Washington, un 11 novembre. L'inspecteur Miller se rend sur les lieux d'un crime, un petit pavillon de banlieue dans lequel un livreur de pizza a découvert le corps d'une femme, abandonné sur le bord du lit. L'affaire semble correspondre au mode opératoire d'un tueur qui opère dans le voisinage depuis quelque temps, surnommé le Tueur au ruban. Mais Miller s'aperçoit rapidement que la victime n'est pas la femme modèle que l'on pourrait imaginer : discrète, elle vivait en réalité sous une fausse identité. Pourquoi ? En se penchant d'un peu plus près sur le passé trouble mais bien caché, Miller met le doigt dans un engrenage qu'il est loin de soupçonner et qui va le mener jusque dans les hautes sphères du pouvoir nord-américain.
M'étant régalée en début d'année avec le très beau, très sensible et poétique Seul Le Silence, je n'ai pas hésité à recevoir Les Anonymes, m'attendant à un nouvel ouvrage du même acabit. Je ne pouvais pas plus me tromper !
Les Anonymes ne ressemble en rien à l'ouvrage précédent. La première scène, au cours de laquelle Catherine Sheridan, puisque c'est ainsi que se nomme la victime, détecte chez elle la présence de son agresseur et se prépare sereinement à la mort qui lui est réservée, est terrible : on oscille entre admiration pour Catherine et frayeur monumentale à l'idée qu'elle résiste à la terreur que devrait inspirer une situation de ce type.
Ensuite, la rencontre avec l'inspecteur Miller nous rend dès le prime abord l'homme sympathique : parfois bourru, toujours pudique, traînant derrière lui une sombre histoire qui ne nous sera révélée que par bribes, il n'est pas sans rappeler Adamsberg, le héros de Vargas (rencontré dans L'Homme aux cercles bleus). Il est chouchouté par un vieux couple touchant et sage, qui l'aide à ne pas sombrer dans une misanthropie irréversible.
Malgré ces deux points qui pouvaient laisser présager que le livre allait me plaire, mon intérêt a commencé à flancher dès l'instant où un second narrateur prend la parole pour raconter des pans entiers des rapports économiques entre Amériques du Nord et du Sud et dont on comprendra qu'ils ont un rôle fondamental dans la résolution de l'affaire. On est embarqué dans un récit complexe, touffu, peu clair pour la lectrice que je suis, peu versée dans ce genre d'intrigue politico-financière. C'est bien dommage, car c'est une majeure partie du livre qui m'a rebutée et qui, un instant, m'aurait bien poussée à abandonner ma lecture.
Mon naturel curieux étant quand même déterminé à connaître l'identité du fameux tueur, j'ai concentré mon attention sur la résolution de l'enquête : là encore, j'ai été très déçue. Les morts qui émaillent le chemin de Miller sont autant de rebondissements palpitants, mais j'ai eu l'étrange impression que le coupable s'était lui-même jeté en travers du chemin de Miller pour l'aider à le trouver, ce qui n'est généralement pas la conduite des assassins ! Ainsi, le dévoilement final ne m'a-t-il pas davantage convaincue.
Il s'agit ainsi pour moi d'une déconvenue inattendue : je reste toutefois sur l'excellente impression que j'avais eue de Seul Le Silence, dont j'aurais tant voulu retrouver l'atmosphère ici.
Cet article a été rédigé (tardivement, ce dont j'ai honte !) dans le cadre des Chroniques de la rentrée littéraire en partenariat avec Ulike ! Merci à eux !
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