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15 janvier 2013 2 15 /01 /janvier /2013 11:15

Dernier rejeton d'une mère qui en a déjà trop, la petite Maria est un beau jour vendue à une femme du village, veuve sans enfant. "Fill'e anima", c'est ainsi qu'on l'appelle désormais. Maria va donc grandir et se sentir aimée par Tzia Bonnaria Urrai, la couturière. Mais Tzia cache un secret : lorsqu'au village un malade est en souffrance ou en fin de vie, c'est elle qu'on sollicite pour mettre fin aux douleurs évitables. Elle est l'accabadora. Or, c'est là un talent que Tzia garde bien caché et dont personne ne parle de peur de s'attirer sa colère. Alors, quand Maria, jeune fille, découvre le lourd fardeau que porte Tzia, c'est l'incompréhension.

 

accabadora.jpg

 

Il est de ces romans qui vous entraînent malgré vous dans un autre monde, un autre temps. C'est comme cela qu'Accabadora a fonctionné avec moi, comme si j'avais été envoûtée à mon tour par la puissante "magie" de Tzia.

J'ai retrouvé chez Michela Murgia la même atmosphère que chez Gabriel Garcia Marquez dans Chronique d'une mort annoncée, mais cette fois en Sicile et non en Colombie. Si, chez Gabriel Garcia Marquez, la mort à venir est inévitable mais que personne ne veut rien voir, que les rues sont marquées par la touffeur d'une chaleur lourde, qui pèse sur chacun comme une chape de plomb, chez Michela Murgia, tout le village sicilien vit au rythme cadencé par l'accabadora, qui accorde ou non le repos aux malades ou aux hommes fatigués d'avoir trop vécus. Certaines de ces décisions s'avèrent bien difficiles à prendre, notamment lorsque celui qui souffre est un tout jeune homme : "comme les yeux de la chouette, certaines pensées ne supportent pas la lumière du jour. Elles ne peuvent naître que la nuit où, exerçant la même fonction que la lune, elles meuvent des marées de sens dans un invisible ailleurs de l'âme."

 

Ainsi, contrairement à la majorité des villageois qui ne voient en Tzia qu'une de ces vieilles femmes vêtues de noir qui hantent les rues siciliennes, Tzia se révèle dans toute son humanité, et l'auteur nous la dépeint jeune et amoureuse dans un portrait qui nous rappelle bien sûr celui de Maria. Mais la guerre va bientôt sonner le glas de l'innocence de Tzia : "A vingt ans, Bonaria avait assez vécu pour savoir que le "héros" constitue le masculin singulier du mot "veuves", et pourtant elle aimait s'imaginer mariée quand, allongée sur l'herbe, sous les pins, elle serrait sur sa poitrine la tête bouclée de Raffaele Zincu." Jamais son amant ne reviendra du front, sans que Tzia ne sache s'il est mort ou s'il a déserté. C'est peut-être là la raison de son "assèchement", elle qui a tant aimé et qui se retrouve trop tôt toute seule.

 

L'arrivée dans sa vie de la petite Maria se fait sans fanfare, mais plutôt comme si telle avait toujours été sa place. La première fois que Tzia voit Maria est à la fois touchante et dure, car Maria accompagne sa mère et ses soeurs au magasin d'alimentation et personne ne fait attention à elle : "La vieille couturière fut la seule à remarquer qu'une poignée de cerises noires d'Aritzo quittait le panier pour les replis de la petite robe de Maria, pour le secret d'une poche blanche. Ni honte ni conscience ne se peignit sur ce visage enfantin, à croire que l'absence de jugement était le juste contre-poids de son invisibilité déclarée. Comme les êtres, les fautes n'existent qu'à l'instant où d'autres s'en aperçoivent." Tzia comprend alors que Maria, que sa mère voudrait n'avoir jamais eue, mérite mieux que ce triste sort et lui offre une nouvelle naissance, une nouvelle vie auprès d'elle, qui vaudra bien plus que "l'avortement rétroactif" par lequel sa mère s'en débarrasse.

 

Je dois avouer que les parties consacrées à Maria, et notamment celle sur le continent, m'ont moins passionnée que celles sur Tzia, qui m'ont aussi rappelé les portraits de femme dessinés par Goliarda Sapienza dans L'Art de la joie. Mais l'accabadora risque d'être longtemps gravée dans mon esprit.

 

Une première lecture en lice pour le Prix du Meilleur Roman Points !

Rendez-vous sur http://www.lecerclepoints.com/ pour retrouver les avis de mes co-jurés !

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6 janvier 2013 7 06 /01 /janvier /2013 13:02

Porté disparu lors de la bataille d'Eylau, le colonel Chabert est pourtant bel et bien vivant : il refait littéralement surface en s'extirpant de la fosse commune dans laquelle on l'avait trop hâtivement jeté. Mais après une convalescence longue, son retour en France n'est pas chose aisée car même ses plus proches amis ne le reconnaissent pas... Pire encore, sa femme, le croyant mort, s'est remariée et ne veut plus entendre parler de lui, le privant par la même occasion de sa fortune passée. Commence alors pour Chabert un long combat pour espérer être un jour reconnu.

 

balzac-le-colonel-chabert1.jpg

 

Si l'une de mes collègues n'avait pas inscrit ce Balzac parmi les oeuvres à étudier pour nos classes de 2nde, il y a fort à parier que je ne l'aurais pas relu de sitôt. J'en gardais en mémoire une image peu flatteuse, celle d'un livre ennuyeux avec des soldats et des batailles... Très peu pour moi.

Ma relecture a donc été l'occasion d'un rappel sur les grandes batailles napoléoniennes : Eylau n'a désormais plus (ou presque) de secret pour moi. Balzac, par la bouche de Chabert, en décrit les horreurs dans un passage à glacer le sang : Chabert, ayant eu le crâne fendu lors de la bataille, est jeté à la fosse commune parmi des monceaux de cadavres et s'en sortira en creusant la terre qui le recouvre grâce à un membre humain sectionné. L'horreur de ce passage raconte les tristes heures de cette grande bataille qui, si elle se solda par une victoire française, n'en coûta pas moins la vie à près de dix mille soldats français, et même plus dans le camp prussien.

 

Mais Le Colonel Chabert est également l'occasion pour l'auteur de dépeindre la société de ce début du XIXème siècle, avec dans les premières pages un portrait haut en couleurs d'une étude de notaire et de ses clercs tire-au-flanc et farceurs, et le double-jeu mené par l'épouse de Chabert, qui m'a rappelé l'hypocrisie des filles du pauvre père Goriot dans le livre éponyme. Le Colonel Chabert se révèle être une nouvelle cruelle, construite sur le mensonge et la moquerie et où seuls les représentants d'une honnêteté rare sont Chabert et son notaire.

 

Et une première lecture dans le cadre du challenge repris par Stephie cette année !

challenge-classique.jpg

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23 décembre 2012 7 23 /12 /décembre /2012 17:50

L'équipe complète du blog de Neph

 

http://www.repmanblog.com/.a/6a00d8341c39e853ef014e5f63e02a970c-800wi

vous souhaite de bonnes fêtes de fin d'année !

 

 

Quant à Neph, après avoir pris un cours de maquillage spécial Noël,

 

http://www.buzzandpeople.com/wp-content/uploads/2009/12/sexy-christmas-wallpaper-111791-1200x750.jpg

 

elle coule des jours heureux en Belgique, elle aussi "victime" d'un exil fiscal inévitable à cause des millions générés par son blog.

 

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Elle déguste des bancs de saumon entiers et a réquisitionné une usine de foie gras qui tourne à plein régime pour elle.

 

http://www.usinenouvelle.com/mediatheque/8/5/5/000157558_5.jpg

A l'année prochaine pour 2013, année... du trapèze !

 

http://0.tqn.com/d/raleighdurham/1/0/2/9/-/-/Maria-Garcia-Queen-of-the-Clouds-Comedy-Trapeze-at-Ringling-Bros-Circus.jpg

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12 décembre 2012 3 12 /12 /décembre /2012 12:34

Je crois bien avoir participé à de nombreuses reprises avant d'être selectionnée cette année...
Ô joie !

 

Merci aux  éditions Points de m'accorder leur confiance dans le cadre du Prix du Meilleur Roman des lecteurs de Points pour l'année 2013 !

 

La liste complète des trente-neuf autres chanceux est disponible  en cliquant ici !

D'autres blogueuses ont elles aussi été sélectionnées ; pour l'instant, j'en ai repéré deux ! Il s'agit de Gwordia et de Meely ! Ravie de lire en votre compagnie, mesdames !

 

 

Qui encore parmi vous fait partie du jury ? Manifestez-vous !

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10 décembre 2012 1 10 /12 /décembre /2012 13:07

C'est le 11 décembre 2012 que la carrière du docteur Gabriel Stanton bascule : un peu dubitatif, il écoute le Dr Michaela Thane lui décrire les symptômes d'un nouveau patient hospitalisé dans l'un des établissements de Los Angeles, et la liste inquiétante lui fait penser à une maladie à prions, véritable fléau pour l'homme.

En parallèle, la jeune Ch el Manu, éminente spécialiste de la civilisation maya, dont font partie ses ancêtres, se voit remettre dans des circonstances pas vraiment légales un codex vieux de près de mille ans, qui semble être d'une forme totalement inédite : il s'agit du témoignage d'un scribe, qui semble expliquer la raison de l'extinction de son peuple.

Bientôt, les routes de Stanton et Chel Manu se croisent : alors que la maladie se répand et cause des milliers de morts, et si l'apocalypse tant redoutée du 21 décembre 2012 pouvait être enrayée grâce à leur collaboration ?

 

12-21-dustin_thomason.jpg

 

Ce n'est pas un hasard si j'écris mon article à la veille du début de l'ouvrage... C'est bien parce qu'il ne nous reste qu'un jour avant le début de l'épidémie que je vous invite à prendre connaissance du remède !

 

Je suis une vraie cliente de romans ésotériques, parfois pour mon plus grand malheur. En ces lieux, je vous ai déjà parlé de plusieurs grands ratages, qui me font déplorer mon manque de jugement en la matière. Heureusement, avec 12.21, Dustin Thomason signe un roman à mon goût réussi, qui jongle avec plusieurs genres, entre policier scientifique et roman d'aventure.

 

Les deux personnages, Stanton et Chel Manu, se complètent fort bien : Stanton est plutôt du genre sauvage, peu bavard et rivé sur le boulot. Seul le personnage de son ex-femme, l'aventurière baba cool, permet de l'humaniser un peu. En revanche, Chel Manu se montre davantage guidée par ses émotions : leur collaboration gagne donc sur tous les tableaux.

 

Mais la question qui se pose reste toujours la même : est-ce qu'on y croit ? Oui. Si j'y ai cru, c'est que le roman repose sur une théorie bien plus complexe que la plupart des théories apocalyptiques à propos du 21/12/12. Ici, pas d'astéroïde mystérieux qui débarquera dans notre ciel pour faire exploser la terre, pas de catastrophes naturelles à répétition qui finiront par tous nous noyer dans des flots de boue et de lave, mais une épidémie directement reliée à la folie des hommes. On remarquera que les défauts des hommes, déjà décelables chez les rois mayas, se perpétuent jusqu'à nos jours, où l'appât du gain, pourtant lié au départ à un simple besoin de subsistance, outrepasse les questions élémentaires de prudence.

 

L'ensemble tient la route jusqu'aux dernières pages, tant les embûches se succèdent. L'épidémie se propage à une vitesse folle, et l'auteur dépeint les travers des survivants, qui prennent des risques inouis pour échapper aux mesures de protection établies par le gouvernement. On prend peur de s'y reconnaître...

 

En attendant, si vous me cherchez, je suis partie faire mon sac pour Bugarach. On se retrouve là-bas !

J'y retrouverai déjà Acr0, Dup et Hécléa, qui connaissent elles aussi le remède !

(Et merci aux éditions Calmann-Lévy qui me permettent de sauver ma peau !)

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15 novembre 2012 4 15 /11 /novembre /2012 11:11

Les finances de Porterhouse College sont au plus mal. Cet établissement centenaire de Cambridge est croulant, et ce n'est pas le Maître qui pourrait arranger quoi que ce soit : ancien portier nommé par l'ancien Maître dans son dernier souffle, cloué dans un fauteuil roulant à cause d'une attaque après un repas trop riche, ses collègues le considèrent comme un vieux toqué bon à rien et particulièrement désagréable par-dessus le marché. Heureusement, l'Econome a décidé de prendre les choses en main : il a été approché par Transworld Televisions, dont le grand patron a décidé de devenir mécène en fin de carrière et est prêt à investir des millions à Porterhouse... pourvu qu'il en devienne le manitou. Alors que l'Econome est prêt à lui ouvrir grand les portes de Porterhouse, voilà que les équipes de Transworld venues filmer les lieux font s'écrouler la très vieille Chapelle. C'est en décidant de poursuivre Transworld pour dommages et intérêts que les professeurs de Porterhouse découvrent que l'entreprise sert de couverture pour un trafic international de drogue et blanchiment d'argent !

 

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De Tom Sharpe, j'avais déjà lu toutes la série des Wilt (en bonne flemmasse que je suis, je ne vous avais parlé que des tomes 1 et 2...) : rappelez-vous, ce pauvre professeur de littérature en lycée technique, qui devait faire face à des élèves rétifs à toute idée de culture, mais surtout à une femme folle à lier !

Nous retrouvons ici l'univers des professeurs d'université dont David Lodge s'est lui aussi fait une spécialité. Mais là où David Lodge confronte ses personnages aux difficultés de la vie quotidienne, des relations homme-femme et du vieillissement, Tom Sharpe n'hésite pas à les plonger dans les pires tourments inimaginables, notamment les plus loufoques.

 

Deux intrigues parallèles s'entremêlent ici, autour de deux nouvelles arrivées à Porterhouse.

D'un côté, M. Hartang, patron de Transworld Televisions, décide de se ranger des voitures, comme diraient les truands : après des années de trafic de drogue à travers le monde, sous prétexte d'aller filmer des pingouins par-ci, des pieuvres par-là, après aussi des années de tourisme sexuel en Asie, il décide de se mettre au vert à Porterhouse, pensant à tort que les murs vieillissants du College lui offriraient une douce retraite. Bien mal lui en prend...

De l'autre côté, le professeur Purefoy Osbert, fou amoureux de Mme N'Dlovo, conférencière spécialiste des questions de sexualité, décide de prouver sa virilité à cette dernière en acceptant une chaire à Porterhouse, sous le prétexte d'enquêter sur la mort du précédent maître. Sa veuve soupçonne en effet qu'il ait été assassiné, et elle ne croit pas si bien dire.

 

J'ai nettement préféré l'intrigue concernant Hartang à celle d'Osbert, qui partait pourtant si bien. Son rôle reste finalement très secondaire, et les épisodes avec Mme N'Dlovo frôlent le ridicule.

En revanche, les chapitres se déroulant à Porterhouse sont un vrai régal : les professeurs et responsables du College m'ont fait penser aux mages de l'Université de l'Invisible chez Pratchett, avec autant de dinguerie ! L'Econome, par exemple, plane autant chez Tom Sharpe que chez Pratchett, produits hallucinogènes en moins. C'est un délice de suivre les aventures de ces Dons, comme on les appelle, vieux monsieurs en total décalage avec leur temps et qui, entre eux, multiplient les quiproquos.

 

A vous de vous régaler (mais oubliez le menu à base de "canards pressés", spécialité de Porterhouse, ça n'apporte rien de bon!) !

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6 novembre 2012 2 06 /11 /novembre /2012 22:29

Tout juste installée à New York, à la veille du jour où elle s'apprête à commencer un nouvel emploi dans une boîte de publicité, Eva Trammell décide de chronométrer à pied le temps qu'il lui faut pour se rendre au travail, dans le building Crossfire. Sur place, elle fait la rencontre d'un homme qui la subjugue tant qu'elle voit en lui le plus bel homme qu'il lui ait été donné de croiser. Encore toute chamboulée, elle découvre que ce mystérieux inconnu n'est autre que Gideon Cross, l'un des hommes les plus riches du monde, et accessoirement l'un des célibataires les plus en vue de New York. Il semble d'ailleurs qu'Eva lui ait tapé dans l'oeil puisqu'il lui fait assez crûment des propositions plus qu'osées... Alors qu'Eva commence par résister à cette tentative de séduction plutôt indélicate, une relation fondée sur une passion charnelle dévorante débute bientôt entre eux deux. Mais tous deux cachent de lourds secrets enfouis depuis leur enfance, secrets qui risquent de leur mettre des batons dans les roues.

 

 

dévoilemoi  (La couverture qui annonçait d'emblée "Phénomène mondial" a commencé par m'agacer, mais ça, c'était avant que je ne fasse la rencontre de Gideon et que je devienne accro moi aussi à ce... sacré phénomène !)

 

Si lire, comme des millions de demoiselles au coeur tendre avant moi, Cinquante Nuances de Grey ne m'a pas encore tenté, je n'ai pas hésité une seule seconde (et j'ai bien fait, croyez-moi) avant de lire Dévoile-moi. Non pas que je sois plus branchée boutons de manchette que cravate, mais parce que la promesse de possession et d'obsession de la couverture m'a accrochée et que les chiffres de vente américains avaient quand même de quoi titiller ma curiosité : les ventes de la suite de Dévoile-moi, Reflected To You, dépassent allègrement les ventes de la série Fifty Shades ! Bref, j'ai cédé.

 

Oh que j'ai eu raison. J'en palpite encore, figurez-vous. J'ai ouvert ce livre comme j'aurais pu en ouvrir un autre, juste pour lire deux pages, à minuit, un soir de vacances... Sauf que, raté, je ne l'ai pas lâché avant la dernière page, frustrée qu'il n'y en ait pas encore ! Je ne savais pas encore que j'étais devenue accro à Gideon Cross (; quelques jours plus tard (quatre, pour être exacte... oui, je les compte, comme une vraie droguée !), le sevrage est encore difficile.

 

Ai-je donc vraiment envie de partager Gideon avec vous ? Rien n'est moins sûr. Pourtant, je pense très franchement que la sortie du livre en livrairies causera des vagues entières de soupirantes énamourées et de fantasmes en pagaille. Alors, allons-y gaiement.

 

La rencontre entre Eva et Gideon est digne de toute comédie romantique digne de ce nom. Et vas-y que quelqu'un trébuche, que son sac se renverse, que la jeune Eva, toute serviable qu'elle est, donne un coup de main pour ramasser. Et là, c'est le drame : elle voit s'avancer, alors qu'elle est agenouillée, deux chaussures masculines absolument sublimes appartenant au non moins sublime Gideon Cross. La situation de départ a de quoi faire sourire : Eva est d'emblée mise dans une position d'infériorité. Quand je dis "position", rassurez-vous, il y en aura d'autres ! Mais la jolie Eva n'est pas née de la dernière pluie, et quand Gideon lui annonce qu'il veut coucher avec elle, elle résiste, la petite ! Rassurez-vous, elle finit par céder tant la tension sexuelle la submerge dès qu'elle pose les yeux sur lui : il faut dire que Gideon, c'est "le genre d'homme qui donne envie à une femme de lui arracher sa chemise et d'en regarder les boutons voler dans les airs en même temps que ses inhibitions" !

 

Et alors là, c'est parti mon kiki : la tension sexuelle qui s'accumule à chaque regard donne lieu à de multiples scènes de jambes en l'air qui, sans faire rougir à tout prix, ont de quoi émoustiller ! Gideon, en plus d'être séduisant, est évidemment (sinon ce serait bien moins drôle) un dieu du sexe, et Eva n'est pas une oie blanche : ces deux partenaires consentants et expérimentés nous embarquent dans de folles séances de sexe qui durent des heures et des pages, et ils remettent le couvert toutes les deux heures environ(en tout cas c'est l'impression que ça donne !). Sans vous citer des passages particuliers qui feraient classer X cet article, je dois quand même vous avouer que ces scènes ne m'ont pas laissée insensible ou, pire, ne m'ont certainement pas fait rire aux éclats, ce qui peut être le cas de certaines romances aux tendances harlequinesques.

 

Là où j'ai moins aimé, c'est lorsqu'on aborde tous les secrets glauques et louches que traînent les deux personnages depuis des lustres : l'arrière-plan se veut un peu trop dramatique. Que voulez-vous, entre deux scènes très très chaudes, il faut quand même un peu d'action... et les retrouvailles sont encore mieux savourées après une dispute !

 

Vous l'aurez compris, je suis conquise, séduite, amoureuse de Gideon Cross. Si bien que, en attendant la sortie du tome 2 en français au printemps prochain, j'ai déjà mis le nez dans la version anglaise !

 

Je ne peux que chaleureusement remercier les éditions J'ai Lu pour m'avoir offert une nuit de lecture sans pause et des fantasmes renouvelés ! Et un coucou à Stephie pour son mardi de folie mensuel ! 

 

mardipermis 

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4 novembre 2012 7 04 /11 /novembre /2012 16:25

Parce qu'il s'englue dans une vie qui ne lui correspond plus depuis son veuvage, Andrew décide un beau jour de plaquer sa vie d'Anglais chef d'entreprise pour s'envoler vers d'autres horizons. Cette envie de changement le mène en France, où il est embauché en tant que majordome au château de Beauvillier. Question dépaysement, Andrew est servi : pas de réseau de téléphone portable, une patronne renfermée qui ne veut entendre aucune initiative pour moderniser le fonctionnement de son domaine, une cuisinière qui règne sur son petit monde et tyrannise Andrew... Mais après quelques hésitations quant à la conduite à adopter, Andrew sent qu'il eut apporter un vent de renouveau au château !

 


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C'est un hasard bienheureux qui m'a mis entre les mains le dernier livre de Gilles Legardinier : je vous avoue que, s'il fallait juger un livre uniquement à sa couverture, je n'aurais jamais laissé sa chance à celui-là ! Si je reconnais la beauté du chat, je déplore en revanche le montage et la pose effrayante de la bêêêête ! Même pour un livre qui se veut "hilarant", selon la quatrième de couverture, un peu de modération aurait été la bienvenue ! Par ailleurs, on a connu des titres plus soignés... Celui-là a un côté accrocheur qui me rebuterait d'emblée. Arrêtons-là le jugement sur la couverture ; vous allez croire que je n'ai pas aimé alors que c'est tout le contraire !

 

"Complètement cramé !", c'est le cri du coeur typiquement français que ne comprendra pas Andrew (qui dit ça, d'ailleurs ? Complètement zinzin, complètement frappé, d'accord, mais cramé ?!). Il faut dire que, quittant une vie rangée et dénuée de toute fantaisie, Andrew atterrit en France chez des particuliers hauts en couleurs ! D'ailleurs, lui-même se révèle très farceur et va bien vite rendre chèvre Odile, la cuisinière qui n'a pas l'habitude d'être contrariée. L'humour anglais, voilà ce qui manquait au château de Beauvillier !

 

Les personnages sont tous fort bien développés par l'auteur, et leurs interactions évoluent au fil de l'oeuvre grâce à Andrew, qui sert de liant à tous. J'ai moins apprécié les passages concernant Yanis, que j'ai trouvés moins crédibles au vu de l'âge supposé de l'enfant et la manière trouvée pour le motiver à s'améliorer à l'école. Mais l'épisode d'Halloween était proprement jubilatoire !

Par ailleurs, les sujets abordés par l'auteur, souvent sensibles, sont traités avec humour et sans dramatiser : la grossesse de Manon, les arnaques dont est victime Madame, les rapports parents/enfants...

 

Gilles Legardinier signe là un livre réjouissant, qui plaira à mon avis à tous les âges (j'ai bien prévu d'en faire profiter ma maman et ma grand-mère !) : peut-être une première idée pour Noël ?

 

Et déjà un 350ème article ! Le temps passe, mes aïeux...


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24 octobre 2012 3 24 /10 /octobre /2012 17:14

Être détective privé est bien la seule activité professionnelle qu'envisage Isabel Spellman : il faut dire qu'elle baigne dans cet univers depuis son plus jeune âge. Ses parents et son oncle gèrent l'agence Spellman, qui se fait fort de résoudre aussi bien des affaires financières que des affaires de couple. Pourtant, Isabel se rend compte, à vingt-huit ans, que le comportement intrusif de ses proches ruine toutes ses histoires d'amour : elle envisage alors de démissionner. Mais, alors qu'elle planche activement sur sa dernière affaire, sa petite soeur Rae disparaît : Isabel mobilise alors toutes les ressources en sa possession pour la retrouver.

 

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Si je ne partage pas l'avis de Lauren Weisberger, qui clame en couverture qu'elle n'a jamais rien lu de si drôle depuis lurette, je dois bien avouer que Spellman & associés m'a réconciliée avec la lecture, que j'ai délaissée depuis un bon mois (depuis, en fait, que j'ai découvert que mes deux mains gauches me permettaient quand même, après entraînement, de me mettre aux travaux manuels. Bref.).

 

Le livre se construit sur une alternance de courts chapitres, tous racontés par Isabel, la narratrice, qui revient sur son expérience de détective et celle de sa soeur Rae, tombée dans la marmite à six ans ! Ces flash-backs, réclamés par l'inspecteur Stone, forment l'interrogatoire auquel est soumise Isabel après la disparition de Rae : parfois, lorsqu'Isabel raconte des événements trop farfelus pour y croire, l'inspecteur Stone intervient et témoigne de son étonnement.

Il faut dire que la vie à la Spellman a de quoi surprendre : les cinq membres de la famille s'aiment à coup sûr, mais d'un amour vache... Tous se surveillent, font du chantage aux uns et aux autres, brisent les feux des voitures familiales pour éviter d'être suivis par l'un d'eux, et s'interrogent en permanence ; autant dire que la notion de liberté individuelle n'a pas cours à la maison !

 

Le lecteur de Spellman & associés n'a donc pas affaire qu'à un simple roman policier, mais l'intrigue policière se double d'une chronique familiale pas piquée des vers : si l'on se réjouit de ne pas faire partie de cette famille de vrais tarés, on se réjouit aussi d'être le témoin embarqué du récit d'Isabel, si bien organisé, à la manière de ses comptes-rendus professionnels, mais en même temps si loufoque ! Entre la liste de ses ex et de leurs dernières paroles, le récit des week-ends trop arrosés de l'oncle Ray et les frayeurs de Daniel, le dentiste amoureux d'Isabel complètement dépassé par les élucubrations familiales, le livre est un régal. D'ailleurs, quelques présomptions se font jour à la fin quant à la probabilité d'une nouvelle histoire d'amour dans les romans suivants, et je vais me faire une joie de continuer à suivre les aventures spellmaniennes !

 

Merci à Armelle de m'avoir prêté ce roman, dévoré en quelques jours et particulièrement apprécié !

Filez donc chez Emma, elle vous dira elle aussi à quel point elle a adoré !


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26 septembre 2012 3 26 /09 /septembre /2012 16:02

C'est à l'occasion de la mort de son compagnon de route, amant et ami Robert Mapplethorpe, que Patti Smith décide de raconter les années qu'ils ont traversées ensemble, dans le Brooklyn des années 1960-1970.

 

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Patti Smith, pour moi, n'était avant cette lecture que le nom lointain d'une chanteuse culte, certes, mais qui n'avait jamais été l'objet d'une attention particulière de ma part, contrairement à d'autres artistes de cette période. Pourtant, dès la sortie de cette autobiographie partielle, j'avais eu envie de la lire, plutôt pour l'aspect témoignage sur une période culturellement foisonnante que pour Patti Smith elle-même. C'est grâce à Emilie, du blog Douce Paresse, que j'ai pu moi aussi embarquer pour un retour dans le New York d'il y a cinquante ans déjà.

A cette époque, Patti n'est encore qu'une toute jeune femme, qui quitte ses parents pour gagner New York où elle espère vivre sa vie en étant artiste. C'est là qu'elle rencontre Robert Mapplethorpe, jeune éphèbe avec qui elle entame une vie de bohème, à deux. Si leur instinct créatif est d'ores et déjà présent, ils doivent pourtant multiplier les petits boulots alimentaires. Robert développe un goût pour le collage et la photographie, tandis que Patti ne se tournera que tardivement vers la chanson, après avoir écrit et lu des poèmes.

Les rencontres avec les grands de ce temps sont nombreuses et surprenantes, tant ces noms évoquent pour moi ceux de dieux vivants ; à l'époque pourtant, tous formaient à Brooklyn un microcosme accessible à ceux qui, comme Patti et Robert, se démenaient pour créer coûte que coûte. Ainsi, Patti Smith évoque la mémoire de Janis Joplin, Allen Ginsberg, Loulou de la Falaise...

Mais l'aspect de cette oeuvre qui m'a le plus touchée reste les liens très forts qui unissent jusqu'au bout Patti et Robert. Le livre s'ouvre et se clôt sur la mort de Robert, annoncée à Patti au téléphone. Lorsqu'elle finit d'évoquer leurs souvenirs communs, avant que leurs routes ne se séparent, on comprend toutefois que, sans être plus amants, ils n'en sont pas moins restés des amis très proches, de ceux que l'on n'a pas besoin d'appeler pour savoir qu'ils sont là pour nous.

Robert meurt du SIDA en 1989, et ses derniers jours sont racontés par Patti Smith avec pudeur mais tant d'amour que j'en ai versé une larme.

 

Just Kids se révèle être une belle preuve d'amour et d'amitié, émaillée d'excès mais toujours profonde, vraie et touchante.

 

patti-smith-robert-mapplethorpe-01-1.jpg

 

Merci Emilie !

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