Ah, Ovide et sa poésie érotique... Rappelez-vous, je vous avais déjà parlé de L'Art d'aimer, l'an dernier, et des bons conseils qu'Ovide y donnait en matière de séduction !
Dans le poème ci-dessous (les vingt premiers vers de la neuvième élégie du premier livre des Amours), Ovide compare la fonction de soldat à celle d'amant, dans le but de prouver qu'être amoureux n'est pas de tout repos !
Militat omnis amans, et habet sua castra Cupido.
Attice, crede mihi, militat omnis amans.
Quae bello est habilis, Veneri quoque convenit aetas.
Turpe senex miles, turpe senilis amor.
Quos petiere duces annos in milite forti,
hos petit bella puella viro.
Pervigilant ambo ; terra requiescit uterque -
ille fores dominae servat, at ille ducis.
Militis officium longa est via ; mitte puellam,
strenuus exempto fine sequetur amans.
Ibit in adversos montes duplicataque nimbo
flumina, congestas exteret ille nives,
nec freta pressurus tumidos cauabitur euros
aptaque verrendis sidera quaeret aquis.
Quis nisi vel miles vel amans et frigora noctis
et denso mixtas perferet imbre nives ?
Mittitur infestos alter speculator in hostes ;
in rivale oculos alter, ut hoste, tenet.
Ille graves urbes, hic durae limen amicae
obsidet ; hic portas frangit, at ille fores.
Voici une traduction, trouvée sur le précieux site Remacle.org : Tout amant est soldat, et l'Amour a son camp ; oui, Atticus, crois-moi, tout amant est soldat ; l'âge qui convient à la guerre est aussi celui qui convient à Vénus. Honte au vieux soldat ! honte au vieil amant ! le nombre d'années qu'exige un chef dans un brave soldat est celui qu'une jeune beauté demande à l'heureux possesseur de sa couche ; ils veillent l'un et l’autre ; tous deux ils ont souvent pour lit la terre ; l’un garde la porte de sa maîtresse, l'autre celle de son général ; le soldat doit parcourir de longues routes, l'intrépide amant suivra jusqu'au bout du monde sa maîtresse, obligée de partir : il franchira les montagnes escarpées, les torrents grossis par les orages, et traversera sans crainte les neiges amoncelées ; prêt à voguer sur les mers, il ne redoutera point les vents déchaînés, il n'attendra pas le temps propice à la navigation. Quel autre qu'un soldat ou qu'un amant bravera la fraîcheur des nuits et la neige mêlée à des torrents de pluie ? L'un est envoyé comme éclaireur au-devant de l'ennemi ; l'autre a les yeux fixés sur son rival comme sur un ennemi ; celui-ci assiège des villes menaçantes, l’autre le seuil de son inflexible maîtresse ; tous deux enfoncent des portes d'inégale grandeur.
Ah, si seulement... !