21 mars 2009
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12:32
Je n'ai pas eu besoin d'un temps fou pour lire ce titre : il a suffit d'un aller-retour en train sur mon lieu de travail pour que je le dévore littéralement... Cela faisait longtemps qu'un livre ne m'avait pas autant habitée, portée, plu.
"Bon, vas-y, dis-nous plutôt de quoi ça parle !"
Le livre traverse le temps, depuis les années 80 jusqu'aux années 90, et nous fait suivre le parcours de deux êtres à part, Alice et Mattia. Nous assistons tout d'abord à leur enfance, et plus particulièrement de l'événement de leur enfance qui va déterminer ce qu'ils deviendront plus tard. Pour Alice, c'est un accident de ski qui la laissera boiteuse toute sa vie. Pour Mattia, c'est la disparition de sa soeur jumelle handicapée mentale qu'il abandonne lui-même dans un parc.
Le ton est tout de suite donné...
Vient ensuite le temps de l'adolescence. Alice sympathise avec Viola, une lycéenne délurée et peu farouche. Mattia est un jeune garçon sombre, qui se scarifie les mains et semble enfermé dans un profond mutisme. Leurs routes se croisent au lycée...
Je n'ai pas l'habitude de citer des passages des livres que je lis, je fais une exception ici pour un passage qui m'a beaucoup touchée :
"Les autres furent les premiers à remarquer ce qu'Alice et Mattia ne comprirent qu'au bout de nombreuses années. Ils pénétrèrent dans la pièce main dans la main. Ils ne souriaient pas, leurs regards suivaient des trajectoires différentes, mais on aurait dit que leurs corps coulaient l'un dans l'autre à travers leurs bras et leurs jambes.
[...] Alice précédait d'un pas Mattia, dont la faible traction équilibrait sa démarche, effaçant les imperfections de sa jambe défectueuse. Le garçon se laissait transporter, et ses pieds ne produisaient pas de bruit sur le carrelage. Ses cicatrices étaient dissimulées et protégées par sa main à elle."
Il est temps d'expliquer le titre : Mattia fera des études de mathématiques : il est entre autres fasciné par les nombres premiers, et se demande si ces nombres à part (qui ne peuvent être divisés que par 1 et par eux-mêmes) n'auraient pas au fond préféré être des nombres comme les autres... Le sort des premiers jumeaux est encore plus triste : ce sont des couples de nombres premiers séparés par un chiffre pair et qui ne pourront jamais se retrouver, comme 11 et 13, 17 et 19... C'est ce que vivent Alice et Mattia, des êtres un peu particuliers, détachés de ce monde mais aussi éloignés l'un de l'autre...
Car on pourrait penser qu'une fois qu'ils se sont rencontrés, ils ne vont plus se quitter : c'est faux. C'est un livre que j'ai trouvé profondément triste et qui m'a énormément touchée : un homme et une femme qui s'aiment, se ressemblent mais n'arrivent pas à construire quelque chose ensemble et finissent par se rater, partir, se manquer dans tous les sens du terme. Un beau gâchis, en quelque sorte. Le personnage de Mattia est celui que j'ai trouvé le plus complexe et le plus triste en même temps.
Vous aurez compris que ce livre m'a transportée et m'a fait réfléchir.
Je remercie bien entendu Suzanne de Chez les filles et les éditions Seuil pour cette si belle découverte...
En tout cas, c'est réussi. Je sais d'ores et déjà que j'achèterai le prochain ouvrage de Giordano.
Et pour finir, une photo de l'auteur, qui ne gâche rien... N'est-ce pas, mesdames ?
Je sais que de nombreuses bloggeuses parmi vous ont lu et publié des articles sur ce livre. N'hésitez pas à laisser un lien vers votre article en commentaire !
"Bon, vas-y, dis-nous plutôt de quoi ça parle !"
Le livre traverse le temps, depuis les années 80 jusqu'aux années 90, et nous fait suivre le parcours de deux êtres à part, Alice et Mattia. Nous assistons tout d'abord à leur enfance, et plus particulièrement de l'événement de leur enfance qui va déterminer ce qu'ils deviendront plus tard. Pour Alice, c'est un accident de ski qui la laissera boiteuse toute sa vie. Pour Mattia, c'est la disparition de sa soeur jumelle handicapée mentale qu'il abandonne lui-même dans un parc.
Le ton est tout de suite donné...
Vient ensuite le temps de l'adolescence. Alice sympathise avec Viola, une lycéenne délurée et peu farouche. Mattia est un jeune garçon sombre, qui se scarifie les mains et semble enfermé dans un profond mutisme. Leurs routes se croisent au lycée...
Je n'ai pas l'habitude de citer des passages des livres que je lis, je fais une exception ici pour un passage qui m'a beaucoup touchée :
"Les autres furent les premiers à remarquer ce qu'Alice et Mattia ne comprirent qu'au bout de nombreuses années. Ils pénétrèrent dans la pièce main dans la main. Ils ne souriaient pas, leurs regards suivaient des trajectoires différentes, mais on aurait dit que leurs corps coulaient l'un dans l'autre à travers leurs bras et leurs jambes.
[...] Alice précédait d'un pas Mattia, dont la faible traction équilibrait sa démarche, effaçant les imperfections de sa jambe défectueuse. Le garçon se laissait transporter, et ses pieds ne produisaient pas de bruit sur le carrelage. Ses cicatrices étaient dissimulées et protégées par sa main à elle."
Il est temps d'expliquer le titre : Mattia fera des études de mathématiques : il est entre autres fasciné par les nombres premiers, et se demande si ces nombres à part (qui ne peuvent être divisés que par 1 et par eux-mêmes) n'auraient pas au fond préféré être des nombres comme les autres... Le sort des premiers jumeaux est encore plus triste : ce sont des couples de nombres premiers séparés par un chiffre pair et qui ne pourront jamais se retrouver, comme 11 et 13, 17 et 19... C'est ce que vivent Alice et Mattia, des êtres un peu particuliers, détachés de ce monde mais aussi éloignés l'un de l'autre...
Car on pourrait penser qu'une fois qu'ils se sont rencontrés, ils ne vont plus se quitter : c'est faux. C'est un livre que j'ai trouvé profondément triste et qui m'a énormément touchée : un homme et une femme qui s'aiment, se ressemblent mais n'arrivent pas à construire quelque chose ensemble et finissent par se rater, partir, se manquer dans tous les sens du terme. Un beau gâchis, en quelque sorte. Le personnage de Mattia est celui que j'ai trouvé le plus complexe et le plus triste en même temps.
Vous aurez compris que ce livre m'a transportée et m'a fait réfléchir.
Je remercie bien entendu Suzanne de Chez les filles et les éditions Seuil pour cette si belle découverte...
En tout cas, c'est réussi. Je sais d'ores et déjà que j'achèterai le prochain ouvrage de Giordano.
Et pour finir, une photo de l'auteur, qui ne gâche rien... N'est-ce pas, mesdames ?
Je sais que de nombreuses bloggeuses parmi vous ont lu et publié des articles sur ce livre. N'hésitez pas à laisser un lien vers votre article en commentaire !