Catherine, étudiante en cinéma, partage sa vie sentimentale entre Jack, son petit ami militant politique, et Marcus, son prof de ciné sur lequel elle fantasme assidûment. Ainsi, quand Jack lui demande de faire une pause, Catherine, mortifiée, mise tout sur Marcus... Elle fait la connaissance d'Anna, qui lui raconte entretenir avec lui une liaison sexuelle fétichiste très particulière. Charmée par Anna, qu'elle juge libre et décomplexée, Catherine va commencer une chaude incursion dans un milieu très fermé, la Juliette society, au risque d'y laisser la vie.
La jolie couverture de Juliette society est bien loin de nous laisser présager ce qui se cache derrière. En revanche, le nom de Sasha Grey devrait faire tilter quelques amateurs éclairés : voilà un roman pornographique écrit par une star du porno qui, si elle a quitté le milieu à 21 ans, traîne derrière elle une image très sulfureuse. Si vous le désirez, des sites spécialisés vous renseigneront à son sujet...
Le roman tire son nom de l'héroïne de Sade, que l'on rencontre dans Les Prospérités du vice. D'ailleurs, si je ne suis jamais vraiment venue à bout d'un roman de Sade, perdue par les digressions philosophiques alors que je n'y cherchais que les scènes sexuelles, j'ai bien failli me noyer dans Juliette Society. Loin de moi l'idée de douter de l'intelligence de miss Grey, celle-ci gérant sans doute sa carrière de main de maître(sse), mais elle étale littéralement sa science dans un roman que l'on n'achète clairement pas pour cela : prenant le prétexte d'une étudiante en cinéma, le name-dropping peut commencer : Freud, Kinsey, Godard, Bunuel, Cassavetes, André Bazin, Orson Welles... J'en passe et des meilleures. Le livre entier est construit sur un réseau de références entre les personnages et ceux, mythiques, des chefs-d'oeuvre de la littérature ou du cinéma. C'est amusant au début, et très lassant à la fin.
Qu'en est-il du sexe, me demanderez-vous ? Là, l'auteur peut se targuer d'en connaître des kilomètres (sans mauvais jeu de mots). Scènes fétichistes, détours par les bas-fonds et les perversions les plus inavouables... Tout y est. Les passages évoquant des relations charnelles entre Catherine et Jack sont loin d'être soft.
Et pourtant ! Si, en effet, certaines scènes peuvent largement renvoyer au placard tous les Fifty Shades et leurs erzasts, il est éminement regrettable que les digressions reprennent sur le sujet ! Je dois avouer qu'un chapitre entier pour défendre le mot foutre plutôt que jute, ça me file la nausée...
Quant à l'intrigue, si je vous dis qu'elle est cousue de fil blanc, je n'étonnerai personne...
Merci toutefois au Livre de poche grâce auquel j'ai gagné ce livre à l'occasion d'un concours organisé sur Twitter !
Et regarde, public, j'ai même reçu une édition dédicacée !
Cet article est publié à l'occasion du Premier Mardi, c'est permis chez Stephie !