La semaine dernière en ces lieux, mais déjà il y a des siècles, Catulle nous chantait son désespoir et demandait aux dieux de le débarrasser des restes douloureux d'une longue relation amoureuse qui vient de se terminer.
Avant d'en arriver là, il a évidemment coulé des jours heureux avec la noble et séduisante Clodia, mais la belle se révèlera bien volage... Catulle la célebrait sous le nom de Lesbie ; voici un très joli poème dans lequel il l'invite à profiter du temps présent (on pensera au "carpe diem" d'Horace !) et à l'embrasser encore et encore...
Vivamus, mea Lesbia, atque amemus,
rumoresque senum severiorum
omnes unius aestimemus assis.
Soles occidere et redire possunt ;
nobis cum semel occidit brevis lux,
nox est perpetua una dormienda.
Da mi basia mille, deinde centum,
dein mille altera, dein secunda centum,
deinde usque altera mille, deinde centum.
Dein, cum milia multa fecerimus,
conturbabimus illa, ne sciamus,
aut ne quis malus invidere possit,
cum tantum sciat esse basiorum.
En version française, ça donne : Vivons, ma Lesbie, et aimons-nous ; toutes les rumeurs des vieillards trop sévères, jugeons qu'elles ne valent pas plus qu'un sou. Le soleil peut mourir et renaître ; pour nous, une fois que la brève lumière meurt, il reste une seule nuit éternelle à dormir. Donne-moi mille baisers, puis cent, puis mille autres, puis une deuxième fois cent, puis jusqu'à mille autres, puis cent. Ensuite, lorsque nous en aurons fait plusieurs milliers, nous en perdrons le compte afin de ne plus savoir et qu'un méchant ne puisse nous jeter un sort quand il saura combien de baisers il y a eu.
Une idée de Chiffonnette !