François-Claudius Simon, frais émoulu de l'Ecole des services actifs de la Préfecture, fait ses premières armes au Quai des Orfèvres. La Première Guerre mondiale, qui vient de s'achever, lui a laissé des séquelles tant physiques que psychiques, qu'il tente tant bien que mal d'oublier pour se concentrer sur la tâche qui est désormais la sienne. Protégé par le chef Robineau, qui l'a pris sous son aile, sa première affaire consiste en un meurtre commis à la gare Montparnasse sur un homme laissé défiguré comme une gueule cassée. Rapidement, la sagacité de François lui fait soupçonner un complot bien plus qu'un simple crime...
C'est le seul titre de l'ouvrage qui m'avait au départ décidé à le lire : j'avais imaginé un défilé rythmé de victimes d'un tueur fou, qui aurait affolé des services de police sur le qui-vive. Par ailleurs, il s'agit de la première enquête d'un jeune inspecteur dont on sait d'avance qu'on le retrouvera dans d'autres volumes et d'autres enquêtes : voilà de quoi se laisser tenter, d'autant que, si la Première Guerre n'est pas un de mes sujets de prédilection en terme de lectures historiques, la prendre pour arrière-plan d'un policier me semblait prometteur.
Et pourtant, que de banalités ! J'ai regretté dès le premier chapitre que le schéma choisi pour le roman soit si classique : présentation de notre personnage et de ses séquelles, découverte de son nouveau milieu de travail, des coéquipiers et du chef, première affaire, personnage laissé en autonomie, première piste et avancée progressive... rien de bien original ! La rencontre de François et de celle qui deviendra son amante arrive comme un cheveu sur la soupe, dans des circonstances intéressantes mais qui resteront malheureusement inexploitées.
Le dénouement lui-même, qui veut opérer un basculement net avec l'enquête menée précédemment, manque de crédibilité dans la façon dont il est annoncé.
Dans une galerie de personnages stéréotypés, seuls les gueules cassées rencontrées à l'hôpital dans le service qui leur est dédié semblent être des personnages honnêtes et convaincants, bien qu'ils ne soient que donnés à voir sans être vraiment exploités. La scène où on les voit danser entre eux pour préparer un retour progressif au monde, qui pour certains n'arrivera jamais, est extrêmement touchante. Malheureusement, l'ensemble de l'ouvrage reste à la fois banal et trop peu passionnant.