La découverte du corps du jeune Mads Birk dans une maison à vendre, entouré de guêpes, met la police danoise sur les dents : à quelques jours de Noël, il semble en plus que l'assassin ait décidé de menacer le commissaire Daniel Trokic. Lorsqu'un second garçon disparaît, la crainte d'avoir affaire à un tueur en série s'aggrave.
Après quelques déceptions dues à des policiers scandinaves, je ne donnais pas cher de ma motivation à lire encore à l'avenir des thrillers ou polars venus du froid. Fort heureusement, ce titre, lu ce week-end à l'occasion du Challenge des 1000 (dont vous pouvez lire le compte-rendu ici), m'a réconcilié avec le genre !
Il faut dire que le commissaire et ses adjoints savent y faire, confrontés à des histoires sordides. Les témoins qu'ils interrogent n'y mettent pas toujours du leur ! Interrogée à propos d'un voisin psychologiquement fragile, voici ce que répond une femme :
"" Et non, je n'ai rien remarqué de particulier ces derniers temps. Ce n'est pas la première fois qu'il se tape la tête contre les murs, alors de ce point de vue-là, rien d'exceptionnel."
Trokic n'était pas certains d'avoir un jour rencontré quelqu'un dont le seuil de tolérance aux comportements anormaux soit aussi élevé. Ou alors c'était la personne la plus naïve qu'il ait jamais vue."
Même héros de l'histoire, Trokic n'occupe pas le haut du pavé, et chacun des personnages de l'enquête se verra réserver une place identique sous la plume de l'auteur. M'est avis que l'auteur pourrait bien ouvrir là une saga : je suivrais avec plaisir le devenir de ce commissariat.
Je poussais il y a quelque temps ma complainte contre les personnages censés jouer les gentils mais eux-mêmes torturés par des souvenirs qui les hantent. Trokic en fait partie. Lisa, une de ses collaboratrices, juge ainsi l'attirance qu'il provoque : "Que plusieurs secrétaires lui courent après, ce n'était pas aberrant dans le monde de Lisa, mais on trouvait toujours des espèces de kamikazes prêtes à se crasher pour ce genre de type renfermé." Mais l'auteur n'accorde pas une place prépondérante aux défauts de son commissaire, n'en faisant pas un prétexte à agir de manière borderline.
D'ailleurs, le ton extrêmement détaché pour lequel a opté l'auteur permet de porter un regard nouveau sur ce style étonnant : une jeune recrue du commissariat raconte ainsi très sobrement sa jeunesse : "Mon père et ma père buvaient quand j'étais petit. Mon père a abattu ma mère avec un fusil à canon scié juste avant que je quitte l'école. C'est moi qui l'ai trouvée. Elle était par terre dans la cuisine, une cocotte à la main, et mon père faisait une réussite." Point. Avouez que ça a de quoi scotcher !
Si l'enquête et sa résolution sont menées plutôt sans surprise, la mayonnaise prend bien grâce justement à ce ton décalé qui rend l'ensemble agréablement fluide. On en redemande !
Merci à Sophie, des éditions Mirobole, pour l'envoi de ce titre qui est l'un des premiers de leur catalogue.
Le soin apporté à la couverture et à la typographie, ainsi qu'à la mise en page, en font un livre très soigné qui présage du meilleur pour l'avenir de cette toute jeune maison d'éditions !
J'ai tardé à lire ce livre, au même titre que le reste de ma PAL, mais je vais tâcher de rattraper ça !
Mylène, Kincaid, Noémie, Nelfe, Kalhan, et Dup ont aussi leur avis !