Seize ans après son dernier voyage au Japon, Amélie retourne sur les terres de son enfance sous le prétexte d'un documentaire télévisé pour y retrouver Nishio, sa nourrice, et Rinri, l'amour de ses vingt ans.
Avoir dans les mains le dernier Nothomb, c'est un peu se sentir privilégiée, quand même, surtout un mois avant sa sortie officielle : ma lecture date du mois de juillet. Mais c'est aussi un affreux moment de doute : au rythme d'un titre publié par an, il y a des bons crus, mais aussi de moins bons. D'ailleurs, ces dernières années, j'en avais surtout croisé de moins bons. Alors, au moment de se jeter dans la lecture, on respire un grand coup, et on s'attend à tout.
Et finalement, c'est une bonne pioche. Le retour au Japon est un moyen pour l'auteur de retrouver deux figures marquantes de sa vie là-bas, la douce Nishio-san, qui n'a plus toute sa tête, et le gentil Rinri, envers lequel elle pense avoir été trop cruelle avant de se rendre compte qu'elle a fait le bon choix.
Amélie Nothomb adopte dans cette oeuvre le même ton que dans ses interviews ou interventions dans les médias : planant, flottant, décalé, à la fois serein et bousculé, amusant et amusé, son style plaît toujours. On apprécie qu'elle s'émerveille de "son" Japon, entre permanence et bouleversement depuis le tremblement de terre de Kobé en 1995 et la catastrophe nucléaire de Fukushima en 2011. Le documentaire télévisé est donc laissé en arrière-plan, mais c'est tant mieux : il n'aura été que le prétexte, disais-je, du retour au pays, qui permet à l'auteur de conclure un pan de sa vie pour mieux regarder ailleurs.
J'ai donc apprécié ma lecture : sans qu'il s'agisse là d'un chef-d'oeuvre, c'est plutôt "du bon Nothomb". On aimera, on aimera moins, mais pas sûr qu'on déteste, car l'auteur s'y révèle, et ce de manière plutôt touchante. En refermant le livre, on ne peut que lui souhaiter de nouveaux voyages. Mais encore une fois, après avoir lu tant de "moins-bons-Nothomb", n'est-on pas un peu trop indulgent lorsqu'on tombe sur un "pas-si-mal" ?