Lady St-Columb, à l'aube de ses trente ans, ne se reconnaît pas : elle a en horreur la vie mondaine qu'elle mène à Londres et décide, sur un coup de tête, de se mettre au vert à Navron, où son mari possède une maison de campagne. Mais une fois sur place, elle ne goûte pas longtemps le repos escompté : elle tombe sous le charme de Jean-Benoît Aubéry, pirate français qui menace les côtes anglaises. Alors qu'elle semble renaître aux côtés du pirate, voilà que son époux et ses confrères se liguent pour mettre fin aux agissements du Français... et le faire pendre.
Daphné du Maurier va bientôt se retrouver une des sources principales de ce blog : après L'Auberge de la Jamaïque et Mad, voilà un nouveau titre, encore une fois bien différents des autres. Daphné du Maurier a le chic pour installer ses romans en des lieux et des situations sans cesses renouvelés, l'une des raisons pour lesquelles je ne me lasse pas de la lire.
Cette fois, notre jeune héroïne n'a d'emblée rien de sympathique, mais c'est une femme de courage et de caractère, comme dans mes lectures précédentes de cet auteur. Toutefois, le peu de cas qu'elle semble parfois faire de ses enfants m'a un peu refroidie, mais on se rappellera alors le rôle essentiel des nounous, bonnes et gouvernantes, véritables mères de substitution pour les riches bambins de l'époque.
Ce qui fait tout le charme de ce roman, c'est la simplicité et la vigueur du sentiment qui va bientôt lier Lady St-Columb à Aubéry, et qui lui permet de devenir enfin celle qu'elle était au fond d'elle, non ce mensonge créé de toutes pièces pour la vie de cour et de salons. Cette distinction court tout au long du roman et permet de mesurer distinctement le fossé entre la femme "vraie" et son double mondain. Ce fossé augmente dès l'apparition de David, ce mari qui la vénère mais, ne la comprenant pas, ne peut lui offrir cette vie rêvée.
Il est trop tard, de toute façon : le pirate a déjà fait son oeuvre dans le coeur de la belle. On s'amusera de voir quelle réputation le précède à cause de sa nationalité française !
Le dénouement, bien qu'il me semble ne pas convenir à la fougue du reste du roman, est absolument touchant, et on se prend à rêver, nous aussi, de croiser un jour la route d'Aubéry, ce gentleman à la française !
Merci à Petite Fleur pour ce livre, qui l'a davantage déçue que moi.