9 mars 2010
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19:38
Lorsque Salinger est décédé, il y a maintenant un peu plus d'un mois, j'ai réalisé que je n'avais toujours pas lu L'Attrape-coeurs, son ouvrage devenu culte. Il était grand temps de remédier à cette lacune, et **Fleur**, Bettina et Cryssilda m'ont accompagnée dans cette lecture.

"Bon, vas-y, dis-nous plutôt de quoi ça parle !"
Holden Caulfield est pensionnaire à l'école de Pencey, mais il en est renvoyé à cause de ses résultats désastreux. Ses parents n'étant pas encore au courant, il décide de rentrer tranquilement chez lui et nous conte rétrospectivement son trajet de retour entre Pencey et New York. On assiste aux retrouvailles avec sa soeur Phoebe, à un rendez-vous galant avec son amie Sally Hayes et à quelques entretiens avec ses anciens professeurs.
Voilà un roman qui pourrait passer tout à fait inaperçu s'il ne contenait que les éléments du résumé que je vous ai donné ci-dessus. Pourtant, L'Attrape-coeurs ne raconte pas qu'un voyage et quelques entrevues. C'est le livre d'une errance, jumelée aux errances intérieures d'Holden, jeune homme désabusé et cynique.
Holden n'a rien de sympathique. Il n'aime rien, ni personne. Le sport, les films, sa bonne amie Sally, ses camarades de chambrée à Pencey, ses parents, tout l'ennuie, voire le dégoûte. Pourtant, désoeuvré, il ne peut qu'adopter ces activités pour passer le temps en attendant d'oser affronter la colère paternelle que causera forcément ce retour prématuré à la maison.
Son comportement finit d'ailleurs par lui faire horreur, au point que l'on se demande si les haut-le coeur qu'il ressent à la fin du livre ne sont justement pas causés par ce trop-plein du dégoût qu'il s'inspire.
Trop-plein me semble bien convenir : Holden est toujours dans l'excès. Grande gueule, prodigue, cynique à l'excès lorsqu'il raconte ce qu'il a vécu, au moment des faits il est couard, fainéant et timide...La fin en est une illustration parfaite. Personnage miné par la contradiction, Holden me semble osciller entre un idéal rêvé qu'il ne sera jamais et un état d'esprit instable qui ne peut le laisser s'épanouir. Dans son article, **Fleur** évoque l'idée que le personnage bascule dans une certaine forme de dépression : je trouve cette analyse judicieuse, et la rejoint sur ce point.
Si le fond m'a plu, j'ai pourtant du mal à considérer ce livre comme un chef-d'oeuvre : je crois que cela vient de la traduction avec laquelle je n'ai pas du tout accroché. Expressions datées, répétitions peu encourageantes, vocabulaire trop familier parfois : tous ces défauts, à mes yeux bien sûr, m'ont empêchée d'être à l'aise avec le texte et de me sentir proche d'Holden. Est-ce un problème inhérent à la traduction française, comme me l'a suggeré Dreamfromnowhere ? Je me le demande.
Voilà une lecture qui appartient d'abord au challenge 100 Ans de littérature américaine, mais pas que...



"Bon, vas-y, dis-nous plutôt de quoi ça parle !"
Holden Caulfield est pensionnaire à l'école de Pencey, mais il en est renvoyé à cause de ses résultats désastreux. Ses parents n'étant pas encore au courant, il décide de rentrer tranquilement chez lui et nous conte rétrospectivement son trajet de retour entre Pencey et New York. On assiste aux retrouvailles avec sa soeur Phoebe, à un rendez-vous galant avec son amie Sally Hayes et à quelques entretiens avec ses anciens professeurs.
Voilà un roman qui pourrait passer tout à fait inaperçu s'il ne contenait que les éléments du résumé que je vous ai donné ci-dessus. Pourtant, L'Attrape-coeurs ne raconte pas qu'un voyage et quelques entrevues. C'est le livre d'une errance, jumelée aux errances intérieures d'Holden, jeune homme désabusé et cynique.
Holden n'a rien de sympathique. Il n'aime rien, ni personne. Le sport, les films, sa bonne amie Sally, ses camarades de chambrée à Pencey, ses parents, tout l'ennuie, voire le dégoûte. Pourtant, désoeuvré, il ne peut qu'adopter ces activités pour passer le temps en attendant d'oser affronter la colère paternelle que causera forcément ce retour prématuré à la maison.
Son comportement finit d'ailleurs par lui faire horreur, au point que l'on se demande si les haut-le coeur qu'il ressent à la fin du livre ne sont justement pas causés par ce trop-plein du dégoût qu'il s'inspire.
Trop-plein me semble bien convenir : Holden est toujours dans l'excès. Grande gueule, prodigue, cynique à l'excès lorsqu'il raconte ce qu'il a vécu, au moment des faits il est couard, fainéant et timide...La fin en est une illustration parfaite. Personnage miné par la contradiction, Holden me semble osciller entre un idéal rêvé qu'il ne sera jamais et un état d'esprit instable qui ne peut le laisser s'épanouir. Dans son article, **Fleur** évoque l'idée que le personnage bascule dans une certaine forme de dépression : je trouve cette analyse judicieuse, et la rejoint sur ce point.
Si le fond m'a plu, j'ai pourtant du mal à considérer ce livre comme un chef-d'oeuvre : je crois que cela vient de la traduction avec laquelle je n'ai pas du tout accroché. Expressions datées, répétitions peu encourageantes, vocabulaire trop familier parfois : tous ces défauts, à mes yeux bien sûr, m'ont empêchée d'être à l'aise avec le texte et de me sentir proche d'Holden. Est-ce un problème inhérent à la traduction française, comme me l'a suggeré Dreamfromnowhere ? Je me le demande.
Voilà une lecture qui appartient d'abord au challenge 100 Ans de littérature américaine, mais pas que...


