Opprimés par le régime du tsar, un groupe de socialistes révolutionnaires décide de s'attaquer au pouvoir et fomentent un attentat contre le grand-duc Serge, oncle du tsar. Ces terroristes se partagent les rôles et définissent les moyens de leur acte, avant de passer à l'exécution de leur plan : jeter une bombe sur la calèche du grand-duc... Risquant de mourir pendant l'attentat ou d'être condamnés à mort, les conjurés vivent dans la joie et la douleur les derniers préparatifs.
Les Justes est une pièce complexe de par son sujet, qui m'était totalement inconnu. Un avant-propos de l'auteur permet de comprendre que la pièce est fondée sur un fait historique réel, théâtralisé par Camus pour rendre les personnages vraisemblables et humains.
En effet, si le recours à la violence censé amener à la paix est un point discutable et d'aileurs critiqué par l'auteur dans un débat entre Stepan et Kaliayev, Camus présente ces camarades révolutionnaires comme des hommes et non des machines ou des kamikazes irréfléchis, en leur conférant des qualités et des défauts proprement humains.
Leur révolte est louable, et devoir envisager la mort d'autrui ne s'avère pas couler de source, malgré leur détermination. Ainsi, Kaliayev retrouvera une part d'humanité en refusant de s'en prendre aux enfants accompagnant le grand-duc.
Habités par une haine farouche pour le régime, les personnages n'attaquent pas le grand-duc par lui-même ni pour lui-même, mais c'est bien la tyrannie qu'ils visent à travers lui, dans le but ultime de libérer le peuple tout entier. Capables de haine donc, les personnages peuvent aussi toutefois aimer. Ils aiment leur patrie d'un amour inconditionnel ; ils s'aiment entre camarades, avec la violence et la sincérité des derniers instants.
Camus rend hommage aux grands hommes de l'ombre, qui luttent pour abolir les systèmes inégaux tout en devant parfois composer avec les mêmes travers, ici le recours à la violence. Entre exaltation et douleur, Les Justes est une pièce dure et évocatrice des malheurs des hommes.
Après avoir oublié le mois de février, si court, il s'agit là de ma lecture de mars pour le challenge de Stephie !