23 novembre 2009
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14:06
C'est au tour de Suzanne, de Chez les filles, de me faire lire avec cet ouvrage dont je n'avais encore jamais entendu parler, mais sur lequel j'ai bien fait de parier :

"Bon, vas-y, dis-nous plutôt de quoi ça parle !"
Fidelis Waldvogel est maître-boucher. Il a appris le métier auprès de son père et, après avoir combattu du côté allemand lors de la Première Guerre mondiale, c'est à son tour d'exercer ce noble métier. Il épouse la veuve enceinte de son camarade Johannes, tombé à la guerre après lui avoir sauvé la vie, et part travailler aux Etats-Unis, pays prometteur et riche. Là-bas, une fois installé, il travaille sans relâche pour faire venir sa femme Eva et le petit Franz. Leur entreprise devient prospère et ils deviennent bientôt parents de trois autres petits garçons. A la boutique, ils embauchent Delphine, qui assure des spectacles d'acrobate avec son compagnon Cyprian. Mais Eva tombe bientôt gravement malade et Delphine doit s'occuper de faire tourner la boutique et s'occuper de la famille...
Grands lecteurs que vous êtes (j'aurais pu dire grandes lectrices puisque mon lectorat est essentiellement féminin, mais je ne veux pas effrayer les quelques messieurs qui s'aventurent par là de temps à autre), ce ne sont pas les titres bizarres qui vous effraient. Les quelques personnes à m'avoir vue lire ce roman ont trouvé son titre peu accrocheur : je dois dire au contraire qu'il m'a plu dès le début... Et dans tout le livre, cette opposition entre douceur et force sera toujours en balance chez un personnage ou à une époque. En effet, la maladie d'Eva survient à un moment où la famille a tout pour être heureuse ; Franz décide un jour de s'engager dans l'armée de l'air (du côté américain) lors de la Seconde Guerre mondiale alors que son père veut l'en dissuader, ayant lui-même connu l'horreur des champs de bataille...
Chaque personnage évolue, pendant les années qui forment le livre, pour s'accomplir : l'exemple le plus flagrant en est Delphine qui, de comédienne itinérante malheureuse en amour, deviendra une femme responsable et aimante. La fin, qui met en lumière l'enfance de Delphine et nous fait regarder d'un autre oeil l'entretien de celle-ci avec la petite Mazarine Shimek, amoureuse d'enfance de Franz, est touchante et très plausible. C'est sur elle que se concentre la majorité du livre. Mais ceux qui m'ont le plus touchée reste le couple formé par Fidelis et Eva : ils ne se sont rencontrés que par la mort de Johannes mais se sont aimés passionnément et tendrement. Lui, si puissant et fort de par son métier, qui nécessite une grande force physique, est pourtant si doux avec son épouse et possède une voix forte et mélodieuse. Elle, alors qu'elle vend toute la journée les produits confectionnés par son époux et vit dans l'odeur de la viande toute la journée, a pourtant fait de sa maison un véritable cocon de bien-être et se montre extrêmement gentille envers Delphine. Son amour maternel débordant rejaillit aussi sur Delphine, mais ses garçons en sont évidemment les premiers destinataires : j'ai été très émue par le passage dans lequel Franz, qui sait sa mère malade et se passionne déjà pour l'aviation, réussit à la faire monter dans un petit avion pour lui montrer le ciel de plus près et la rassurer sur sa mort prochaine...
Malgré son titre, qui peut rebuter, ce livre est un véritable chant d'amour, qui va au-delà des incompréhensions entre voisins, entre époux, en famille. Louise Erdrich m'a convaincue, elle que l'éditeur compare déjà à "ses illustres aînés, Faulkner ou Toni Morrison". Merci à l'équipe de Chez les Filles et au Livre de Poche pour cette si belle découverte.


"Bon, vas-y, dis-nous plutôt de quoi ça parle !"
Fidelis Waldvogel est maître-boucher. Il a appris le métier auprès de son père et, après avoir combattu du côté allemand lors de la Première Guerre mondiale, c'est à son tour d'exercer ce noble métier. Il épouse la veuve enceinte de son camarade Johannes, tombé à la guerre après lui avoir sauvé la vie, et part travailler aux Etats-Unis, pays prometteur et riche. Là-bas, une fois installé, il travaille sans relâche pour faire venir sa femme Eva et le petit Franz. Leur entreprise devient prospère et ils deviennent bientôt parents de trois autres petits garçons. A la boutique, ils embauchent Delphine, qui assure des spectacles d'acrobate avec son compagnon Cyprian. Mais Eva tombe bientôt gravement malade et Delphine doit s'occuper de faire tourner la boutique et s'occuper de la famille...
Grands lecteurs que vous êtes (j'aurais pu dire grandes lectrices puisque mon lectorat est essentiellement féminin, mais je ne veux pas effrayer les quelques messieurs qui s'aventurent par là de temps à autre), ce ne sont pas les titres bizarres qui vous effraient. Les quelques personnes à m'avoir vue lire ce roman ont trouvé son titre peu accrocheur : je dois dire au contraire qu'il m'a plu dès le début... Et dans tout le livre, cette opposition entre douceur et force sera toujours en balance chez un personnage ou à une époque. En effet, la maladie d'Eva survient à un moment où la famille a tout pour être heureuse ; Franz décide un jour de s'engager dans l'armée de l'air (du côté américain) lors de la Seconde Guerre mondiale alors que son père veut l'en dissuader, ayant lui-même connu l'horreur des champs de bataille...
Chaque personnage évolue, pendant les années qui forment le livre, pour s'accomplir : l'exemple le plus flagrant en est Delphine qui, de comédienne itinérante malheureuse en amour, deviendra une femme responsable et aimante. La fin, qui met en lumière l'enfance de Delphine et nous fait regarder d'un autre oeil l'entretien de celle-ci avec la petite Mazarine Shimek, amoureuse d'enfance de Franz, est touchante et très plausible. C'est sur elle que se concentre la majorité du livre. Mais ceux qui m'ont le plus touchée reste le couple formé par Fidelis et Eva : ils ne se sont rencontrés que par la mort de Johannes mais se sont aimés passionnément et tendrement. Lui, si puissant et fort de par son métier, qui nécessite une grande force physique, est pourtant si doux avec son épouse et possède une voix forte et mélodieuse. Elle, alors qu'elle vend toute la journée les produits confectionnés par son époux et vit dans l'odeur de la viande toute la journée, a pourtant fait de sa maison un véritable cocon de bien-être et se montre extrêmement gentille envers Delphine. Son amour maternel débordant rejaillit aussi sur Delphine, mais ses garçons en sont évidemment les premiers destinataires : j'ai été très émue par le passage dans lequel Franz, qui sait sa mère malade et se passionne déjà pour l'aviation, réussit à la faire monter dans un petit avion pour lui montrer le ciel de plus près et la rassurer sur sa mort prochaine...
Malgré son titre, qui peut rebuter, ce livre est un véritable chant d'amour, qui va au-delà des incompréhensions entre voisins, entre époux, en famille. Louise Erdrich m'a convaincue, elle que l'éditeur compare déjà à "ses illustres aînés, Faulkner ou Toni Morrison". Merci à l'équipe de Chez les Filles et au Livre de Poche pour cette si belle découverte.
