("L'Amour lui-même") et "You've Loved Enough" ("Tu as aimé assez").

 

 

 


 

 

 


 

Suivant la bonne idée de Khadie, voici un premier rendez-vous pour l'Artiste du Mois !

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31 octobre 2013 4 31 /10 /octobre /2013 12:36

C'est avec appréhension que Nicolas a accepté de partir en classe de neige, et cette appréhension le rattrape à toute allure quand son père, qui a tenu à l'accompagner en personne à la montagne pour des questions de sécurité, part sans lui avoir donné la valise contenant toutes ses affaires. Lui à qui il arrive de faire encore pipi au lit a très peur de salir le pyjama prêté par Hodkann, le gros dur de la classe. Pour sympathiser avec lui, Nicolas invente toute une histoire à dormir debout, qui finit par le convaincre lui-même, sur la disparition d'un petit garçon à quelques kilomètres à peine de leur chalet...

 

la-classe-de-neige.png

 

Je n'ai jamais trouvé que dire d'un lire qu'il était court et se lisait vite était un beau compliment ; pourtant, je n'ai pu m'empêcher de me trouver soulagée d'avoir vite lu La Classe de neige. Instillant dès les premières pages une atmosphère très lourde, Emmanuel Carrère présente une famille bizarre. La mère, très discrète, semble absente. Le père, à force de vouloir protéger son fils, le pousse à avoir peur : il tient à l'amener lui-même en classe de neige pour éviter un éventuel accident de car scolaire, et Nicolas se rappelle d'une sortie à la fête foraine où, pour le dissuader de faire confiance à un inconnu, son père lui raconte une sombre histoire d'enlèvement d'enfant et de trafic d'organes. Youpi tralala.

 

Nicolas apparaît au milieu de tout cela comme un petit garçon perturbé : dans un recoin de sa tête, il y a toujours une histoire glauque, ou qui fait peur. Sa tendance à dramatiser, et en même temps à ne pas vouloir ni déranger, ni gêner, le conduit à fuguer un soir et à se mettre en danger de mort. Entre Hodkann, le leader du groupe, et lui, le plus fort des deux n'est peut-être pas celui qu'on croit, car Nicolas semble déjà bien grand mentalement.

 

Le dénouement du livre, qui coïncide avec la résolution de l'enlèvement d'un petit garçon non loin de l'endroit où se déroule la classe de neige, n'est pas dit clairement, mais sous-entendu, à la manière dont Nicolas perçoit les événements autour de lui. Ce qui, selon moi, fait toute la force du livre, c'est justement d'avoir pris Nicolas comme maître étalon d'une histoire d'adultes qui le dépasse, mais dont il se retrouve bien malgré lui prisonnier. Les quelques pages, phrases ou références à son avenir font d'ailleurs bien mal au coeur.

 

Je ne peux donc dire avec certitude que j'ai aimé ou pas aimé : ce qui est sûr toutefois, c'est qu'on ressort changé d'une telle lecture, et que j'aurais peut-être aimé ne pas l'avoir faite, pour tout ce côté malsain qui s'en dégage.

 

Les avis de Calypso et de La Livrophile.

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26 mars 2013 2 26 /03 /mars /2013 14:45

Opprimés par le régime du tsar, un groupe de socialistes révolutionnaires décide de s'attaquer au pouvoir et fomentent un attentat contre le grand-duc Serge, oncle du tsar. Ces terroristes se partagent les rôles et définissent les moyens de leur acte, avant de passer à l'exécution de leur plan : jeter une bombe sur la calèche du grand-duc... Risquant de mourir pendant l'attentat ou d'être condamnés à mort, les conjurés vivent dans la joie et la douleur les derniers préparatifs.

 

les-justes_couv.jpg

 

Les Justes est une pièce complexe de par son sujet, qui m'était totalement inconnu. Un avant-propos de l'auteur permet de comprendre que la pièce est fondée sur un fait historique réel, théâtralisé par Camus pour rendre les personnages vraisemblables et humains.

En effet, si le recours à la violence censé amener à la paix est un point discutable et d'aileurs critiqué par l'auteur dans un débat entre Stepan et Kaliayev, Camus présente ces camarades révolutionnaires comme des hommes et non des machines ou des kamikazes irréfléchis, en leur conférant des qualités et des défauts proprement humains.

 

Leur révolte est louable, et devoir envisager la mort d'autrui ne s'avère pas couler de source, malgré leur détermination. Ainsi, Kaliayev retrouvera une part d'humanité en refusant de s'en prendre aux enfants accompagnant le grand-duc.

Habités par une haine farouche pour le régime, les personnages n'attaquent pas le grand-duc par lui-même ni pour lui-même, mais c'est bien la tyrannie qu'ils visent à travers lui, dans le but ultime de libérer le peuple tout entier. Capables de haine donc, les personnages peuvent aussi toutefois aimer. Ils aiment leur patrie d'un amour inconditionnel ; ils s'aiment entre camarades, avec la violence et la sincérité des derniers instants.

 

Camus rend hommage aux grands hommes de l'ombre, qui luttent pour abolir les systèmes inégaux tout en devant parfois composer avec les mêmes travers, ici le recours à la violence. Entre exaltation et douleur, Les Justes est une pièce dure et évocatrice des malheurs des hommes.

 

Après avoir oublié le mois de février, si court, il s'agit là de ma lecture de mars pour le challenge de Stephie !

 

challenge classique

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18 mars 2013 1 18 /03 /mars /2013 12:51

Nicole, psychanalyste de métier, n'en peut plus d'entendre à longueur de journée ses patients/clients lui déballer ses névroses. A la maison, son mari de longue date l'ennuie ferme. Bref, elle a besoin de changement ! Elle décide un beau jour, sur un coup de tête, d'aller se mettre au vert en Bourgogne. Et c'est ce même coup de tête qui la fait kidnapper un petit cochon, Foufou, pour lui offrir une vie meilleure... à Paris !

 

les-gens.jpg

 

Ce petit cochon a beau être tout mignon, je me suis demandé quel pourrait bien être l'intérêt de ce livre en le commençant. Mais faire des procès aux livres à cause de leur couverture n'est pas (toujours) une bonne manière de commencer : je dois avouer que je me suis bien amusée avec ce livre, même si je pense qu'il risque d'être aussitôt apprécié, aussitôt oublié.

 

Le personnage de Nicole, que l'on voit ici prendre une indépendance un peu tardive, est aussi attachant que le petit Foufou, même si kidnapper un cochon n'est pas l'idée du siècle. Elle semble transférer sur le petit cochon les aspirations déçues de sa propre vie (oui, je peux moi aussi être fine psychanalyste !) et s'en sert finalement comme un anti-dépresseur plutôt bénin... sauf pour son appartement ! Quant à nous, lecteurs, nous apprécierons la lecture de ce court roman revitalisant en cas de baisse de moral. Mais par pitié, laissons les cochons là où ils doivent être, c'est-à-dire pas dans nos appartements ! (Remarquez, je suis gâtée, moi qui habite le Morvan à l'année !)

 

Merci à Solène, des éditions du Cherche-Midi, qui réussit à tous les coups même avec les titres les plus inattendus !

Keisha et L'Irrégulière ont elles aussi lu ce livre !


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15 avril 2012 7 15 /04 /avril /2012 16:53

Lorsqu'un incendie dans la bibliothèque de la petite abbaye de Ruac révèle l'existence d'un manuscrit caché dans un mur, Luc Simard, l'équivalent français d'Indiana Jones, sent qu'il est sur une piste fameuse : l'ouvrage, fruit des écrits d'un moine, Barthomieu, âgé de deux cents ans (!) révèle l'existence d'une grotte que Luc se met en tête de découvrir. Mais les habitants de Ruac ont des raisons de vouloir préserver ce lieu et voient d'un très mauvais oeil les fouilles qui s'organisent. Dans l'équipe de recherches, les morts se succèdent et Luc n'est pas au bout de ses surprises.

 

9782749118314_1_75.jpg

 

Dans Le Testament des templiers, Glenn Cooper change radicalement de thème par rapport à son premier roman,  Le Livre des morts, qui a assis sa renommée en France. Un point commun subsiste toutefois : l'habilité de l'auteur à nous transporter d'une époque à une autre, entre le Ruac version 2012 des fouilles archéologiques et le Ruac du XIIème siècle en compagnie de Bernard de Clairvaux ou d'Abélard. Mieux encore, on retourne même au Ruac de trente mille ans avant notre ère, pour découvrir le peuple du clan des bisons, dont les chefs successifs ont contribué à la splendeur de la grotte.

 

Voilà un vrai bon roman ésotérique, aux accents de thriller : les chapitres consacrés aux flash-backs du XIIème siècle sont convaincants au possible, au point que l'on s'interroge sur la part de vérité historique contenue dans l'intrigue. Là où les mauvais bouquins pècheraient par un excès qui les rendrait moins que plausibles, Le Testament des templiers se distingue par la qualité inverse ! Ainsi, Bernard de Clairvaux, Héloïse et Abélard, les Templiers et même les nazis participent de la légende de Ruac avec efficacité.

 

Le héros, Luc, a de nombreux points communs avec le Will Piper du Livre des Morts : un séducteur (im)pénitent, avec une bonne descente et des états d'âme qui font de lui un homme souvent fragile, érudit mais également et surtout homme de terrain ; il nous évoque vraiment un Indiana Jones des années 2010 !

Quelques points en revanche m'ont laissée dubitative : quel est l'intérêt de sa blessure à la main ? Quel est le but de la surveillance exercée par Gatinois ? Ces détails, sous-exploités à mon sens, n'apportent pas grand-chose à une intrigue déjà rondement menée.

 

L'ensemble est efficace et les apports fantastiques, loin de gâter l'ouvrage, le subliment pour rendre l'ensemble crédible : le tout baigne le lecteur dans une ambiance parfois mystique, où le plus incroyable a fini par me faire rêver ! Qui pour aller boire une tasse de thé à Ruac avec moi ?

 

Merci beaucoup à Solène Perronno, des éditions du Cherche-Midi, qui a su frappé juste avec un livre aux multiples qualités !


422 pages de plus au compteur du Challenge S.T.A.R de Liyah !

STAR

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2 février 2012 4 02 /02 /février /2012 19:21

L'hiver, rude, s'est abattu sur Ropraz et le massif du Haut-Jorat, dans le canton suisse de Vaud. En 1903, aucun progrès du confort moderne ne vient adoucir l'isolement et la claustration forcée des habitants de Ropraz, qui vivent dans une réclusion quasi-totale et marquée par la peur et la méfiance. Alors, lorsque le corps mort de la jeune Rosa Gillieron est exhumé la nuit suivant son enterrement et meurtri à de multiples endroits, la psychose collective débute. Dans les campagnes, on aimerait pouvoir lyncher l'horrible coupable, qui reste pourtant introuvable tandis que deux autres profanations de corps et de sépultures ont lieu coup sur coup. On arrête pourtant un jour Charles Favez pour maltraitance envers des animaux, avant de l'enfermer. Une douzaine d'années plus tard, Favez réussit à se faire oublier... mais jusqu'à quel point ?

 

Le-vampire-de-ropraz.jpg

 

Il est des livres qui vous suivent : ce Vampire-là, je l'avais repéré chez Pimprenelle il y a presque trois ans maintenant ! Il n'a pourtant croisé ma route que le week-end dernier... Ma déception post-lecture est peut-être d'autant plus grande que l'attente avait été longue !

 

De manière plutôt claire, le Haut-Jorat vaudois de Chessex, c'est la montagne enneigée qui coupe du reste du monde ses habitants chez Giono dans Un Roi sans divertissement. Chez Chessex toutefois, le sordide n'est jamais loin, et jamais le décor n'est poétisé ou personnifié. D'ailleurs, il est même évacué au profit de l'horreur, comme une circonstance atténuante aux crimes les plus abjects : "Dans ces déserts, le symptôme du vampire durera tant que cette société sera victime de la crasse primitive : saleté des corps, promiscuité, isolement, alcool, inceste et superstition qui infestent ces campagnes et créeront d'autres foyers d'exactions sexuelles et d'horreur sans merci."

 

Pourtant, même si j'apprécie le glauque en terme de thrillers, ce livre-là n'était pas loin de me mener à la nausée. Nécrophilie, pédophilie, zoophilie, tout y passe et mon coeur, que j'ai pourtant bien accroché, n'a pas apprécié les détails donnés par Chessex qui, loin d'écrire un roman, raconte ce fait d'hiver* comme une chronique.

 

Seule la fin, qui établit une possibilité fort dérangeante quant à la postérité de Favez, m'a réconciliée avec le livre, que je n'étais pas loin d'abandonner et que je n'ai terminé qu'à cause de sa brieveté. Comme d'habitude, avant de voir si je décide d'aimer ou non Chessex, il me faudra lire un deuxième ouvrage du sieur en question. Ca tombe bien, son Goncourt attend dans ma PAL !

 

*Oh, ça va, j'ai survécu à ma lecture, j'ai bien le droit à un jeu de mot tout pourri...

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22 décembre 2011 4 22 /12 /décembre /2011 21:32

Lorsqu'un cadavre nu est retrouvé dans une zone industrielle délabrée par un homme qui promène son chien, l'inspecteur Rufus Baudenuit soupire de lassitude. En ce moment, de toute façon, la vie ne lui fait pas de cadeau : sa petite amie, Anna, a fini par le laisser tomber, ne supportant plus le rythme de vie du policier dévoué à sa cause. Bientôt, lorsque d'autres cadavres sont retrouvés marqués des mêmes détails que le premier, Rufus s'inquiète et plonge tête baissée dans son enquête, espérant sauver la vie de disparus qui pourraient encore être en vie.

 

predation.jpg

 

Comme l'a dit très justement Lili dans son article récent, la couverture choisie est ignoble et digne de mes pires créations sur Paint. Je lui ai d'ailleurs confié que c'était la raison pour laquelle ce policier avait séjourné fort longtemps sur ma PAL... jusqu'à ce que l'enthousiasme de Lili me décide à régler son compte au bouquin !

 

Contrairement à elle toutefois, me voilà après lecture nettement moins enchantée. Pourtant, tout commençait bien avec la découverte d'une première victime, laissée nue et étrangement mutilée : ma curiosité était aiguisée ! Mais déjà, la présence d'un tatouage représentant un signe du zodiaque chinois sur le corps ne m'a pas semblé de bon augure. Pourtant, pas de mafia ni de triade chinoise sous roche : la clé du mystère sera révélée plus tard.

A ce propos, le bourreau des différentes victimes s'inspire d'un film qui, étant pourtant un classique, m'est inconnu : toutes les références à ce film me sont passées très loin au-dessus de la tête et, ne sachant pas avec précision ce qui constitue, dans les agissements du tueur, un véritable mimétisme avec les scènes de ce film, je n'ai trouvé que peu d'intérêt à la construction psychologique du tueur.

 

Enfin, je dois avouer ne pas avoir porté longtemps l'inspecteur dans mon coeur. Si j'apprécie son prénom délicieusement désuet, son comportement m'a fichue en rogne. Si l'on reconnaît son mal-être et que l'on veut bien en comprendre les causes, doit-on pourtant accepter son attitude terriblement déplacée envers son ex-petite amie, attitude qu'on pourrait qualifier d'agression à caractère sexuel ? Rien de tel pour me rendre le bonhomme tout à fait antipathique !

 

Bref, si je suis contente d'avoir débarrassé ma PAL d'un volume qui y sommeillait depuis des lustres, je dois avouer que je ne lirai pas la suite de ce qui forme visiblement une tétralogie, selon les bons renseignements de Lili ! Mais en bonne curieuse, j'irai bien volontiers voir si elle a été aussi convaincue par la suite !

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18 septembre 2011 7 18 /09 /septembre /2011 14:29

Persuadé qu'il passe à côté du sens de sa vie et frustré de ne pas se sentir en paix avec lui-même, le narrateur, écrivain, s'engage dans une longue tournée autour du monde, notamment en Russie, à la rencontre de ses lecteurs. Au cours de ce voyage, il fait la connaissance d'Hilal, une jeune femme qui semble croire que leurs deux existences sont liées. Tous deux s'apprivoisent, malgré de nombreuses incompréhensions, et atteignent bientôt un autre degré de connaissance à travers l'Aleph, un point bien particulier du train qui les emmène à travers la Russie.

 

aleph.jpg

 

De Paulo Coelho, je ne gardais en mémoire qu'un souvenir bien atténué de L'Alchimiste, une lecture que j'avais considérée étant ado comme un passage obligé mais finalement pas transcendant. Transcendée, je ne le suis pas non plus après lecture d'Aleph. Déçue, ça oui.

 

Reprenons. Aleph s'ouvre sur les états d'âme du narrateur, dont on comprend qu'il s'agit du double fictif de Coelho ; dépité d'être arrivé selon lui à une limite de sa vie au-delà de laquelle il ne sera jamais davantage en état de paix intérieure, il exprime son ressentiment à J., celui qu'il appelle son Maître. Que cette discussion ait lieu après une communion autour d'un chêne sacré, soit (mais ça commençait déjà mal pour moi qui ne confère qu'une confiance limitée aux rites de communion à la nature qui reviennent pourtant tant à la mode).

 

Le pèlerinage qui s'ensuit et qui mène le narrateur aux quatre coins du monde est dû à sa volonté de changer d'air : il rencontrera Yao, un interprète qui l'aidera à accorder la paix du corps à la paix de l'esprit. Mais la rencontre la plus fameuse est celle qui nouera les vies du narrateur et d'Hilal : bientôt, le narrateur acquiert la certitude que tous deux ont déjà été liés lors de l'une de leurs vies antérieures. Alors, d'abord par le fait du hasard, puis parce que tous deux considèrent que ces voyages les aideront à résoudre leurs problèmes actuels, ont lieu des sortes de transe qui unissent le narrateur et Hilal, que l'on voit replonger à l'époque de l'Inquisition.

 

Si je m'arrête volontairement là pour ne pas dévoiler des passages de l'intrigue, plutôt mince, sachez que l'ensemble du livre est à vivre comme un guide, une démarche, une quête vers la paix intérieure. Alors que je m'attendais à lire un roman, l'auteur nous offre un manuel du savoir vivre et bien vivre en accord avec son moi profond. A grands coups de transe, de discussions pseudo-philosophiques et psychologisantes mais aussi d'errements en tous genres du type Hilal-m'attire-mais-j'aime-ma-femme, l'auteur réserve aux plus courageux trois cents pages d'une romance à l'eau de rose que ne renierait pas la maison Harlequin, additionnée d'un manuel un peu louche à la sauce accomplissons-des-rituels-étranges-pour-remonter-le-temps et dont le Maître J. serait le gourou. Très peu pour moi.

 

Un premier rendez-vous manqué pour la rentrée littéraire ! Je remercie pourtant bien volontiers la douce Vivi La Chipie qui m'a permis de recevoir cet ouvrage.

S'il vous tente, je vous propose d'en faire un livre voyageur : peut-être serez-vous davantage séduit(e)(s) que je ne l'ai été !

 

rentreelitt2011.jpg

 




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3 septembre 2011 6 03 /09 /septembre /2011 13:45

Tout commence lorsque la mère d'Amy, Jeannette, décide faute de moyens de laisser sa petite fille à une bonne soeur, soeur Lacey, afin que celle-ci lui réserve une vie heureuse et libérée de tout souci matériel.

Tout continue par un échange de mails entre deux collègues scientifiques dont l'un fait partie d'une expédition dans la jungle bolivienne, à la recherche d'un antidote au cancer. L'équipe est bientôt attaquée par des chauves-souris particulièrement dangereuses.

Tout s'enchaîne sur le périple de deux agents un peu spéciaux chargés de conduire des condmanés à mort dans un bunker ultra-sécurisé dans lequel, contre remise de peine, ils doivent se faire les cobayes d'une expérience scientifique inédite et surtout secrète. Dernière mission en date des agents : récupérer la petite Amy. Mais l'agent Wolgast refuse d'impliquer une petite fille dans cette aventure, d'autant que les anciens prisonniers agissent maintenant bien étrangement.

 


Le Passage, Justin Cronin

 

Avec ces quelques mots préliminaires, je n'ai même pas résumé le quart de ce livre, imposant (près de mille pages) et pourtant si prenant et touffu qu'il aurait bien pu durer encore et encore...

 

Justin Cronin nous livre avec Le Passage un récit post-apocalyptique, dans lequel l'humanité, quelques dizaines d'années après l'expérience menée dans le bunker de l'armée, a presque quasiment été éradiquée par des créatures atteintes d'un mal qui semble incurable. Les survivants vivent en autarcie dans une Colonie et n'en sortent que fort peu, luttant pour préserver leur existence et celle de leurs enfants.

 

La lecture de ce roman peut s'avérer déroutante. L'auteur nous promène entre différents personnages, sur lesquels on se centre les uns après les autres, n'hésite pas à sacrifier certains d'entre eux, auxquels on s'attache d'autant plus facilement que Cronin a la faculté de nous faire nous attacher à eux en nous faisant partager leur existence souvent difficile. De la même façon, alors que l'on suit l'histoire d'Amy, les pages suivantes nous transportent plus de cent ans plus tard ! Pourtant, quel que soit le passage que l'on lise, l'attraction reste la même et il nous est impossible de lâcher nos héros qui luttent quotidiennement.

 

Les créatures qui les menacent, les viruls, sont une menace permanente pour les héros qui doivent continuellement jouer d'astuces et de ruses pour leur échapper. Les rapports entre les protagonistes sont, à chaque époque, d'autant plus forts qu'aucun d'eux ne sait de quoi le lendemain sera fait. Je crois que l'épisode qui m'a le plus touchée est celui dans lequel on apprend ce qui s'est réellement passé dans l'affaire qui a mené Carter à être condamné à mort.

 

Le Passage est d'ores et déjà LE gros coup de coeur de mes lectures 2011 : à la fois thriller et science-fiction, c'est un roman complexe et complet, magique. Et, puisqu'il s'agit du premier volume d'une trilogie, j'attends la suite avec grande, grande impatience.

 

Merci à Hérisson, grâce à qui j'ai reçu ce livre démentiel !

Cette lecture a été menée conjointement avec Acr0 et Emma666 : ce fut une aventure de longue haleine, qui nous a occupée pendant plusieurs mois ! Acr0 s'est chargée de "découper" le roman en dix sections que nous avons lues les unes après les autres ; nous avons ensuite échangé moult et moult mails pour discuter de nos impressions, de nos ressentis et répondre à des questions qui pouvaient se poser quant à l'interprétation de certains passages.

Merci mesdames ; sans vous, le plaisir de ma lecture n'aurait sans doute pas été le même !

(D'ailleurs, chers lecteurs, il est très probable que notre trio chic et choc se reforme sous peu !)

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22 août 2011 1 22 /08 /août /2011 17:29

Cadeau de mon amie Lili pour mon anniversaire, ce guide de conversation anglaise se distingue dès son titre...

 

chiflet.gif

 

"Reading English it's not small beer, and I would say more, it is not pie !"

 

De Jean-Loup Chiflet, je ne connaissais encore que le nom : il était l'exemple favori de ma bien-aimée professeur de français et de latin au lycée, qui l'employait volontiers dès qu'elle voulait nous donner un exemple grammatical. C'est tellement plus évident de retenir les figures de styles lorsqu'elles sont associées à une phrase amusante ! Ainsi, le zeugma qui me vient à l'esprit a de quoi faire sourire : "Il baissa son pantalon et dans mon estime" !

 

Ici, l'auteur nous plonge dans la langue de Shakespeare pour nous aider à nous en sortir lors de situations quotidiennes : à l'hôpital, à la boucherie, au restaurant, à Noël... mais également à des moments sûrement un peu plus rares dans la vie de tout un chacun : dans un sous-marin, chez les cannibales, dans les catacombes, chez un milliardaire... Impossible de rester muet, chacun y trouve son compte !

 

Pour le plaisir, je vous donne ici quelques phrases parmi mes préférées :

 

- Au restaurant chinois : "Bonjour M.Ping, n'auriez-vous pas vu mon chat ? Il a disparu près de chez vous."

- A l'hôpital : "Enlevez votre masque, je vous ai reconnu."

- Au couvent : "Je croyais que les auréoles se portaient au-dessus de la tête et non sous les bras."

- En avion : "Ces stewards ont de jolis uniformes kaki mais je n'aime pas leurs cagoules noires."

- A Noël : "Il fallait le dire plus tôt, que tu ne savais pas ouvrir les huîtres."

 

Si la traduction vous intéresse, il suffit de demander !

 

Merci Lili pour ce grand moment de fou rire !

Vous trouverez aussi du Chiflet chez Violette !

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