C'est à l'occasion de la mort de son compagnon de route, amant et ami Robert Mapplethorpe, que Patti Smith décide de raconter les années qu'ils ont traversées ensemble, dans le Brooklyn des années 1960-1970.
Patti Smith, pour moi, n'était avant cette lecture que le nom lointain d'une chanteuse culte, certes, mais qui n'avait jamais été l'objet d'une attention particulière de ma part, contrairement à d'autres artistes de cette période. Pourtant, dès la sortie de cette autobiographie partielle, j'avais eu envie de la lire, plutôt pour l'aspect témoignage sur une période culturellement foisonnante que pour Patti Smith elle-même. C'est grâce à Emilie, du blog Douce Paresse, que j'ai pu moi aussi embarquer pour un retour dans le New York d'il y a cinquante ans déjà.
A cette époque, Patti n'est encore qu'une toute jeune femme, qui quitte ses parents pour gagner New York où elle espère vivre sa vie en étant artiste. C'est là qu'elle rencontre Robert Mapplethorpe, jeune éphèbe avec qui elle entame une vie de bohème, à deux. Si leur instinct créatif est d'ores et déjà présent, ils doivent pourtant multiplier les petits boulots alimentaires. Robert développe un goût pour le collage et la photographie, tandis que Patti ne se tournera que tardivement vers la chanson, après avoir écrit et lu des poèmes.
Les rencontres avec les grands de ce temps sont nombreuses et surprenantes, tant ces noms évoquent pour moi ceux de dieux vivants ; à l'époque pourtant, tous formaient à Brooklyn un microcosme accessible à ceux qui, comme Patti et Robert, se démenaient pour créer coûte que coûte. Ainsi, Patti Smith évoque la mémoire de Janis Joplin, Allen Ginsberg, Loulou de la Falaise...
Mais l'aspect de cette oeuvre qui m'a le plus touchée reste les liens très forts qui unissent jusqu'au bout Patti et Robert. Le livre s'ouvre et se clôt sur la mort de Robert, annoncée à Patti au téléphone. Lorsqu'elle finit d'évoquer leurs souvenirs communs, avant que leurs routes ne se séparent, on comprend toutefois que, sans être plus amants, ils n'en sont pas moins restés des amis très proches, de ceux que l'on n'a pas besoin d'appeler pour savoir qu'ils sont là pour nous.
Robert meurt du SIDA en 1989, et ses derniers jours sont racontés par Patti Smith avec pudeur mais tant d'amour que j'en ai versé une larme.
Just Kids se révèle être une belle preuve d'amour et d'amitié, émaillée d'excès mais toujours profonde, vraie et touchante.
Merci Emilie !