16 septembre 2009
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Moi qui ne me suis jamais très bien entendue avec la littérature de jeunesse, me voilà ravie de pouvoir fourrer mon nez dans un CDI lycéen. J'y ai trouvé une jolie pépite, chaudement recommandé par le maître des lieux, et que j'ai lu il y a quelques jours.

Avouez que la couverture est toute mignonne : des pieds de petite fille, chaussés de jolies sandales et entourés de papillons... Elle reflète exactement ce qu'on va trouver dans le livre : une petite fille qui marche dans ses rêves et se construit une vie de famille qui la satisfait plus que sa vie réelle...
"Bon, vas-y, dis-nous plutôt de quoi ça parle !"
Loulou a dix ans. C'est une petite fille plutôt silencieuse et bien plus avancée que les enfants de son âge. Un jour, sa maman l'emmène assister à l'hommage rendu par François Mitterrand à Jean Monnet lors du transferts des cendres de ce dernier au Panthéon. Et là, c'est la révélation : Loulou, subjuguée par le Président, est alors persuadée que Mitterand est son véritable père.
J'ai quasiment lu ce livre d'une traite : à peine 120 pages, ça me change de mes pavés du moment ! Mais, même s'il avait compté deux cents pages de plus du même acabit, j'aurais tout autant savouré sa lecture.
Quelle belle histoire... Au début, c'est assez amusant : voir Loulou se réjouir de ce nouveau père, lui trouver tout un tas de qualités qu'on n'aurait pas spontanément associées à ce papa qu'on appelle Tonton, ça m'a beaucoup plu. Mais, au fil des pages, on comprend la véritable teneur de la relation entre Loulou et son "vrai" père.
Ce père, qui n'a pas de nom, et qui prend parfois la place de Loulou en tant que narrateur, est à la fois pathétique, méprisable et touchant. Séparé de la mère de Loulou, il fréquente Suzanne, une femme de caractère qui mène la danse. Lui, que Loulou trouve si hautain, si fier, si loin d'elle, est littéralement dominé par cette Suzanne, phagocyté par son besoin de porter la culotte. Suzanne a l'air de bien plus compter pour lui que cette petite Loulou, qu'il trouve étrange et bien trop silencieuse.
Mais un jour, après une énième sortie père-fille qui tombe à plat, Loulou se retrouve paralysée des jambes, d'un coup. Elle doit passer un temps fou à l'hôpital et passe son temps à créer des collages de photos d'elle et Mitterrand. Son père, qui vient un jour la voir, doit l'attendre pendant des examens médicaux et découvre ce cahier de collages : au départ amusé, il est ensuite vexé, troublé, anéanti. Il écrit alors une lettre, grand cri d'amour pour Loulou, qui nous est donnée à la fin du livre.
Si le début est amusant, on rit moins ensuite : la petite Loulou, avec ses réflexions d'adulte, m'a paru en proie à une détresse profonde, qu'elle ne peut expliquer à sa mère, d'ailleurs presque absente, mais qu'elle évoque avec son amie Marilou, elle aussi en quête d'un nouvel idéal paternel. C'est une très jolie histoire de relation père-fille, bancale s'il en est, mais pourtant profonde et sincère. L'alternance de narrateurs est précieuse et permet de se confronter aux pensées de chacun d'eux. La paralysie de Loulou, qui l'empêche de se dérober à la rencontre avec son père, les aura finalement rapprochés et les aura fait se re-découvrir timidement, maladroitement, mais sûrement.
Merci, Elsa Flageul, pour ce premier roman (paru en janvier 2009) très joli et très réussi. Je m'étonne qu'il soit passé inaperçu chez vous !

Avouez que la couverture est toute mignonne : des pieds de petite fille, chaussés de jolies sandales et entourés de papillons... Elle reflète exactement ce qu'on va trouver dans le livre : une petite fille qui marche dans ses rêves et se construit une vie de famille qui la satisfait plus que sa vie réelle...
"Bon, vas-y, dis-nous plutôt de quoi ça parle !"
Loulou a dix ans. C'est une petite fille plutôt silencieuse et bien plus avancée que les enfants de son âge. Un jour, sa maman l'emmène assister à l'hommage rendu par François Mitterrand à Jean Monnet lors du transferts des cendres de ce dernier au Panthéon. Et là, c'est la révélation : Loulou, subjuguée par le Président, est alors persuadée que Mitterand est son véritable père.
J'ai quasiment lu ce livre d'une traite : à peine 120 pages, ça me change de mes pavés du moment ! Mais, même s'il avait compté deux cents pages de plus du même acabit, j'aurais tout autant savouré sa lecture.
Quelle belle histoire... Au début, c'est assez amusant : voir Loulou se réjouir de ce nouveau père, lui trouver tout un tas de qualités qu'on n'aurait pas spontanément associées à ce papa qu'on appelle Tonton, ça m'a beaucoup plu. Mais, au fil des pages, on comprend la véritable teneur de la relation entre Loulou et son "vrai" père.
Ce père, qui n'a pas de nom, et qui prend parfois la place de Loulou en tant que narrateur, est à la fois pathétique, méprisable et touchant. Séparé de la mère de Loulou, il fréquente Suzanne, une femme de caractère qui mène la danse. Lui, que Loulou trouve si hautain, si fier, si loin d'elle, est littéralement dominé par cette Suzanne, phagocyté par son besoin de porter la culotte. Suzanne a l'air de bien plus compter pour lui que cette petite Loulou, qu'il trouve étrange et bien trop silencieuse.
Mais un jour, après une énième sortie père-fille qui tombe à plat, Loulou se retrouve paralysée des jambes, d'un coup. Elle doit passer un temps fou à l'hôpital et passe son temps à créer des collages de photos d'elle et Mitterrand. Son père, qui vient un jour la voir, doit l'attendre pendant des examens médicaux et découvre ce cahier de collages : au départ amusé, il est ensuite vexé, troublé, anéanti. Il écrit alors une lettre, grand cri d'amour pour Loulou, qui nous est donnée à la fin du livre.
Si le début est amusant, on rit moins ensuite : la petite Loulou, avec ses réflexions d'adulte, m'a paru en proie à une détresse profonde, qu'elle ne peut expliquer à sa mère, d'ailleurs presque absente, mais qu'elle évoque avec son amie Marilou, elle aussi en quête d'un nouvel idéal paternel. C'est une très jolie histoire de relation père-fille, bancale s'il en est, mais pourtant profonde et sincère. L'alternance de narrateurs est précieuse et permet de se confronter aux pensées de chacun d'eux. La paralysie de Loulou, qui l'empêche de se dérober à la rencontre avec son père, les aura finalement rapprochés et les aura fait se re-découvrir timidement, maladroitement, mais sûrement.
Merci, Elsa Flageul, pour ce premier roman (paru en janvier 2009) très joli et très réussi. Je m'étonne qu'il soit passé inaperçu chez vous !